Mardi 2 janvier 2007
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La migration des Fuligules Milouins
au mois de Novembre


Les Fuligules se reposent sur le lac.
Dimanche 5 novembre 2006
- Lac du Pont-Rouge, Vuillecin (Haut-Doubs)


Vol de Fuligules milouins.
Dimanche 19 novembre 2006
- Lac de Saint Point (Haut-Doubs)


Le matin, en contre-jour.
Dimanche 26 novembre 2006
- Lac du Pont-Rouge, Vuillecin (Haut-Doubs)


Beaucoup de vent, ce jour-là sur le lac !
Dimanche 3 décembre 2006
- Lac du Pont-Rouge, Vuillecin (Haut-Doubs)

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"A la fin d'août et en septembre, de petits groupes de ces Fuligules se montrent çà et là au passage, puis des troupes venant du nord-est s'installent un peu partout sur les lacs, dans le courant d'octobre. A la fin de ce mois et en novembre, le passage bat son plein : des milliers de Milouins se réunissent dans les lieux favorables. Enfin restent les hivernants qui se dispersent le long des rives et ne se déplacent pas beaucoup pendant quelques mois. Dans leurs troupes, les mâles à dos clair sont beaucoup plus nombreux que les femelles brunes, au moins en Europe centrale. Ces dernières passent probablement l'hiver plus au Sud, dans les régions méditerranéennes, où les Milouins sont très communs alors, de la Camargue à l'Afrique du Nord. L'origine de ces migrateurs doit être cherchée non seulement en Europe centrale et septentrionale, mais en Russie, jusqu'à l'Oural, d'après les reprises d'oiseaux bagués."
Paul GEROUDET - Les Palmipèdes.



Un petit texte (pour fêter la confluence entre 2006 et 2007!) :

"Ce qui m’étonnait le plus était l’infini mimétisme de la nature vierge. Ici rien ne répondait à son aspect ; il se créait un monde d’apparences qui cachait la réalité, qui remettait en question beaucoup de vérités. Les caïmans à l’affût dans les bas-fonds de la forêt inondée, immobiles, la gueule prête, ressemblaient à des troncs pourris, recouverts d’anatifs ; les lianes avaient l’air de reptiles, les serpents de lianes, quand leurs peaux n’avaient pas des nervures de bois précieux, des ocelles d’ailes de phalène, des écailles d’ananas ou des anneaux de corail ; les plantes aquatiques formaient le tissu serré d’un tapis touffu, cachaient l’eau qui coulait en dessous, prenaient l’aspect d’une végétation de terre ferme ; les écorces tombées prenaient tout à coup une consistance de laurier en saumure ; les champignons étaient des coulées de cuivre, des saupoudrages de soufre, près de l’aspect trompeur d’un caméléon un peu trop branche, un peu trop lapis-lazuli, un peu trop plomb strié d’un jaune intense, lequel simulait à présent des éclaboussures de soleil tombées à travers des feuilles qui ne laissaient jamais passer le soleil tout entier. La forêt vierge était le domaine du mensonge, du piège, du faux-semblant ; tout y était travesti, stratagème, jeu d’apparences, métamorphose. Domaine du lézard-concombre, de la châtaigne-hérisson, de la chrysalide-mille-pattes, de la larve à corps de carotte, du poisson-torpille, qui foudroyait au fond de la vase visqueuse. Lorsqu’on passait près des berges, la pénombre qui tombait de certaines voûtes végétales envoyait vers les pirogues des bouffées de fraîcheur. Mais il suffisait de s’arrêter quelques secondes pour que le soulagement que l’on ressentait se transformât en une insupportable démangeaison causée, eut-on dit, par des insectes. On avait l’impression qu’il y avait des fleurs partout ; mais les couleurs des fleurs étaient imitées presque toujours par des feuilles que l’on voyait sous des aspects divers de maturité ou de décrépitude. On avait l’impression qu’il y avait des fruits ; mais la rondeur, la maturité des fruits, étaient imités par des bulbes qui transpiraient, des velours puants, des vulves de plantes insectivores semblables à des pensées perlées de gouttes de sirops, des cactées tachetées qui dressaient à un empan du sol une tulipe en cire safranée. Et lorsqu’une orchidée apparaissait, tout en haut, au-dessus des bambous et des yopos, elle semblait aussi irréelle et inacessible que l’edelweiss alpestre au bord du plus vertigineux abîme. Mais il y avait aussi les arbres qui n’étaient pas verts, qui jalonnaient les bords de massifs couleur amarante, s’incendiaient avec des reflets jaunes de buisson ardent. Le ciel lui-même mentait parfois quand, inversant sa hauteur sur le mercure des lagunes, il s’enfonçait à des profondeurs insondables comme le firmament. Seuls les oiseaux étaient vrais, grâce à la claire identité de leur plumage. Les hérons ne trompaient pas, quand leur cou s’infléchissait en point d’interrogation ; ni quand, au cri du vigilant coq-héron, ils prenaient leur vol effrayé dans un frémissement de plumes blanches. Le martin-pêcheur à bonnet rouge ne trompait pas, si fragile et si petit dans ce terrible univers, que sa seule présence, de même que la prodigieuse vibration du colibri, prenait l’allure d’un miracle. Ils ne mentaient pas non plus, dans le pêle-mêle éternel des apparences et des simulacres, dans cette prolifération baroque de lianes, les joyeux singes hurleurs qui scandalisaient tout à coup le feuillage de leurs espiègleries, de leurs indécences, de leurs cajoleries de grands enfants à cinq mains. Et par-dessus tout cela, comme si l’univers stupéfiant d’en bas n’eût rien été, je découvrais un nouveau monde de nuages : nuages si différents des nôtres, si caractéristiques, si oubliés des hommes, engendrés par l’humidité des forêts immenses, gonflés d’eau comme les premiers chapitres de la genèse ; nuages qu’on dit d’un marbre usé, horizontaux à leur base, mais qui élevaient jusqu’à des hauteurs incroyables leurs formes immobiles, monumentales, semblables à la glaise où commencent à se dessiner les contours d’une amphore, aux premiers mouvements du tour du potier. Ces nuages, rarement unis entre eux, étaient arrêtés dans l’espace comme construits en plein ciel, semblables à eux-mêmes depuis les temps immémoriaux où ils avaient présidé la séparation des eaux et le mystère des premières confluences."

Alejo CARPENTIER - Le Partage des Eaux

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