Mardi 3 octobre 2006
Dernières images du site "Rencontres Sauvages" : 33
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Forêt au dessus du "Fer à Cheval", dans la brume
Fort Mahler, La Cluse et Mijoux (Haut-Doubs)
Dimanche 9 juillet 2006

Forêt du cirque de Consolation
Cirque de Consolation (Haut-Doubs)
Samedi 2 septembre 2006

"Marée" d'arbres du massif du Risoux
Sommet du Mont d'Or (Haut-Doubs)
Dimanche 3 septembre 2006

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Un petit texte :

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Il est souvent question de l’âge de la pierre, mais rarement de l’âge de l’arbre, celui où de faibles communautés demeuraient soumises aux rythmes des saisons, où les êtres remuants et les êtres immobiles, vivant côte à côte, buvant aux mêmes sources, plongeant leurs racines dans le même humus, ne paraissaient pas d’essence différente. Les légendes ont transmis la tradition. Elles sont pleines de bras chargés de feuilles, de ramées qui marchent, de branches saignant sous la hache du bûcheron. C’est cette forêt-là dans laquelle je pénètre quand je pénètre dans n’importe quelle forêt.
Elle est magique. Elles sont toutes magiques. La réalité y demeure élusive, ambiguë, et leurs perspectives varient avec l’heure, la lumière, le vent, les mois. Beaucoup d’événements s’y sont déroulés, de la grande ou de la petite chronique. Elles ont aussi vu passer les cortèges d’Obéron et de Merlin, les cavaleries de la Table Ronde, les chasses sauvages, la cour du Duc, les amoureuses du Songe. Elles recélaient alors des fontaines-fées, des châteaux, des lacs, à peine entrevus sitôt embrumés, annulés. Et de toutes ces aventures, les vécues et les rêvées, il semble qu’elles aient gardé quelque trace, comme si le cycle ininterrompu des sèves avait entraîné dans sa course des échos et des reflets.
Je doute même si je me perds dans une foule ou dans une solitude. Chaque arbre n’est-il pas marqué d’une hérédité rigoureuse ? fils de… fils de… En un rien on arrive à Charlemagne. Est-ce pour cette raison que les seigneurs de feuilles et d’écorces semblent tous porteurs d’un message et font si solennellement figure de pensifs témoins ? Le bon sens dit que j’ai tort, que tout ce qui précède est fantasme, pure imagination. Il ignore Ronsard et Shakespeare, et pour lui les bois ne sont que du bois. Pourtant le bon sens erre une fois de plus. Je m’abandonnerai sans remords à une conviction antique, intuitive, car les savants, avec un grand retard sur les poètes, sont en train de découvrir que les plantes manifestent une présence, presque une conscience, connaissent de quelque façon la douleur, et donc en contrepartie la joie.
"

SAMIVEL – L’œil émerveillé ou la Nature comme spectacle (Brocéliande).

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