Le Trochiscanthe nodiflore [TN] n°430 (2014-31)

mardi 12 août 2014

"Lettre hebdomadaire" du site "Rencontres Sauvages"
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Gustav Mahler - Symphonie n° 2
"Résurrection" - Final

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Bergeronnette grise

et autres oiseaux de l'été
Courvières (Haut-Doubs)
juin - juillet et août 2014


Bergeronnette grise adulte,
sur un tas de fumier
lundi 9 juin 2014

lundi 9 juin 2014

Corneille noire
lundi 9 juin 2014

La clôture
lundi 9 juin 2014

lundi 9 juin 2014

De face
lundi 9 juin 2014

Chardonneret élégant et Linotte mélodieuse (mâle)
  samedi 12 juillet 2014

Chardonneret élégant
samedi 12 juillet 2014

Pie-grièche écorcheur mâle
mardi 15 juillet 2014


mardi 15 juillet 2014

Bergeronnette grise adulte
mardi 15 juillet 2014



Tarier pâtre mâle
samedi 19 juillet 2014

Tarier pâtre mâle, de face
samedi 19 juillet 2014

Tarier pâtre mâle, à sa toilette
samedi 19 juillet 2014

Tarier pâtre mâle
samedi 19 juillet 2014
<image recadrée>

Bergeronnette grise, jeune
samedi 19 juillet 2014

Bergeronnette grise, jeune
samedi 19 juillet 2014
<image recadrée>

Deux Pies et une Corneille...
vendredi 25 juillet 2014

Bergeronnette grise adulte sur une allée du cimetière
samedi 26 juillet 2014

Jeune Linotte mélodieuse
samedi 26 juillet 2014

Linotte mélodieuse, mâle et un jeune
samedi 26 juillet 2014

Jeune Linotte mélodieuse,
sur le mur du cimetière

samedi 26 juillet 2014

Linotte mélodieuse mâle,
sous la pluie (!)

mardi 29 juillet 2014

Pipit sp. (des arbres ou farlouse ??)
  jeudi 31 juillet 2014

jeudi 31 juillet 2014
<image recadrée>


Serin cini mâle
jeudi 31 juillet 2014

<image recadrée>

Bergeronnette grise adulte,
sur le toit de mon garage
jeudi 31 juillet 2014

Bergeronnette grise adulte,
s'étirant.
jeudi 31 juillet 2014

Bergeronnette grise adulte,
sur le toit de mon garage
jeudi 31 juillet 2014
<image recadrée>

Corneille noire
vendredi 1er août 2014

Bergeronnette grise adulte
samedi 9 août 2014

Bergeronnette grise adulte,
s'ébrouant
samedi 9 août 2014

Bergeronnette grise adulte,
baîllant
Courvières (Haut-Doubs)
samedi 9 août 2014
<image recadrée>


Pour écouter un autre extrait
de la Symphonie n°2 de Gustav Mahler
cliquez sur l'image ci-dessous
(ou sur le [numéro])

[numéro 334]

Lever de la brume sur le Lac de Saint-Point, Haut-Doubs

Texte : L'Alchimiste - Paolo Coehlo

Musique : Symphonie n°2, Mov II - Gustav Mahler

Mardi 11
septembre 2012



Petit texte :

"A la fin de l'été, les forces se rassemblent. Je hais l'été, c'est la saison de l'oubli, ou du moins la saison où l'on fait semblant d'oublier. Chaque jour, la marée humaine remplit tous les coins, une eau trouble et clapotante qui s'infiltre dans les espaces vides, se ramifie, se décuple. Un moment, à six heures du matin, déjà grand jour, tout est désert, en suspens. Seules les pêcheuses d'ormeaux flottent au large. Quelques oiseaux. L'instant d'après, c'est l'invasion. Une éclosion d'insectes noirs. Ils courent dans tous les sens, leurs antennes aux aguets, leurs élytres écartés, ils nagents, ils roulent, parfois même ils volent, j'en ai vu : un homme attaché par des sangles qu'un bateau avait halé jusqu'à la plage, et le vent gonflait ses membranes flasques, l'entraînait à quatre pattes comme un monstrueux crabe multicolore. Je l'ai arrêté dans sa course. Il a tourné son visage rouge vers moi. Il s'est épousseté, et il m'a dit : « Spassiba ! » Quel mauvais vent l'a amené jusqu'ici ?

