, Le Trochiscanthe nodiflore [TN] n°355 (2013-06)

Mardi 5 février 2013

"Lettre hebdomadaire" du site "Rencontres Sauvages"
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  Djivan Gasparyan -
Sayat Nova

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La musique pour "Duduk" (ou Doudouk : sorte de Hautbois en bois d'abricotier) originaire d'Arménie est classée au patrimoine culturel immatériel de l'humanité.

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Derniers travaux dans la ferme de Courvières :

Installation d'un parquet en Chêne dans le séjour...



Cygne et Foulque en hiver
 
La Rivière-Drugeon (Haut-Doubs)
  décembre 2012 et janvier 2013

Foulque macroule
samedi 1er décembre 2012

samedi 1er décembre 2012

samedi 1er décembre 2012

Plume de Cygne tuberculé
samedi 1er décembre 2012

samedi 1er décembre 2012

Couple de Cygne tuberculé, Foulque macroule et Canard colvert
samedi 1er décembre 2012

samedi 1er décembre 2012

samedi 1er décembre 2012

samedi 1er décembre 2012

Couple de Canard colvert au repos
samedi 1er décembre 2012

samedi 1er décembre 2012


samedi 29 décembre 2012


Dans la neige et la brume !
samedi 12 janvier 2013

samedi 12 janvier 2013

Cygne tuberculé à sa toilette (il fait -10°c !)
samedi 12 janvier 2013

Contorsions !
samedi 12 janvier 2013

samedi 12 janvier 2013

samedi 12 janvier 2013

samedi 12 janvier 2013



samedi 12 janvier 2013

samedi 12 janvier 2013

samedi 12 janvier 2013

samedi 12 janvier 2013

samedi 12 janvier 2013

samedi 12 janvier 2013

samedi 12 janvier 2013



samedi 12 janvier 2013



samedi 12 janvier 2013



samedi 12 janvier 2013



Etirements
samedi 12 janvier 2013

Pas de [TN] la semaine prochaine : je suis en congé chez mon frère,
dans les Pyrénées :

bonne semaine à tous !


Petit texte :


"À l’aube, les postes de vigies des trois mâts furent ponctuellement occupés à nouveau.

La voyez-vous ? cria Achab, après avoir laissé à la lumière un moment pour se répandre.

On ne voit rien, sir.

Tout le monde sur le pont et toute la toile dessus ! Elle va plus vite que je ne l’aurais cru… les cacatois ! oui, on aurait dû les laisser toute la nuit. Mais tant pis, ce n’est qu’un repos avant la ruée.

Soit dit en passant, cette poursuite opiniâtre d’une baleine particulière, poursuivie de l’aube à la nuit et de la nuit à l’aube, n’est à aucun degré insolite dans la pêcherie des mers du Sud. Car telle est l’étonnante compétence, la prescience fondée sur l’expérience, la confiance invincible acquises par certains capitaines nantuckais aux aptitudes exceptionnelles que sur la simple observation du comportement d’une baleine au dernier moment où elle a été vue, ils peuvent, dans des circonstances données, prédire avec assez de précision à la fois la direction qu’elle adoptera momentanément et sa vitesse probable. En ces cas-là, comme un pilote, sur le point de perdre de vue une côte familière qu’il veut retoucher en un point plus éloigné, restera près de son compas, prendra le relevé du cap actuellement en vue afin d’atteindre plus sûrement celui qu’il ne voit pas encore, ainsi fait le pêcheur avec la baleine car, après l’avoir chassée et assidûment repérée pendant plusieurs heures de jour, lorsque la nuit vient à la cacher, son sillage à venir dans l’obscurité est presque tracé pour l’esprit perspicace du chasseur, tout comme la côte dans celui du pilote. L’habileté surprenante du chasseur fait ainsi mentir le proverbe voulant que soit évanescent ce qui est écrit sur de l’eau, et il se fie à un sillage aussi sûrement qu’à la terre ferme. Et comme les hommes, montre en main, suivent à chaque pas la vitesse du léviathan de fer des trains modernes, à la façon dont les médecins prennent le pouls d’un bébé et disent légèrement : « le train qui vient ou qui part arrivera à tel endroit à telle heure », de même ces Nantuckais mesurent la vitesse du léviathan des profondeurs en l’accordant à celle qu’ils ont observée et se disent que dans tant d’heures, il aura parcouru deux cents milles et atteint tel ou tel degré de latitude ou de longitude. Pour qu’une telle précision soit en fin de compte utile, il faut que le vent et la mer se fassent les alliés du baleinier car à quoi sert au marin encalminé ou retenu par des vents contraires de savoir qu’il se trouve à trois lieues un quart du port ? Tant les impondérables entrent en ligne de compte dans la chasse à la baleine.

