Trochiscanthe nodiflore n°429 (2014-30)

Héron, Grèbe, Corneille et Cie...,
au bord de l'eau
Haut-Doubs
printemps 2014

Fuligule milouin
Lac de Saint-Point (Haut-Doubs)
samedi 12 avril 2014

Grèbe huppé
Lac de Saint-Point (Haut-Doubs)
samedi 12 avril 2014

Corneille noire à sa toilette
Lac de Saint-Point (Haut-Doubs)
samedi 12 avril 2014

Etirement
Lac de Saint-Point (Haut-Doubs)
samedi 12 avril 2014

Etirement et toilette, dans la brume
La Rivière-Drugeon (Haut-Doubs)
dimanche 20 avril 2014

La Rivière-Drugeon (Haut-Doubs)
dimanche 20 avril 2014

Bergeronnette grise
Lac de Saint-Point (Haut-Doubs)
samedi 10 mai 2014
<image recadrée>

Bergeronnette grise et son reflet
Lac de Saint-Point (Haut-Doubs)
samedi 10 mai 2014

Lac de Saint-Point (Haut-Doubs)
samedi 10 mai 2014

Grèbe huppé
Lac de Saint-Point (Haut-Doubs)
samedi 10 mai 2014

Fuligule milouin femelle au repos
Lac de Saint-Point (Haut-Doubs)
samedi 10 mai 2014

Héron cendré dans les roseaux
Lac de Saint-Point (Haut-Doubs)
samedi 10 mai 2014

Corneille noire, en contre-jour
Lac de Saint-Point (Haut-Doubs)
samedi 10 mai 2014

Corneille noire
Lac de Saint-Point (Haut-Doubs)
samedi 10 mai 2014

Lac de Saint-Point (Haut-Doubs)
samedi 10 mai 2014

Héron cendré, dans les joncs
(une forte bise soufflait ce jour-là !)
Pontarlier (Haut-Doubs)
samedi 17 mai 2014

Pontarlier (Haut-Doubs)
samedi 17 mai 2014

L'oeil du Héron
Pontarlier (Haut-Doubs)
samedi 17 mai 2014

Foulque macroule
La Rivière-Drugeon (Haut-Doubs)
samedi 17 mai 2014

Canards colverts mâles au repos
La Rivière-Drugeon (Haut-Doubs)
samedi 17 mai 2014

Grèbe huppé, sur un Entonnoir d'"huile"
Bouverans (Haut-Doubs)
samedi 24 mai 2014

Bouverans (Haut-Doubs)
samedi 24 mai 2014

Grèbe huppé
Lac de Saint-Point (Haut-Doubs)
dimanche 25 mai 2014

Bergeronnette grise
Lac de Saint-Point (Haut-Doubs)
dimanche 25 mai 2014

Lac de Saint-Point (Haut-Doubs)
dimanche 25 mai 2014

Héron cendré au repos
Pontarlier (Haut-Doubs)
vendredi 30 mai 2014

Reflet
Pontarlier (Haut-Doubs)
vendredi 30 mai 2014

Pontarlier (Haut-Doubs)
vendredi 30 mai 2014

"Voyez-le venir du fond de l'anse, volant presque au ras des hautes herbes, avec cette lenteur des familiers qui ont tout le temps devant eux. Il donne l'impression d'être un rentier un peu dégingand, battant de grandes ailes bringuebalantes, le cou replié en S,portant à l'extrémité de lui-même une lance de bois verni. A l'évidence le Grand Héron sait où il va. Il a repéré depuis longtemps la mare où finalement il se pose en ramenant à la verticale les longues échasses qu'il traînait sous lui et qui lui servent, en vol, de gouvernail. Maintenant qu'il est debout, on voit tout de suite à qui l'on a affaire : à un archer patient, à un pêcheur placide, qui aime travailler seul. L'aigrette noire qui flotte sur sa nuque est l'empennage d'une flèche dont le bec est la pointe implacable. L'arc, c'est le cou allongé et mobile ; c'est aussi tout le corps de ce grand oiseau au plumage bleuté.

