Le Trochiscanthe nodiflore
[TN]
n°541 (2016-41)
mardi 25 octobre 2016
"Lettre hebdomadaire" du site "Rencontres
Sauvages"
explications sur le nom de cette
lettre : [ici]
ou [ici]
Si cette page ne s'affiche pas
correctement, cliquez [ici]
Pour regarder et écouter,
|
Bergeronnette grise, jeune Courvières (Haut-Doubs) dimanche 14 août 2016 Avec une Génisse... A la chasse... dimanche 14 août 2016 <image recadrée>
<image recadrée>
<image recadrée>
Au sol...
Bergeronnette
grise, adulteCourvières (Haut-Doubs) dimanche 14 août 2016 ça crin !... Sous les sabots... Courvières (Haut-Doubs) jeudi 25 août 2016 Bergeronnette grise, adulte Courvières (Haut-Doubs) vendredi 26 août 2016 Bergeronnette
grise, adulte
Courvières (Haut-Doubs) vendredi 26 août 2016
<image recadrée>
<image recadrée>
<image recadrée>
Bergeronnette
grise, adulteCourvières (Haut-Doubs) vendredi 26 août 2016 Bergeronnette
grise, entre jeune et adulte (!)
Courvières (Haut-Doubs) dimanche 28 août 2016 Bergeronnette
printanière (?!)
Courvières (Haut-Doubs) dimanche 28 août 2016 Bergeronnette
grise, adulte
Courvières (Haut-Doubs) dimanche 25 septembre 2016 <image recadrée>
<image recadrée>
Courvières
(Haut-Doubs)
Courvières
(Haut-Doubs)dimanche 25 septembre 2016 dimanche 25 septembre 2016 Dans l'herbe... <image recadrée>
VacheCourvières (Haut-Doubs) dimanche 9 octobre 2016 <image recadrée> Courvières (Haut-Doubs) dimanche 9 octobre 2016 <image recadrée>
|
|
mardi 20
septembre 2016 |
|||
|
mardi 25
août 2015 |
|||
|
mardi 12
août 2014 |
|||
|
mardi 3 septembre
2013 |
"Inflation onirique Maintenant que la librairie était ouverte depuis plusieurs semaines, Sara savourait vraiment les journées qu'elle y passait, mais c'était une forme mélancolique de plaisir. Elle avait pris l'habitude de laisser la porte entrouverte afin que l'air humide de l'automne se mêle au parfum des livres. Elle avait toujours pensé que l'air automnal et les livres allaient bien ensemble, que les uns comme les autres se mariaient bien avec des plaids, des fauteuils confortables et de grandes tasses de café ou de thé. Cela ne lui était jamais apparu plus clairement que dans sa propre librairie. Dans sa librairie et celle d'Amy. C'est cela qui la rendait triste. Elle pensait sans cesse à des choses qu'elle aurait dû lui demander. Elles avaient correspondu pendant presque deux ans, et pourtant il y avait tant de sujets que Sara avait oublié d'évoquer. Que lui avait-elle écrit, en réalité?
Elle essayait de s'abstenir de parler à Amy lorsqu'il y avait des clients dans le magasin, mais à l'approche du marché, la plupart des habitants de Broken Wheel semblaient avoir mieux à faire que de lui rendre visite. Elle était en train de préparer une nouvelle section. Elle était tentée de l'appeler RENCONTREZ LES AUTEURS et avait l'intention de commander d'autres biographies d'écrivains. Pour l'instant, elle en avait trois, mais elle pourrait également y placer des ouvrages relatifs aux livres, et c'était Hélène Hanff qui l'avait poussée à se demander ce qu'Amy pensait du fait de jeter des livres. Elle venait de poser 84, Charing Cross Road, qui était sans doute l'un des ouvrages les plus charmants jamais écrits sur les livres, même après la publication du Cercle littéraire des amateurs d'épluchures de patates. En Suède, la fantastique correspondance de l'Américaine à l'expression si libre Hélène Hanff avec un bouquiniste britannique guindé avait fait l'objet d'une nouvelle édition sous le titre Lettres à un libraire, agrémentée d'une suite presque aussi merveilleuse, La Duchesse de Bloomsbury Street, quand Hélène Hanff visitait enfin son Angleterre. Mlle Hanff ne comprenait pas les gens qui ne jetaient pas de livres. Même lorsqu'ils s'avéraient tellement mauvais qu'elle n'était pas sûre qu'il soit moralement défendable de les transmettre à un autre lecteur innocent. Elle se demandait ce qu'Amy en avait pensé. Dans la catégorie biographies d'écrivains, la collection d'Amy ne comptait qu'un ouvrage sur Jane Austen, un sur Charlotte Brontë et un roman relatif à la vie des soeurs Brontë. Le Goût du chagrin. Un titre bien choisi. Sara lâcha un soupir. Pour l'instant, cette section était bien maigre.