Le navire filait, laissant un sillon pareil à celui qu’un boulet de canon perdu creuse dans un champ plat.

Par le sel et le chanvre ! s’écria Stubb, cette vitesse vous monte du pont dans les jambes et vous fait tinter le cœur. Ce bateau et moi nous sommes deux gars courageux ! Ha ! Ha ! Que quelqu’un me jette sur le dos à la mer car, par tous les chênes, mon échine est une quille. Ha ! Ha ! Nous filons à l’allure qui ne soulève pas de poussière !

La voilà qui souffle… elle souffle !… elle souffle !… droit devant ! fut le cri qui tomba du sommet du mât.

Oui, oui, dit Stubb, je le savais… tu n’échapperas pas… souffle toujours, crève-toi l’évent, ô Baleine ! le diable enragé en personne est à tes trousses ! Fais-toi sauter le cornet… Gonfle tes poumons ! Achab arrêtera le cours de ton sang comme le meunier qui ferme la vanne de l’eau du moulin !

Et Stubb n’était que le porte-parole de presque tout l’équipage. La frénésie de la chasse les avait pour lors travaillés jusqu’à l’effervescence comme le renouveau un vin vieux. Quelles qu’eussent été leurs appréhensions indéfinies et leurs pressentiments, ceux-ci ne se manifestaient pas en raison de la terreur respectueuse accrue qu’inspirait Achab et parce qu’ils étaient mis en déroute, tels des lièvres craintifs de la prairie devant la charge du bison. La main du Destin avait dérobé leur âme. Les dangers de la veille les avaient attisés, la tension de la nuit précédente leur avait tordu les nerfs, la façon téméraire, aveugle dont leur navire fou poursuivait à corps perdu sa proie fuyante, tout contribuait à faire de leurs cœurs la boule d’un jeu de quilles. Le vent qui gonflait leurs voiles ventrues et dont les bras invisibles poussaient irrésistiblement le navire paraissait le symbole tangible de la volonté inconnue qui les asservissait à cette course.

Ils n’étaient qu’un seul homme et non trente. Tout comme le navire unique, qui les portait tous, alliait : chêne, érable, pin, fer, goudron et chanvre, pour ne former qu’une seule coque taillant sa route équilibrée et dirigée par la longue quille centrale, les particularités des hommes, la vaillance de l’un, la crainte de l’autre, l’offense de l’un, la culpabilité de l’autre, fusionnaient dans l’unité et les menait tous vers le but fatal vers lequel tendait Achab, à la fois leur seul seigneur et leur quille.

Le gréement vivait. Bras et jambes fleurissaient les hauts des mâts comme la touffe de palmes un grand palmier. Cramponnés aux espars d’une main, certains tendaient l’autre en des gestes impatients, d’autres, bercés au bout des vergues, abritaient leurs yeux de la vive lumière du soleil. Tous les espars portaient des hommes mûrs pour leur destin. Ah ! et comme ils transperçaient du regard cet infini bleu, en quête de l’instrument possible de leur destruction !

Pourquoi ne donnez-vous pas de la voix, si vous la voyez ? cria Achab, lorsque plus rien ne se fit entendre pendant quelques minutes après la première annonce. Hissez-moi, hommes. Vous avez été trompés, Moby Dick n’envoie pas un seul jet de cette façon pour disparaître aussitôt.

