Le Trochiscanthe nodiflore [TN] n°448 (2014-49)

mardi 23 décembre 2014

"Lettre hebdomadaire" du site "Rencontres Sauvages"
explications sur le nom de cette lettre : [ici] ou [ici]
Si cette page ne s'affiche pas correctement, cliquez [ici]


 
JS Bach - Toccata BWV 914
par Glenn Gould

Pour regarder et écouter,
cliquez sur la flèche au bas de l'image...



ou cliquez [ici]



Oiseaux de l'Automne
Haut-Doubs
septembre - octobre - novembre 2014


Grand Corbeau (en vol)
Mont d'Or (Haut-Doubs)

lundi 22 septembre 2014

Bruant sp.
Courvières (Haut-Doubs)

samedi 18 octobre 2014

Roitelet huppé
Bouverans (Haut-Doubs)

dimanche 26 octobre 2014

Trogodyte mignon
La Rivière-Drugeon (Haut-Doubs)
  dimanche 2 novembre 2014

Etourneaux sansonnets
La Rivière-Drugeon (Haut-Doubs)
dimanche 2 novembre 2014

Etourneaux sansonnets
Bouverans (Haut-Doubs)
dimanche 2 novembre 2014

Fauvette à tête noire (femelle)
Lac de Saint-Point (Haut-Doubs)
samedi 8 novembre 2014

Rouge-gorge familier
Lac de Saint-Point (Haut-Doubs)
samedi 8 novembre 2014

Pic épeiche
Lac de Saint-Point (Haut-Doubs)
samedi 8 novembre 2014

Mésange bleue
Lac de Saint-Point (Haut-Doubs)
samedi 8 novembre 2014

Rouge-gorge familier
Lac de Saint-Point (Haut-Doubs)
samedi 8 novembre 2014

Pie
Lac de Saint-Point (Haut-Doubs)
samedi 8 novembre 2014

Merle noir
Lac de Saint-Point (Haut-Doubs)
samedi 8 novembre 2014

Bouvreuil pivoine femelle
Lac de Saint-Point (Haut-Doubs)
samedi 8 novembre 2014

Merle noir
Lac de Saint-Point (Haut-Doubs)
samedi 8 novembre 2014

Bouvreuil pivoine mâle
Lac de Saint-Point (Haut-Doubs)
samedi 8 novembre 2014

Rouge-gorge familier
Lac de Saint-Point (Haut-Doubs)
samedi 8 novembre 2014


Mésange charbonnière
Bouverans (Haut-Doubs)
mardi 11 novembre 2014

Mésange noire
Bouverans (Haut-Doubs)
mardi 11 novembre 2014

Mésange noire
Bouverans (Haut-Doubs)
mardi 11 novembre 2014

Etourneaux sansonnet
Courvières (Haut-Doubs)
dimanche 16 novembre 2014

Etourneaux sansonnet (vol)
Courvières (Haut-Doubs)
dimanche 16 novembre 2014

Etourneaux sansonnet
Courvières (Haut-Doubs)
dimanche 16 novembre 2014


Etourneaux sansonnet
Courvières (Haut-Doubs)
dimanche 16 novembre 2014

Bec-croisé des sapins (mâle)
Bouverans (Haut-Doubs)
samedi 29 novembre 2014

Bec-croisé des sapins (mâle), en compagnie de moucherons (!)...
Bouverans (Haut-Doubs)
samedi 29 novembre 2014



Petit texte :

"

  1. La taille et la forme

Nous avons beau admirer la diversité des espèces animales et nous réjouir de leurs bizzareries, il faut cependant reconnaître qu'il existe des limites à la structure des organismes. Il est même facile de mettre en évidence des constantes dans les rapports de la taille et de la forme.

Les animaux sont des objets physiques. La sélection naturelle les modèle au mieux de leurs intérêts. En conséquence, ils doivent adopter la forme la mieux adaptée à leur taille. L'influence relative de certaines forces fondamentales (la pesanteur, par exemple) varie régulièrement en fonction de la taille, et les animaux réagissent en modifiant systématiquement leur forme.

La géométrie dans l'espace elle-même est une cause majeure de corrélation entre la taille et la forme. Du simple fait que sa taille augmentera, un objet verra sa surface relative diminuer, sans que sa forme change. Cette diminution survient parce que le volume augmente en fonction du cube de la longueur (longueur x longueur x longueur) alors que la surface n'augmente qu'en fonction de son carré (longueur x longueur). En d'autres termes, le volume augmente plus rapidement que la surface.

En quoi cela concerne-t-il les animaux ? Les fonctions qui dépendent de la surface doivent alimenter le corps tout entier. La nourriture digérée passe dans le corps au travers de surfaces ; l'oxygène est absorbé par l'intermédiaire de surface ; la résistance des os des jambes dépend de la surface de leur section – mais les jambes doivent supporter un corps dont le poids augmente du cube de sa longueur. Galilée fut le premier à mettre ce principe en évidence, en 1638, dans ses Discorsi, chef-d'oeuvre qu'il écrivit quand il fut consigné chez lui par l'Inquisition. Il y montre que les os des gros animaux doivent épaissir disproportionnellement pour parvenir à la même résistance relative que les os fins d'une créature de petite taille.

Lors de l'évolution progressive des animaux de grande taille et complexes, une solution a été trouvée au problème de la diminution relative de la surface : le développement d'organes internes. Les poumons sont essentiellement des sacs, aux circonvolutions multiples, qui permettent de créer la surface nécessaire à l'échange des gaz. Le système circulatoire irrigue, lui, un espace interne qu'il est impossible d'atteindre par diffusion directe au travers de la surface externe, chez les organismes de grande taille. Quant aux villosités de notre intestin grêle, elles augmentent la surface qui permet l'absorption de la nourriture (les petits mammifères n'en possèdent pas et n'en ont pas besoin).

