Le Trochiscanthe nodiflore [TN] n°395 (2013-46)

mardi 3 décembre 2013

"Lettre hebdomadaire" du site "Rencontres Sauvages"
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Esprit d'Arménie
Jordi Savall - Hesperion XXI

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Terre natale

Haut-Doubs
septembre - octobre 2013


Colvert
 
La Rivière-Drugeon
(Haut-Doubs)

 
samedi 21 septembre 2013


La Rivière-Drugeon (Haut-Doubs)
samedi 21 septembre 2013

Colvert (cane)
La Rivière-Drugeon (Haut-Doubs)

samedi 21 septembre 2013

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Famille de Foulque macroule
La Rivière-Drugeon (Haut-Doubs)

samedi 21 septembre 2013
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La Rivière-Drugeon (Haut-Doubs)
dimanche 22 septembre 2013

Jeune Moineau domestique
Courvières (Haut-Doubs)

dimanche 22 septembre 2013


Courvières (Haut-Doubs)
dimanche 22 septembre 2013

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Courvières (Haut-Doubs)
dimanche 22 septembre 2013

Entre ombre et lumière
Courvières (Haut-Doubs)

dimanche 22 septembre 2013

Bande de Moineaux
Courvières (Haut-Doubs)
dimanche 22 septembre 2013

Moineau femelle et Triteleia koningin
Courvières (Haut-Doubs)

dimanche 22 septembre 2013

Courvières (Haut-Doubs)
dimanche 22 septembre 2013

Rougequeue noir mâle
Mont d'Or (Haut-Doubs)

  samedi 26 octobre 2013

Grand Corbeau (en vol)
Mont d'Or (Haut-Doubs)

  samedi 26 octobre 2013

Mont d'Or (Haut-Doubs)
  samedi 26 octobre 2013


Bouvreuil pivoine femelle
Mont d'Or (Haut-Doubs)

samedi 26 octobre 2013

Rougequeue noir femelle
Mont d'Or (Haut-Doubs)

samedi 26 octobre 2013

Mont d'Or (Haut-Doubs)
samedi 26 octobre 2013

Mâle
Mont d'Or (Haut-Doubs)
samedi 26 octobre 2013

Mont d'Or (Haut-Doubs)
samedi 26 octobre 2013
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Mont d'Or (Haut-Doubs)

samedi 26 octobre 2013

Mont d'Or (Haut-Doubs)
samedi 26 octobre 2013

De dos
Mont d'Or (Haut-Doubs)

samedi 26 octobre 2013



Petit texte :

"

Terre natale

  1. Une nuit

La route et le paysage semblaient vouloir devenir maternels à mon corps lassé par une étape de cinq ou six lieues à travers ces campagnes natales que j'avais quittées tout enfant. La pente abrupte diminuait graduellement, et les contours, qui avaient jadis paru immense à mes yeux d'enfant, n'étaient plus pour l'homme étonné d'aujourd'hui que les flexuosités gracieuses d'un chemin capricant entre les haies de groseilliers sauvages, de prunelliers, d'églantiers et d'aubépines.

Ces haies vives, que l'on ne taillait que de loin en loin, au hasard des caprices municipaux, lançaient, sur le chemin, des jets de verdure, d'où pendaient les baies rouges des églantiers, les balles violettes des prunelles.

Telles je les avais vues jadis, telles elles étaient encore et mes souvenirs d'enfants m'agrippaient, autant que leurs épines, à chaque murger accroupi à l'ombre de leurs branches, toujours au même endroit, pour un illusoire empierrement du chemin.

Ma marche devenait de plus en plus lente, au fur et à mesure que j'approchais du but de mon voyage. Tant de choses me retenaient ou me retardaient : la fatigue physique, l'appréhension de ne plus retrouver, tel que je l'avais connu, ce petit coin de terre où tenait tout mon coeur, toutes les émotions qui étaient en moi restées vierges, et point mélangées, point salies par d'autres préoccupations, serviles ou mesquines ; la nuée des souvenirs qui semblaient jaillir de ces haies au crépuscule, comme une volée de hannetons au printemps, et qui sollicitaient, arrêtaient mon esprit en même temps que mes pas, et enfin ce calme de la nature, ce pur silence à peine égratigné par un crépitement d'insectes, la chute d'un fruit, ou, au loin, les sonnailles argentines d'un troupeau rentrant.