Achab avait raison, dans l’impétuosité de leur impatience, les hommes avaient pris autre chose pour un souffle, comme on l’allait voir, car à peine Achab avait-il atteint son perchoir, à peine l’estrope était-elle amarrée au cabillot du pont qu’il donna l’accent tonique d’un orchestre qui retentit comme une décharge d’artillerie. Trente poumons de cuir lancèrent ensemble un cri de triomphe cependant que – beaucoup plus près du navire que le souffle imaginaire, à moins d’un mille sur l’avant – Moby Dick en personne apparut ! Et ce n’était pas par des souffles calmes et indolents, ni par le paisible jaillissement de sa course mystique, que la Baleine blanche révéla sa présence, mais par le phénomène beaucoup plus étonnant du saut. Montant des profondeurs à sa plus extrême vitesse, le cachalot projette ainsi sa masse tout entière à l’air libre, et la montagne d’écume éblouissante qu’il a soulevée le dénonce à une distance de sept milles et plus. En de pareils moments, sur les vagues furieusement arrachées qu’il secoue, ce saut parfois est un défi.

La voilà qui saute ! la voilà qui saute ! fut le cri qui accompagna les incommensurables bravades de la Baleine blanche se lançant vers le ciel comme un saumon. Si brusquement surgie dans la plaine bleue de la mer et projetée sur le bleu encore plus intense du ciel, l’écume qu’elle avait soulevée brilla de façon insupportable, aussi aveuglante qu’un glacier, puis son éblouissante intensité s’atténua progressivement jusqu’à n’être plus que la brume indistincte qui, dans la vallée, annonce une averse.

Oui, accomplis ton dernier saut vers le soleil, Moby Dick ! s’écria Achab, ton heure est venue et ton harpon est prêt ! Tous en bas, sauf un homme au mât de misaine. Les baleinières ! Parés !

Dédaigneux des fastidieuses échelles de corde, les hommes, tels des étoiles filantes, glissèrent au pont par les galhaubans et les drisses, cependant que de manière moins foudroyante, quoique prompte, Achab était descendu de son perchoir.

Les pirogues à la mer ! cria-t-il dès qu’il eut atteint la sienne, une baleinière de rechange gréée l’après-midi précédent. Monsieur Starbuck, le navire est à toi… tiens-toi à l’écart des pirogues, mais ne t’en éloigne pas non plus. Débordez tous !

Comme pour les frapper d’une terreur immédiate. Moby Dick, faisant volte-face, attaqua le premier en fonçant sur les trois équipages. La baleinière d’Achab était au centre et, encourageant ses hommes, il leur dit qu’il comptait prendre la baleine de front, c’est-à-dire ramer droit sur son front, manœuvre assez courante qui permet, à une certaine distance d’éviter l’assaut du monstre dont la vision est latérale. Mais avant que cette distance fût franchie et tandis que la baleine pouvait encore voir aussi clairement les trois pirogues que les trois mâts du navire, la Baleine blanche, battant l’eau à une vitesse furieuse, rua, le temps d’un éclair, parmi les pirogues, les mâchoires ouvertes et la queue cinglante, mena des deux côtés une effrayante bataille et, indifférente aux dards jetés des trois baleinières, sembla seulement animée de l’intention de pulvériser chaque bordé des embarcations. Habilement manœuvrées, pirouettant comme des chevaux de combat dressés, celles-ci l’évitèrent pendant un moment, à un cheveu près bien souvent, tandis que le surnaturel cri de guerre d’Achab déchiquetait tout autre cri.

Mais finalement, dans ses évolutions complexes, la Baleine blanche croisa et recroisa de mille manières les lignes qui lui étaient attachées, les raccourcit halant les pirogues condamnées vers les fers fichés dans sa chair bien qu’elle s’écartât un instant comme pour prendre l’élan nécessaire à une charge plus épouvantable encore. Saisissant cette occasion, Achab donna du mou à la ligne puis embraqua en la secouant, espérant ainsi la désenchevêtrer, lorsque apparut une vision plus sauvage que les dents en créneaux des requins !