Elle espérait que les écrivains en concevaient du bonheur. Elle avait toujours imaginé que Jane pouvait du moins observer son environnement et se dire : « Je suis capable de créer un monde meilleur que celui-ci » ou « Tu es insupportablement ennuyeux et je ne peux peut-être rien dire sans être impolie, mais tu seras sévèrement puni dans mon prochain livre. » Et en même temps quel dommage de ne pouvoir rêvasser à M. Fitzwilliam Darcy (comment ce prénom lui était-il venu ? L'un des nombreux mystères insondables de l'histoire de la littérature), uniquement parce qu'on l'avait créé soi-même. Elle avait lu Orgueil et préjugés pour la première fois lorsqu'elle avait quatorze ans, et longtemps cela avait presque occulté à ses yeux les autres oeuvres de Jane Austen, oui, ainsi que les livres en général, voire les hommes réels. C'était un monde à l'ordre si parfait qu'on était forcément déçu d'en sortir. Les femmes les plus dures obtenaient les hommes les plus intéressants, celles un peu moins bonnes ceux un peu moins riches, etc. Après cette expérience de lecture, Edward Ferrars n'était pas assez riche et un peu trop confus, ne pouvait s'empêcher de penser Sara, même si elle n'était pas en position de juger qui que ce soit sur ce point. Bien sûr, l'écriture de Mansfield Park était d'une finesse enivrante, mais Sara avait du mal à pardonner à Edmund Bertram de ne pas succomber aux charmes de la bonne Fanny Price bien plus tôt, et surtout de le faire par faiblesse et lassitude. Désormais, elle les appréciait tous et trouvait que Persuasion, avec sa douce mélancolie, était presque aussi bon qu'Orgueil et Préjugés, mais cela lui avait demandé des années d'entraînement. De fait, elle n'avait même pas eu le bon sens de s'émouvoir du sort de Sandition, le dernier roman inachevé de Jane Austen, mais elle avait savouré en secret les cinquantes premières pages, écrites par Jane elle-même, et le reste du livre, débridé et légèrement invraisemblable, inventé par « une autre dame ».
Amy ne répondit pas et Sara saisit le roman sur les soeurs Brontë. Elle décida de ne pas le lire. Penser à elles était bien trop déprimant. Le plus grand rêve de Charlotte Brontë avait été une maison au bord de l'eau où elle puisse vivre avec ses soeurs et son frère, et peut-être continuer à écrire. De préférence sans avoir à enseigner et diriger une école dans la maison, mais ce n'était pas une exigence. Elle n'espérait pas plus, mais c'était quand même un rêve hors de portée, qu'il était presque ridicule d'envisager. Sara avait l'impression que désormais tous les gens rêvaient de mille choses possibles. Voyager, aimer, avoir une carrière merveilleuse et une famille heureuse et, en outre, rester tout le temps svelte, mignon, populaire et harmonieux.
Sara sursauta, se retourna, coupable, et découvrit Tom, un sourire amusé aux lèvres..."
Katarina
BIVALD - La Bibliothèque des coeurs
cabossés
|
|