Le Trochiscanthe nodiflore [TN] n°407 (2014-08)

Mardi 4 mars 2014

"Lettre hebdomadaire" du site "Rencontres Sauvages"
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  JP Rameau -
Hyppolite et Aricie, acte 4 "A la chasse"

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Fin de l'hiver
Astugue (Hautes-Pyrénées),
ferme Berdoulets
  du 14 au 23 février 2014

Rougegorge chantant

A l'abri

Dans un Houx
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Grimpereau sp.

Rougegorge, sur un piquet



Bergeronnette des ruisseaux,
sur un tas de fumier...

Grimpereau sp.

Troglodyte mignon

Bergeronnette des ruisseaux,
à proximité d'Alex, la truie de la ferme...

Lézards des murailles

Troglodyte mignon,
sur le tas de fumier...

Mésange à longue queue,
dans un Houx



Milan royal

Mésange charbonnière

Rougegorge

Pouillot véloce (?)

Mésange bleue

Rougegorge et Pouillot
(sous la signature...)
<image recadrée>

Troglodyte mignon

Troglodyte mignon

Troglodyte mignon

Un blaireau est passé...
Il est venu fouiller dans le tas de fumier pour y dénicher quelques vers !



Petit texte :

"L'assemblée applaudit. Une petite dame, vêtue de ce qui ressemble à des doubles rideaux, fait son entrée sans un regard pour la foule. Tel un spectre glissant sur le pavage séculaire, elle gagne le piano sous les acclamations. Insensible au bruit, elle prend place devant le clavier. Au moment où elle lève ses mains pour commencer à jouer, le brouhaha s'estompe jusqu'à disparaître. Les premières notes s'élèvent. Debussy. Pas besoin de s'y connaître pour succomber au bonheur que la musique procure. C'est le propre de tout art. Il nous touche. Ses doigts courent, enchaînent, font naître la mélodie qui prend toute son ampleur dans l'espace de la nef. Nous sommes des centaines et pourtant rien ne vient troubler la magie qui nous emporte tous. Drôle d'espèce que les humains. Quand on songe à la somme de talent, de savoir-faire, de génie qu'il faut pour que l'on puisse entendre cette composition, jouée sur cet instrument, dans ce lieu par ce petit bout de femme... C'est vertigineux. Des siècles d'efforts et de passion pour que tous, assis, réunis, chacun perdu dans son propre ressenti, nous soyons ensemble, parcourus de frissons, émus. La musique me fait de l'effet.

Ric écoute mais semble contrarié. Impossible de lui demander, impossible de le toucher. Jusqu'à la dernière note d'Amanda, le public est tenu, porté, emporté. Je crois que je suis l'une des premières à me lever pour applaudir. J'ai bondi si vite que, l'espace d'un instant, je me suis dit que le morceau n'était pas terminé et que j'étais l'inculte, la barbare qui interrompait le prodige avec sa joie bruyante. Un cauchemar absolu d'une microseconde. Dieu merci, je n'ai été que la première et le morceau est bien achevé. La petite dame, la grande artiste, se retire sans même un regard. On lui pardonne. Ses doigt nous ont offert ce que ses yeux nous refusent.

Puis vient le tour des jeunes finalistes. Pas évident de passer après cette démonstration. Quatre pianistes et une flûtiste. J'avoue avoir une légère préférence pour le piano. La flûtiste ouvre les festivités. Du Vivaldi arrangé pour l'instrument. Les notes aiguës semblent pouvoir traverser les murs de pierre tant elles sont fines. Contre toute attente, j'ai aimé.

Le premier pianiste s'installe, il n'a que quatorze ans. Il choisit de jouer du jazz et il est vraiment doué. L'assistance est sous le charme. Le second, à peine plus vieux, propose Chopin avec une maîtrise remarquable. La troisième est une petite fille, Romane, qui joue très bien malgré quelques notes hésitantes. Les morceaux se suivent et ne se ressemblent pas. Lorsque la quatrième et dernière pianiste prend place, je n'en crois pas mes yeux. C'est l'une des filles du traiteur chinois. Elle s'appelle Lola. C'est la seule à saluer le public. L'après-midi est déjà bien avancé, tout le monde songe déjà à la remise des prix qui va suivre et à ce qu'il fera ensuite. Pourtant, au moment où Lola se lance, l'assistance s'immobilise soudain. Du Rachmaninov, réputé impossible à jouer pour une enfant de son âge. Le morceau est somptueux, mais ce qu'elle en fait est sublime. Elle module, elle habite, elle domine. Ses petites mains volent de touches en touches. Un pur moment de grâce. Elle n'a l'air ni sérieuse comme les deux garçons, ni compassée comme l'autre jeune fille. Elle semble heureuse. Elle pourrait jouer chez elle, elle pourrait jouer devant cent mille personnes, elle serait la même. Seule avec son piano et nous, témoins chanceux d'un jeune talent, subjugués par l'émotion qu'elle insuffle à son interprétation.

Lorsqu'elle a libéré ses derniers accords, elle a reçu plus d'applaudissements et de bravos qu'Amanda Bernstein elle-même. Le public était comme galvanisé par cette petite toute timide qui, après avoir salué s'est empressée de retourner se blottir auprès de ses parents..."

Gilles LEGARDINIER  - Demain j'arrête




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