Est-ce bien d'un oiseau qu'il s'agit ? A le voir si tendu, si concentré, on songe plutôt à quelque artiste devant sa page vierge. Il a tout vu de ce qui se cachait dans cette eau peu profonde. L'air de regarder ailleurs, l'air d'être dans les nuages et de prendre plaisir à sentir ses plumes dans le vent, il a deviné ce qui se tapit entre les lignes.

Avec lenteur il relève la grande patte aux ongles jaunes, la replace devant lui sans rien brouiller, il fait un autre pas, s'arrête, bande le cou vers l'arrière, il dirige son poinçon vers le lieu exact de la cible. Il attend. Il est fait pour attendre. Son être tout entier - une maigreur de muscles sous une enveloppe de plumes lâches - est constitué pour cette formidable tension. Puis, le moment venu, d'une détente fulgurante du corps, il fond sur le premier mot chargé de vie."

Pierre MORENCY - Lumière des oiseaux,

Pour voir un autre numéro du [TN], avec d'autres photographies d'un Héron
et le même texte, cliquez [ici]

Essorage
Lac de Saint-Point (Haut-Doubs)
dimanche 8 juin 2014

Lac de Saint-Point (Haut-Doubs)
dimanche 8 juin 2014

Rousserolle effarvate (?), cachée dans les roseaux
Lac de Saint-Point (Haut-Doubs)
dimanche 8 juin 2014

Rousserolle effarvate : elle se montre enfin !
Lac de Saint-Point (Haut-Doubs)
dimanche 8 juin 2014

Rousserolle effarvate, plus près...
Lac de Saint-Point (Haut-Doubs)
dimanche 8 juin 2014

Lac de Saint-Point (Haut-Doubs)
dimanche 8 juin 2014

Grèbe huppé, vu d'en haut
(on voit même ses pattes semi-palmées)
Lac de Saint-Point (Haut-Doubs)
dimanche 8 juin 2014

Cincle plongeur
Source bleue, Montperreux (Haut-Doubs)
dimanche 8 juin 2014

Pour lire un autre texte
d'Henning Mankell
cliquez sur l'image ci-dessous
(ou sur le [numéro])

Oiseaux du Printemps - La Rivière-Drugeon (Haut-Doubs)

Texte : Les Chaussures italiennes - Henning Mankell

Musique : Fred Pellerin - Tenir Debout

Petit texte :

"23

Le dimanche, les bonnes faisaient la grasse matinée à tour de rôle et le valet de ferme restait au lit une heure de plus que les autres jours. Daniel, lui, ne changeait rien à ses habitudes. Il se réveillait de bonne heure et s'habillait sans faire de bruit. En général, le valet ouvrait un oeil et lui demandait de tirer sur la couverture de la bonne, en espérant que sa chemise avait remonté pendant son sommeil. Daniel n'aimait pas ce garçon mais il n'osait pas s'opposer à lui.

La scène se répétait invariablement, quelle que soit la fille. Daniel ne comprenait pas l'intérêt qu'il pouvait y avoir à passer son temps libre à regarder les jambes des bonnes. Ce matin-là encore, il fit ce qu'on lui demandait et découvrit la fille. Au grand contentement du valet, la chemise était relevée jusqu'à la taille.