Le bruit et la chaleur me font fuir l'étroite chambre de l'hôtel près du port. Le taulier m'a loué une tente – un témoin des surplus d'après-guerre, me semble-t-il – et je suis allé m'installer de l'autre côté de l'île, là où il n'y a pas de plage, une côte de rochers noirs hérissés de griffes. J'y suis envahi de cafards de mer, mais je les préfère aux insectes humains. Mary disait que j'étais un éternel célibataire maniaque. Elle se moquait de moi : « Sissy, poussy ». Elle ne savait rien de ma vie. Elle ne parlait pas souvent d'elle-même. Une nuit, parce qu'elle chantait à tue-tête en marchant au bord de la mer, je lui ai dit que n'importe où ailleurs elle passerait pour une folle. Elle a cessé de chanter, elle a parlé avec amertume de la maison où on l'avait enfermée sur la recommandation d'un médecin ami de sa famille. Elle appelait ça : la Maison blanche. Parce que tout était blanc, les murs, les plafonds, les blouses des infirmiers et des toubibs, et même le teint des patients.

J'ai senti que je lui devais quelque chose. J'ai dit, sur un ton détaché : « Moi aussi, j'ai été enfermé. » Elle a dit : « Dans une Maison blanche, vous aussi ? » J'ai répondu : « Non, en prison. » N'importe qui aurait demandé : « Pourquoi on vous a mis en prison, qu'est-ce que vous aviez fait ? » Mary n'a pas posé de questions. Elle est restée silencieuse, et je n'ai pas continué. Je ne suis pas doué pour la confession.

Quand je ne vais pas à la pêche, je marche à travers l'île. A l'intérieur des terres, les touristes sont moins nombreux. Ils s'intéressent aux plages et aux fameux points de vue et pas du tout aux champs de patates et d'oignons. L'été, les sentiers sont brûlants. La terre sent une odeur acide, lourde. Derrière les haies s'abritent des vaches impassibles. Le soleil écorche les yeux. Je me souviens, avec Mary, nous dormions le jour et nous vivions la nuit. La maison que nous louions existe toujours, une cabane en parpaings et en planches avec un toit de tôle ondulée. Elle a été rachetée par un étranger, un architecte japonais à ce qu'on m'a dit. Il a de grands projets pour l'île, un hôtel quatre étoiles avec piste d'atterrissage pour les hélicos et spa d'eau de mer. Son idole, c'est l'architecte Tadao Andô, c'est tout dire. Grand bien lui fasse ! Mary et moi nous sortions au crépuscule, comme des vampires, quand le soleil se diluait dans la brume. Nous nagions dans le noir, en frissonnant quand les algues touchaient notre ventre. Une fois, dans la demi-lune, nous avons fait l'amour sur la plage, dans l'eau, en roulant à la manière des vaches marines. Cela s'est passé il y a très longtemps. Je croyais avoir oublié, mais quand je suis revenu ici, chaque seconde a recommencé.

Quand je suis arrivé dans l'île, après toutes ces années, je pensais que je ne resterais pas plus de deux ou trois jours. J'ai pris une chambre dans un petit hôtel du port, près du terminal des ferries, au-dessus des magasins qui louent les scooters et les vélos aux touristes. Le temps de vérifier qu'il n'y avait plus rien, le temps d'un ricanement ou d'un haussement d'épaules. Le premier jour je n'ai rien fait d'autre que d'observer le va-et-vient des bateaux, la foule qui descendait la coupée par la porte de débarquement, les autos et les vélos. La plupart des visiteurs étaient très jeunes, des couples d'amoureux, des groupes d'enfants. Je les ai regardés jusqu'à en avoir la nausée, un mal de tête lancinant. Que venaient-ils faire là ? De quel droit ? Qu'est-ce qu'ils espéraient ? Des prédateurs douceâtres, avec leurs anoraks de couleur vive, leurs baskets, leurs casquettes de base-ball, leurs lunettes de soleil. Connaissaient-ils quelque chos au danger qui rôde ici, aux esprits de la nuit, aux forces qui guettent du fond de la mer, tapies dans leurs crevasses ? Avaient-ils jamais vu de noyé ? Je les haïssais sérieusement. Je comptais leurs allées et venues, des centaines, des milliers. Tous identiques.