D'autres animaux n'ont pas d'organes internes. S'ils grossissent, il leur faut changer complétement de forme, d'une manière si radicale que les possibilités d'évolution ultérieure sont sacrifiées à une spécialisation extrême. Ainsi, un ténia peut mesurer 6 mètres, mais sa largeur ne pourra excéder un centimètre parce que la nourriture et l'oxygène doivent pouvoir pénétrer directement à travers la surface externe et atteindre toutes les parties du corps.

D'autres animaux sont condamnés à rester petits. Les insectes respirent par des invaginations de la surface externe. L'oxygène doit passer à travers ces surfaces pour se répandre dans tout le corps. Puisque ces invaginations doivent être plus nombreuses et comporter davantage de circonvolutions en fonction de la taille du corps, elles imposent une limite à la croissance de l'insecte. Un insecte de la taille d'un mammifère, même petit, serait composé exclusivement d'invaginations et ils n'y aurait plus de place pour les organes internes.

Nous sommes prisonniers de notre taille, et nous imaginons rarement combien le monde doit sembler différent aux petits animaux. Notre surface est petite relativement à notre taille, laquelle nous assujettit à l'action de la pesanteur, déterminant notre poids. Mais la pesanteur est négligeable pour les animaux de très petite taille, qui ont une surface importante, proportionnellement à leur poids. Ils vivent dans un monde dominé par les tensions de surface, et apprécient les plaisirs et les dangers de leur environnement d'une manière qui nous est totalement étrangère.

Il n'y a rien d'extraordinaire à ce que les insectes puissent marcher sur un mur vertical ou à la surface de l'eau. La force de pesanteur, qui les tire vers le bas, est facilement compensée par des forces d'adhésion de surface. Si on jette un insecte d'une grande hauteur, il descend lentement, les forces de friction agissant à sa surface étant plus forte que la pesanteur.

La faiblesse relative des forces de pesanteur permet également un mode de croissance que les animaux plus gros ne pourraient pas se permettre. Les insectes ont un squelette externe et ne peuvent grandir qu'en s'en débarrassant pour en sécréter un nouveau, plus spacieux. Pendant la période de la mue, le corps n'est pas protégé. Un mammifère de grande taille, dépourvu de structures de soutien, deviendrait une masse informe sous l'influence de la pesanteur ; en revanche, un insecte de petite taille peut maintenir sa cohésion (les homards et les crabes qui sont apparentés aux insectes peuvent atteindre une plus grande taille parce qu'ils vivent dans l'eau au moment de la mue, bénéficiant ainsi d'une quasi-absence de poids grâce à la poussée d'Archimède). Nous avons là une autre explication de la petite taille des insectes.

Il semble que les scénaristes de films d'horreur et de science-fiction ignorent tout des rapports de la taille et de la forme. Ces « explorateurs du possible » ne peuvent pas se débarrasser des préjugés de leurs perceptions. Quand ils mettent en scène des héros minuscules, ceux-ci se comportent exactement, comme des individus de taille normale. Ils font du bruit lorsqu'ils tombent, manient l'épée et nagent avec une souplesse olympique. Les insectes gigantesques de trop nombreux films continuent de marcher sur des murs verticaux et de voler, même lorsqu'ils ont la dimension de dinosaures. Quand le gentil entomologiste de Them découvre que les reines de fourmis géantes ont entamé leur vol nuptial, il fait ce calcul rapide : une fourmi normale mesure moins d'un centimètre et peut voler plusieurs centaines de mètres ; ces fourmis mesurent plus d'un mètre : elles doivent donc être capables de voler plus de 1500 kilomètres. Elles pourraient même aller jusqu'à Los Angeles... où elles se trouvent effectivement, tapies dans les égouts ! Mais l'aptitude à voler dépend de la surface des ailes alors que le poids que celles-ci doivent soutenir augmente du cube de la longueur. On peut affirmer que, même si les fourmis géantes avaient résolu les problèmes de la respiration et de la croissance, leur masse seule les aurait définitivement clouées au sol.

D'autres caractéristiques essentielles des organismes changent plus rapidement encore, lorsque la taille augmente. L'énergie cinétique, dans certains cas, peut être égale à la longueur puissance cinq. Quand un enfant moitié moins grand que vous tombe, sa tête heurte le sol avec une énergie égale non à la moitié, mais à 1/32 de la vôtre dans la même chute. L'enfant est protégé plus par sa taille que par la « souplesse » de sa tête. En revanche, nous sommes à l'abri de ses accès de violence, car la force de frappe d'un enfant, elle aussi, égale qu'à 1/32 de celle que nous pouvons déployer. J'ai toujours eu beaucoup de sympathie pour les malheureux nains soumis au fouet du cruel Alberich, dans l'Or du Rhin, de Wagner. Etant donné leur taille minuscule, ils n'ont en effet aucune chance d'extraire, armés de pics, les métaux précieux exigés par leur maître..."

Stephen Jay Gould - Darwin et les grandes énigmes de la vie



Voir la liste des anciens numéros du"Trochiscanthe nodiflore" (les archives) : cliquez [ici]

Site internet : Rencontres sauvages

Me contacter : pascal@pascal-marguet.com

Calendrier 2014 : Pour le télécharger directement au format pdf (1400 ko), cliquez [ici]

 

Pour vous désinscrire, vous pouvez m'envoyer un e-mail (en répondant à ce message) avec pour objet "désinscription",

ou en cliquant

[ici]

Pour partager cette page sur "FaceBook", cliquez sur le bouton ci-dessous :



Rejoignez-moi sur "FaceBook" en cliquant sur le lien suivant :

[http://www.facebook.com/marguet.pascal]