Cinq cents mètres à peine me restaient à franchir pour gagner les premières maisons, pour voir cette vieille mare au bord du chemin où j'avais jadis écouté le chant cristallin des crapauds, visé des rainettes à coups de pierre, et failli m'enliser, en voulant cueillir, un matin de juin, quelque fleur d'eau dressant son plumet guerrier au-dessus de l'armée verte des roseaux. Puis l'entrée, la maison paternelle où je ne logerais plus, quelques vieilles maisons d'amis qui vivaient peut-être encore et qui m'avaient oublié, la chambre d'auberge, de l'auberge qu'on avait, sans doute, ouverte, et qui n'existait pas du temps que j'étais écolier. Une soirée avec des inconnus ! L'ennui, l'angoisse presque de me familiariser avec les êtres et les choses !

Et comme la terre était maternelle, que l'atmosphère était douce, que le ciel était pur, où brillaient les astres familiers, et que ces choses qui semblaient me reconnaître et me tendre les bras me faisaient un accueil si simple et si touchant, je me rendis à l'invite de la franchise de cette terre natale. Sur le gazon, derrière la haie qui bordait le chemin, sous la frondaison roussie d'un grand chêne que j'avais escaladé jadis, j'étendis mes membres fatigués. Mon sac sous la tête, mon manteau sur les jambes, grisé de parfums, étourdi de souvenirs, je fermai mes yeux sur ce calme solennel et presque religieux, et je dormis là la plus délicieuse nuit de ma vie.

  1. Réveil

La fraîcheur du vent matinal détacha comme une ondée de feuilles mortes du giron du chêne sous lequel je reposais, et quelques-unes, dans leur chute oblique effleurant ma face, m'éveillèrent avec autant de discrétion et de volupté qu'en eût souhaité Montaigne, étirant sa paresse aux harmonies lointaines et atténuées d'un cor.

La pénombre était transparente, le silence planait encore comme une résille insaisissable à force d'être ténue, traversé par la lance acérée du chant des pinsons, mordillé par les petits cris d'une bande de chardonnerets, ondulant de buisson en buisson, et le paysage, comme une proie, semblait léché à l'orient par les langues rouges de l'aurore naissante.

Derrière ma haie, à travers les lézardes de verdure produites par les feuilles prématurément tombées, j'apercevais le chemin raboteux bordé de deux bandes étroites de gazon roussi, et dont le geste énergique était comme un commandement de reprendre ma route.

J'écoutai :

Le village était sans doute encore endormi. Seul, le premier chant des coqs, prisonniers dans l'étable, alternant leurs versets comme les litanies joyeuses de l'aurore, me parvenait à peine.

Et je songeai que jadis ma grand-mère se levait avant le jour pour préparer le lécher des vaches qu'elle allait traire avant le réveil de la maisonnée. Je me souvenais plus particulièrement de son pas léger dans le poële*, derrière les fenêtres closes de rideaux blancs, un matin d'automne, de la clarté discrète de la chandelle à huile clairant sur le coin du dressoir, et de la quiétude, la paix, la douceur qui, comme des langes de bonheur, emmaillotaient toute cette maison.

Peut-être encore enjourd'hui, si j'arrivais au village à cette heure matinale, apercevrais-je, à travers la fente des rideaux ou la faille d'un seuil, le rayon filtré de la lampe qu'une vigilante fermière aurait allumée comme jadis, et que je ressaisirais là, toute fraîche et neuve, une des mes plus saines émotions d'antan.

Ceci me décida. D'un bond je fus debout, et le chemin derechef résonna sous mon pas décidé.

  1. La Moraie**

J'eus toujours de l'amour pour les choses ailées, disait, ou plutôt écrivait, Victor Hugo ; je suis un peu dans ce cas ; ma sympathie va même aux bêtes à quatres pattes ; mais elle va surtout aux sources claires et fraîches qui ruissellent un peu partout en Comté et font de notre pays, je puis le dire ici sans être accusé de chauvinisme, le plus beau que je connaisse.Ces ruisseaux charmants qui sourdent de terre dans des nids de grâce et de fraîcheur, coulent amoureusement et sans bruit, se vêtent de feuillage et de mystère, auprès desquels la Vouivre s'est penchée selon le rite légendaire pour s'y desaltérer et entretenir sa sveltesse robuste de serpent ailé, et puis vont se perdre un peu plus loin en silence, m'ont toujours ému d'une émotion candide et profonde..."

*poële : pièce principale de toutes les maisons rustiques de Franche-Comté. Elle servait de salle de réunion pour les longues veillées d'hiver, de salle à manger pour les repas des jours de fête et de chambre à coucher.

    ** moraie : Nom d'une petite propriété située à Belmont (Doubs) que Louis Pergaud avait hérité de ses parents.

Louis Pergaud - Terre natale (ébauche)



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