Le Trochiscanthe nodiflore [TN] n°393 (2013-44)

mardi 19 novembre 2013

"Lettre hebdomadaire" du site "Rencontres Sauvages"
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King Arthur (Passacaglia "How happy the lover") - Henry Purcell

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Automne 

 
Astugue, ferme Berdoulets (Hautes-Pyrénées)
du 11 au 20 octobre 2013


Toiles


Chêne

Troupeau

Brebis (et sa cloche)

Linaire

Nuages

Châtaigneraie (avant la récolte)

Nuages II

Châtaignes

Brunelle


Scabieuse

Vol de moucherons


Portrait d'une Abondance

Ronce

Pito

Tremble

Lune

Orbitèle

Fougère

Pissenlit

Rosée sur une feuille d'Eglantier

Lézard des murailles mâle

Troglodyte mignon

Chèvres et bouc

Devant le Pic du Midi de Bigorre

Lépiote élevée I (ou Coulemelle)

Le Soufré mâle - Colias hyale

Le Bronzé ou Cuivré commun mâle - Lycaena phlaeas

Campanule

Vol de Cormorans

Lépiote élevée II


Vache (Abondance)

Lézard des murailles II



Petit texte :

« Et tu me redevroies dire

Quies hom tu es, et que tu quiers

Je sui, fet il, uns chevaliers

Qui quier ce que trover ne puis ;

Assez ai quis, et rien ne truis. »

et la traduction en français moderne :

"« - Mais toi à ton tour, dis moi donc quelle espèce d’homme tu es et ce que tu cherches.

- Je suis, comme tu vois, un chevalier qui cherche sans pouvoir trouver ; ma quête a été longue et elle est restée vaine.

- Et que voudrais-tu trouver ?

- L’aventure, pour éprouver ma vaillance et mon courage. Je te demande donc et te prie instamment de m’indiquer, si tu en connais, quelque aventure et quelque prodige.

- Pour cela, dit-il, il faudra t’en passer : je ne connais rien en fait d’aventure et jamais je n’en n’ai entendu parler. Mais si tu voulais aller près d’ici jusqu’à une fontaine, tu n’en reviendrais pas sans peine, à moins de lui rendre son dû. A deux pas tu trouveras tout de suite un sentier qui t’y mènera. Va tout droit devant toi, si tu ne veux pas gaspiller tes pas car tu pourrais vite t’égarer : il ne manque pas d’autres chemins. Tu verras la fontaine qui bouillonne, bien qu’elle soit plus froide que le marbre, et l’ombrage du plus bel arbre que Nature ait pu créer. En tout temps persiste son feuillage car nul hiver ne l’en peut priver. Il y pend un bassin de fer, au bout d’une chaîne si longue qu’elle descend jusque dans la fontaine. Près de la fontaine tu trouveras un bloc de pierre, de quel aspect tu le verras ; je ne saurais te le décrire, car jamais je n’en vis de tel ; et, de l’autre côté, une chapelle, petite mais très belle. Si avec le bassin tu veux prendre de l’eau et la répandre sur la pierre, alors tu verras une telle tempête que dans ce bois ne restera nulle bête, chevreuil ni cerf, ni daim ni sanglier, même les oiseaux s’en échapperont ; car tu verras tomber la foudre, les arbres se briser, la pluie s’abattre, mêlée de tonnerre et d’éclairs, avec une telle violence que, si tu peux y échapper sans grands dommage ni peine, tu auras meilleures chance que nul chevalier qui y soit jamais allé. »

Je quittai le vilain dès qu'il m'eut indiqué le chemin. Peut-être était-il tierce passée et l'on pouvait approcher de midi lorsque j'aperçus l'arbre et la fontaine. Je sais bien, quant à l'arbre, que c'était le plus beau pin qui jamais eût grandi sur terre. À mon avis, jamais il n’eût plu assez fort pour qu'une seule goutte d'eau le traversât, mais dessus glissait la pluie tout entière. À l'arbre je vis pendre le bassin, il était de l'or le plus fin qui ait encore jamais été à vendre en nulle foire. Quant à la fontaine, vous pouvez m'en croire, elle bouillonnait comme de l'eau chaude. La pierre était d'une seule émeraude, évidée comme un vase, soutenue par quatre rubis plus flamboyants et plus vermeils que n'est le matin au soleil quand il paraît à l'orient ; sur ma conscience, je ne vous mens pas d'un seul mot. Je décidai de voir le prodige de la tempête et de l'orage et je fis là une folie : j'y aurais renoncé volontiers, si j'avais pu, dès l'instant même où, avec l'eau du bassin, j'eus arrosé la pierre creusée. Mais j'en versai trop, je le crains ; car alors je vis dans le ciel de telles déchirures que de plus de quatorze points les éclairs me frappaient les yeux et les nuées, tout pêle-mêle, jetaient pluie, neige et grêle. La tempête était si terrible et si violente que cent fois je crus être tué par la foudre qui tombait autour de moi et par les arbres qui se brisaient."

Chrétien de Troye - Yvain ou le chevalier au lion



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