A la nuit, j'ai marché sur les routes, le long de la mer, de long en large. Les touristes avaient fui. Pourtant il me semblait que certains étaient restés, cachés derrière les broussailles, pour m'espionner. Il faisait froid, le vent soufflait avec la marée montante. Il n'y avait pas de lune, le ciel était pris par la vapeur, la mer était une masse obscure. Je marchais en titubant, les bras un peu écartés pour garder mon équilibre. Des chiens enchaînés aboyaient à mon passage. Dans une grange éteinte, une vache meuglait. Et d'un seul coup la mémoire m'est revenue. J'étais là, sur cette route, seul et aveugle, et j'étais à nouveau trente ans en arrière, avec Mary. Je marchais près d'elle, et brusquement je l'ai embrassée dans le coup, à la naissance des cheveux. Elle s'est écartée, un peu surprise je crois, et je l'ai retenue, et nous avons marché enlancés jusqu'à la plage, nous nous sommes assis dans le sable coriace. Nous avons écouté le bruit de la mer. C'était la première fois que nous nous embrassions.

Nous avons parlé une bonne partie de la nuit, avant de retourner à notre cabane. Cette nuit est restée en moi, et maintenant elle renaît comme si rien ne nous en séparait. C'était à la fois une douleur et un plaisir, c'était aiguisé, tranchant, violent. J'en ressentais de la nausée, du vertige. J'ai compris à cet instant que j'étais venu pour rester, rien à voir avec les insectes humains qui éclosent et meurent chaque jour. Je devais reprendre la suite logique de cette aventure, la disparition de Mary n'avait rien achevé. Je devais essayer de comprendre. Je devais aller au bout de l'amertume, au bout de la jouissance du malheur.

Alors j'ai gardé la chambre à l'hôtel, je me suis installé. Pour donner le change au patron, je lui ai acheté une canne à pêche, des hameçons, une boîte à appâts. J'ai loué sa tente. Les nuits où le vent faiblit, je m'installe sur la dune, au bord de la plage vide, non loin des toilettes en ciment. J'écoute la mer.

Les gens de l'île ne me disent rien. Ils ne m'ont pas accepté, mais ils ne me critiquent pas non plus. C'est l'avantage des lieux fréquentés par les marées de touristes. Le mot étranger n'y a plus vraiment de sens.

Personne ne se soucie de moi. Personne ne se souvient de moi. Personne n'a gardé le nom de Mary. C'était autrefois, dans un temps très ancien, mais ça n'est pas une raison. Ici, le vent de la mer efface tout, use tout. Des noyés, ici, il y en a eu par dizaines. Des femmes de la mer, plongées, étouffées, dérivant sur le fond avec leurs ceintures de plomb. Des accidents de décompression, des apnées, des crises cardiaques. Le vent souffle sur ces champs minuscules, geint à travers les murailles de lave à claire-voie. Je suis plongé dans un quête amère et vaine. Comment ces gens pourraient-ils comprendre ? Leur souci est la vie de chaque jour, au jour le jour, et ceux qui partent ne reviennent plus jamais. Ma passion me fait mal et me fait du bien en même temps. En termes médicaux on appelle ça une douleur exquise. C'était cela que les militaires me décrivaient, quand je les suivais, mon carnet de notes à la main. Ils ne parlaient pas de torture. Ils parlaient d'un jeu, une douleur répétée, lancinante, qui devient indispensable. Une douleur qu'il faut bien aimer, parce que, lorsqu'elle cesse, tout devient vide, et qu'il ne reste plus qu'à mourir..."

JMG Le Clézio - Tempête



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