Le Trochiscanthe nodiflore [TN] n°332 - Mardi 28 août 2012

"Lettre hebdomadaire" du site "Rencontres Sauvages"
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JS Bach -
Concerto en ré majeur BWV 972

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Jeunes oiseaux (scènes de nourrissages)
juin - juillet 2012
Haut-Doubs


Foulque macroule et ses petits
Lac de Saint-Point (Haut-Doubs)

samedi 9 juin 2012

Offrande
Lac de Saint-Point (Haut-Doubs)

samedi 9 juin 2012

Grèbe huppé et son petit
Lac de Saint-Point (Haut-Doubs)

samedi 9 juin 2012

Couple de Fuligule milouin au repos
Lac de Saint-Point (Haut-Doubs)

samedi 9 juin 2012

Moineau domestique (jeune)
Courvières (Haut-Doubs)

dimanche 10 juin 2012

Moineau domestique (mâle)
Courvières (Haut-Doubs)

dimanche 10 juin 2012

Moineau domestique
Courvières (Haut-Doubs)

dimanche 10 juin 2012

Moineau domestique (famille)
Courvières (Haut-Doubs)

dimanche 17 juin 2012

Moineau domestique (nourrissage I)
Courvières (Haut-Doubs)

dimanche 17 juin 2012

Moineau domestique (envol)
Courvières (Haut-Doubs)

dimanche 17 juin 2012

Moineau domestique (nourrissage II)
Courvières (Haut-Doubs)

dimanche 17 juin 2012

Moineau domestique (dans la végétation)
Courvières (Haut-Doubs)

dimanche 17 juin 2012

Moineau domestique (jeune)
Courvières (Haut-Doubs)

dimanche 17 juin 2012

Moineau domestique (élan)
Courvières (Haut-Doubs)

dimanche 17 juin 2012

Boite aux lettres
Courvières (Haut-Doubs)

dimanche 7 juillet 2012
<image recadrée>

Faîtière
Courvières (Haut-Doubs)

dimanche 7 juillet 2012

Jeunes Alouettes des champs sur un rocher
Courvières (Haut-Doubs)

dimanche 7 juillet 2012

Jeune Chardonneret élégant (étirements)
Courvières (Haut-Doubs)

dimanche 7 juillet 2012



Petit texte :

"Environ deux heures après l'incident qui réveilla ces pénibles souvenirs, nous parvenions sans coup férir au premier Dôme du Miage. Car ils sont cinq, cinq frères debout côte à côte sur une longue courtine qui s'infléchit finalement vers le nord jusqu'au col où gît notre cabane de ce soir.
Cinq mages vêtus de robes resplendissantes dont les plis croulent en cataractes vers les lointains alpages. Mais ici seulement règne la lumière, la vraie lumière, la pure et nue, et cruelle, l'intolérable lumière d'avant tous les mélanges. Celle qui jaillit des sources du vide. Celle dont les larges ondes gonflent les espaces, accourent du fond des océans de l'espace et viennent déferler sur ce cap avancé de la terre et rejaillissent en stridentes vibrations et jettent indifféremment sur les perrès ou les visages la même écume ardente et sombre.
La lumière vampire qui dévore les pierres et les visages et burine avec fureur, frénésie, âpreté, les tristes rides de la chair, arrache tous les masques, met à nu toutes les tares, livre à la face du soleil la honte et le péché misérable de la chair.
Car ceci est la main d'un homme.
Ceci est ma main. Ma main que je croyais connaître. Cette main amie, et docile, et familière, apprivoisée depuis si longtemps, et tellement de moi, tellement ma chose.
En vérité, ceci est ma main. Il faut le croire. Cette défroque rugueuse, boucanée, qui gît immobile le long des pierres immobiles, et si semblable à ces pierres ; vidée de tout suc, de toute actualité, tellement inhumaine : c'est ma main. Cette chose informe, grotesque, horrible, cette bête crevée, c'est ma main, la main d'un homme vivant. Terrible justice de la lumière qui ne consent même plus à faire de différence entre la vie et la mort.
Et cette marée de la pierre gagnait insensiblement le long de mon bras, remontait comme une froide gangrène le courant des artères. C'était l'envahissement silencieux d'une ombre intérieure. Tout à coup, je m'aperçus que mon épaule, à son tour, allait me trahir et devenir pierre. Que déjà le drap roussâtre de la veste imitait dangereusement la nuance et le grain des roches et qu'il était temps de consentir à vivre. En vérité, n'était-ce pas déjà trop tard, y avait-il encore une seule vraie raison pour que ceci fût de la pierre et ceci un homme ? Ma brusque angoisse déclencha une impulsion qui courut le long des muscles jusqu'à l'extrémité de l'index : il remua ! Je vivais encore !
Il remua, et les prestiges cruels s'évanouirent d'un coup. Tout rentra dans l'ordre ; tout le monde fut de nouveau divisé, simple, compréhensible. Il y eut de la pierre et il y eut une main. Je la regardais délier l'un après l'autre, avec lenteur, ses doigts hésitants. C'était comme l'éclosion vivante d'une anémone marine enracinée à son rocher. Ma main s'ouvrait à la douce chaleur du jour. Puis elle se détacha, commença de caresser cette peau rugueuse des pierres, cette peau tiède, bien cuite et dorée comme un pain, hâlée par des millions d'étés, crispée par les tourmentes et le gel.
Soudain, je compris la sagesse profonde de la lumière, la vérité qu'elle étalait crûment devant mes yeux aveugles et que ma folie refusait d'apercevoir : car ceci vivait. Ces pierres vivaient, mais pas dans le même temps ; et leur vie nous était aussi peu perceptible qu'une existence pour l'éphémère qui danse devant la fenêtre un soir d'été. C'était une autre trajectoire, un autre rythme presque inappréciable, mais que nous pouvions tout de même deviner, imaginer. Il y avait eu une naissance des pierres, jadis, dans le feu et les clameurs. Et maintenant elles étaient en train de vivre, de parcourir elles aussi leur cycle prévu et harmonieux entre les deux métamorphoses de la naissance et de la mort. Je me souviens d'avoir vu des pierres malades ; au milieu d'autres granits durs et sains, des veines lépreuses qui s'effritaient comme du sel entre les doigts. Peut-être souffraient-elles aussi ? Peut-être poussaient-elles de longs cris à travers le temps, de longs cris que nous n'entendions pas ? Peut-être qu'il fallait cent ans pour une seule oscillation d'onde qui portait ces cris ? Et elles mourraient aussi un jour. Mais cette mort elle-même ne serait qu'une apparence dissimulant une vérité plus large, qu'un changement de décor. Et j'éprouvai alors combien nous étions immortels, mes soeurs les pierres et moi, et tout ce que contenait l'univers.
Ainsi ma main droite s'étirait dans la lumière et, derrière ce rocher qu'elle tâtait amicalement, il y avait un vide où flambait le feu pur et ardent des neiges, ces neiges plus que blanches, pour lesquelles le mot « 
blancheur » lui-même apparaît sans force. Six cents mètres plus bas, l'oeil errait sur les plages désertes du glacier. De ce côté était le jour.
Mais ma main gauche gisait dans l'ombre légère et, un mètre au-delà, il y avait un effondrement brutal, une débandade des lignes vers les profondeurs nocturnes de la vallée. La lame des arêtes tranchait le monde en deux parties irréconcialables, entre lesquelles cinq purs sommets de neige montaient la garde..."

Samivel - L'Amateur d'abîmes



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