Il pleuvait et une brume épaisse flottait au-dessus des champs. Les oiseaux noirs perchés dans le bosquet étaient immobiles et silencieux. Alma remontait de l'eau du puits et Edvin, debout à côté d'elle, avait le regard perdu dans la brume. Une vache meuglait au loin. Les chaussures à la main, Daniel courut vers la chaleur de l'étable où une des bonnes était en train de traire. Un chat vint se frotter contre ses jambes. Il s'allongea dans le foin et s'y enfonça jusqu'à ce que seul son visage soit visible. Dans la nuit, il avait rêvé que Sanna l'appelait. Il était parti à sa recherche et s'était soudain retrouvé au bord du navire qui tanguait violemment, aux prises avec la tempête. Sanna avait grimpé en haut d'un mât d'où elle lui faisait des signes de la main. Il avait voulu la rejoindre mais quelqu'un l'avait brutalement attrapé par le cou pour le retenir. Il n'y avait pourtant personne derrière lui. C'était le vent qui lui avait bloqué le cou, de sa main invisible.

Daniel entendit le cheval donner des coups de pied dans le box à côté. Il se mit en boule dans le foin pour garder la chaleur de son corps et pour repenser tranquillement à son rêve. Le message était clair : il souhaitait s'approcher de Sanna mais quelque chose ou quelqu'un l'en empêchait.

On était dimanche. Cela signifiait donc que, tout à l'heure, tout le monde allait se préparer pour la messe. Le valet se peignerait avec de l'eau, les bonnes mettraient leurs plus beaux châles et ils partiraient tous ensemble au temple, Edvin et Alma en tête. Sur la route, ils rencontreraient d'autres personnes qui se rendaient au même endroit qu'eux et qui dévisageraient Daniel. Ils avait rangé ces gens dans trois catégories : ceux qui étaient curieux, ceux qui ne l'aimaient pas et ceux qui étaient jaloux de l'argent qu'Edvin touchait pour l'héberger.

Dans son homélie, Hallén utiliserait beacoup de mots que Daniel ne connaissait pas. Alma veillerait à ce qu'il ne s'endorme pas et à ce que les bonnes et le valet participent aux chants. Daniel regarderait l'homme cloué sur les deux planches et suspendu dans le choeur.

Cela faisait déjà deux fois qu'il rencontrait le pasteur, sans pour autant obtenir d'explications sur l'eau. Hallén posait toujours la même question, « A quoi penses-tu ? », et Daniel refusait de répondre de peur que Hallén ne le répète à Edvin. Daniel avait encore du mal à comprendre ce qui était interdit, bien que ce mot, comme Satan et autorisation, parût particulièrement important aux yeux de gens comme Hallèn, Edvin et Alma. Tout ce qui se passait entre l'aube et le crépuscule était soumis à l'autorisation et à l'interdiction. Il était interdit de marcher pieds nus quand la terre était blanche, de pisser n'importe où, surtout si quelqu'un vous voyait. Il y avait des règles pour tout et Daniel faisait des efforts pour les apprendre, même si elles n'avaient pas de sens pour lui.

Normalement, Sanna serait aussi au temple. Elle serait assise tout au fond et Daniel savait qu'Alma lui jetterait un regard désapprobateur s'il se retournait pour la voir. Au temple, il fallait regarder vers le bas ou devant soi, mais surtout pas derrière, c'était interdit.

Daniel se demanda avec inquiètude si l'homme avait enfermé Sanna. Il l'avait peut-être attachée, comme Père l'avait fait avec lui.

La bonne déplaça bruyamment les seaux pour traire la dernière vache. Elle chantait. Elle n'avait pas une belle voix mais Daniel l'aimait bien. Parfois, elle lui caressait la tête en riant, contrairement à l'autre bonne qui évitait de l'approcher et qui faisait de grands bonds si jamais il lui arrivait de le frôler.

Il sortit du foin et quitta l'étable sur la pointe des pieds. La cour était vide. Il courut vers le petit sentier et fut bientôt englouti par la brume épaisse qu'il tenta de saisir avec ses mains. L'humidité rendait les sons plus intenses. Daniel tourna lentement sur lui-même en tendant l'oreille dans l'espoir d'entendre des tambours. Il eut l'impression de percevoir un rire et le rugissement d'un fauve mais, quand il essaya de les localiser, ils se déplacèrent..."

Henning Mankell - Le Fils du vent