Pris et emmêlés, tirebouchonnant dans l’inextricable fouillis de la ligne, les harpons et les lances, hérissant leurs pointes et leurs barbes, vinrent gicler en bouquet contre la galoche d’avant de la baleinière d’Achab. Il n’y avait qu’une chose à faire. Saisissant son couteau d’embarcation, il coupa et en dedans, et en travers, et dehors de ce faisceau d’acier, tira sur la ligne qui passait derrière, la tendit à son premier rameur et la tranchant au ras des plats-bords, la fit tomber à la mer et fut à nouveau libre. Au même instant la Baleine blanche fonça soudain dans l’enchevêtrement des autres lignes, en attirant irrésistiblement, les pirogues de Stubb et de Flask qui étaient les plus empêtrées, vers les palmes de sa caudale. Elle jeta les baleinières l’une contre l’autre comme deux coques roulées sur une plage battue des brisants puis, sondant, elle disparut dans un maelström bouillonnant, où les éclats odorants de cèdre dansèrent une ronde effrénée pendant un moment comme une noix de muscade râpée dans un bol de punch vivement remué.

Tandis que les deux équipages se débattaient, cherchant les bailles à ligne renversées, les avirons et tout le matériel flottant, tandis que le petit Flask sautait obliquement comme une fiole vide, levant les jambes par saccades pour échapper aux redoutables mâchoires des requins, et que Stubb hurlait à pleine poitrine qu’on vienne le ramasser à la cuillère, tandis que la ligne rompue du vieillard lui permettait désormais de ramer jusqu’à cet étang mousseux pour y sauver ce qu’il pourrait, au sein de ce sauvage amoncellement de mille dangers, la baleinière d’Achab, encore indemne, parut soulevée vers le ciel par des fils invisibles. Jaillissant des profondeurs à la verticale, telle une flèche, la Baleine blanche la bouta de son large front et l’envoya tournoyer en l’air, jusqu’à ce qu’elle retombât sens dessus dessous. Achab et ses hommes luttèrent pour s’en dégager comme des phoques sortant d’une caverne au bord de la mer.

L’élan de la baleine au moment où elle émergea modifia quelque peu sa direction à la surface, la lançant, malgré elle, de côté à une petite distance du centre de la destruction qu’elle avait accomplie ; lui tournant le dos, elle resta un moment à tâtonner délicatement autour d’elle avec la queue et chaque fois qu’elle palpait un aviron, un bout de planche, le plus petit copeau, la moindre miette des pirogues, elle la redressait promptement et l’abattait par le travers, fouettant la mer. Mais bientôt, satisfaite de la besogne accomplie, elle poussa dans la vague son front ridé, et entraînant à sa suite les lignes emmêlées, elle poursuivit sa route sous le vent, à l’allure régulière d’un voyageur.

Comme la veille, le navire vigilant avait suivi la scène et une fois de plus il vint au secours, mit une embarcation à la mer et ramassa les hommes qui nageaient, les bailles, les avirons, tout ce qui était à portée et les déposa en sûreté sur le pont. Quelques épaules luxées, quelques poignets et quelques chevilles foulées, des contusions livides, des harpons et des lances tordues, un écheveau inextricable de lignes, des avirons et des bordés brisés, tout était là ! Mais il n’y avait point de mort et les blessures étaient sans gravité. Comme Fedallah la veille, Achab était cramponné à la moitié intacte de sa baleinière, qui lui assurait une assez bonne flottabilité, et il n’était pas dans l’état d’épuisement du jour précédent.

Lorsqu’on l’eut aidé à prendre pied sur le pont, tous les yeux se rivèrent sur lui. Au lieu de se tenir seul, il était à demi pendu à l’épaule de Starbuck qui avait été le premier à se porter à son aide. Sa jambe d’ivoire avait été arrachée et il n’en restait qu’un court éclat aigu..."


Herman Melville - Moby Dick



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