Le Trochiscanthe nodiflore [TN] n°319 - Mardi 29 mai 2012

"Lettre hebdomadaire" du site "Rencontres Sauvages"
explications sur le nom de cette lettre : [ici] ou [ici]
Si cette page ne s'affiche pas correctement, cliquez [ici]


Rossini -
L'Italienne à Alger (ouverture)

Pour regarder et écouter,
cliquez sur la flèche au bas de l'image...

 



ou cliquez [ici]



Campagnol à la recherche de son déjeuner,
Ecureuil acrobate,
Chamois femelle,
et Renard en vadrouille...

Campagnol sp.
La Cluse et Mijoux (Haut-Doubs)
samedi 24 mars 2012

Ecureuil dans un épicéa
Lac de Saint-Point (Haut-Doubs)
mardi 8 mai 2012

Lac de Saint-Point (Haut-Doubs)
mardi 8 mai 2012

Lac de Saint-Point (Haut-Doubs)
mardi 8 mai 2012

Lac de Saint-Point (Haut-Doubs)
mardi 8 mai 2012

Lac de Saint-Point (Haut-Doubs)
mardi 8 mai 2012

Etirements matinaux
Lac de Saint-Point (Haut-Doubs)

mardi 8 mai 2012

Lac de Saint-Point (Haut-Doubs)
mardi 8 mai 2012

Lac de Saint-Point (Haut-Doubs)
mardi 8 mai 2012

Lac de Saint-Point (Haut-Doubs)
mardi 8 mai 2012

Encore un Campagnol sp.
Lac de Saint-Point (Haut-Doubs)

mardi 8 mai 2012

Sous les Mercuriales
Lac de Saint-Point (Haut-Doubs)
mardi 8 mai 2012

A la recherche de faînes
(fruit du Hêtre : les jeunes pousses, à gauche, deviendront de grands arbres !)
Lac de Saint-Point (Haut-Doubs)
mardi 8 mai 2012

Eurêka !
Lac de Saint-Point (Haut-Doubs)
mardi 8 mai 2012

Déjeuner
Lac de Saint-Point (Haut-Doubs)
mardi 8 mai 2012

Au dessus de la falaise : un chamois femelle et un éterlou
La Cluse et Mijoux (Haut-Doubs)

dimanche 13 mai 2012

La Cluse et Mijoux (Haut-Doubs)
dimanche 13 mai 2012

Chamois femelle
(elle n'a pas encore mis bas et
elle est en train de changer de pelage...)
La Cluse et Mijoux (Haut-Doubs)

dimanche 13 mai 2012

"Bouge-t-il ?"
A l'écoute du chevreau à venir...
La Cluse et Mijoux (Haut-Doubs)

dimanche 13 mai 2012

Cache-cache
La Cluse et Mijoux (Haut-Doubs)

dimanche 13 mai 2012

La Cluse et Mijoux (Haut-Doubs)
dimanche 13 mai 2012

Contorsions
La Cluse et Mijoux (Haut-Doubs)

dimanche 13 mai 2012

Regard
La Cluse et Mijoux (Haut-Doubs)
dimanche 13 mai 2012
<image recadrée>

La Cluse et Mijoux (Haut-Doubs)
dimanche 13 mai 2012

Renard adulte, au loin, en plein après-midi !
Courvières (Haut-Doubs)
dimanche 13 mai 2012



Petit texte :

"Toute ma vie je me souviendrai. Il se passa alors sur le territoire lacustre un fait inexplicable. L'orage était là, chargé à crever. Une accumulation formidable de nuées obstruait l'horizon, bouchait le ciel. C'était comme une immense ville des tempêtes. Ses murs, ses portes, ses tours, ses redoutables citadelles en se superposant atteignaient des hauteurs vertigineuses. On devinait de lourds déplacements de masses électriques.
Cependant rien ne remuait. Partout le silence ; le plateau semblait mort ; les bois ne bougeaient pas ; sur les étangs pas le moindre clapotis ; les milliers d'oiseaux, ailes closes, que l'on sentait brûlants, au-dessus de soi dans les branches, se taisaient. Les poissons nocturnes avaient dû se laisser couler dans les fonds. L'herbe sentait le soufre et l'air avait un goût aigrelet. L'orage étouffait la terre. Il pesait sur sa poitrine anxieuse et lentement elle exhalait son souffle, et perdait sa vie, sans même pouvoir haleter. Une arrière-pensée sournoise semblait veiller derrière cette attente.
L'esprit qui conduisait l'orage cachait son dessein. Sur toutes ces puissances suspendue, s'étendait une main menaçante et calme qui les contenait. Et une volonté maléfique, fixée au centre des éléments, en différait la ruée imminente.
Sous cette pression magnétique, les étangs semblaient prêts à flamber. Des lueurs par moments couraient le long des berges, et la pellicule des eaux, cependant immobiles, s'éclairait çà et là de phosphorescences subites aussitôt diluées. La menace, partout où pouvaient s'infiltrer et s'accumuler des puissances, dans le ciel, sous le sol, les eaux et l'écorce des arbres, suintait et épandait un rayonnement sourd. Cette irradiation devenait si intense qu'on ne voyait plus la nuée, matière de l'orage, mais qu'on sentait l'orage comme un être. Présence vague, encore voilée et qui donnait l'impression angoissante d'une masse morale arrêtée au flanc de la tempête.
Elle me déchirait les nerfs ; leurs réseaux tressaillaient sous ma peau ; des picotements irritaient mes narines. La bouche amère, la langue sèche, je respirais avec peine. L'éther vibrait ; je vibrais ; des fluides fugitivement me transperçaient des talons à la tête. Je m'étais appuyé contre la cabane. Je sentais un poids sur mon cerveau ; le poids de cette malveillance. Je désirais l'orage qu'on ne m'accordait pas. Ce refus exaspérait mon désir. Il n'entrait plus d'air dans mes poumons : tout autour de moi flottait cette nuée électrique d'où filtraient des clartés diffuses ; un bourdonnement montait de mon coeur et se propageait, dans mon sang et ma chair, jusqu'aux os sensibles de ma tête. Le temps s'était arrêté. Sous ces nuages mon attente s'exaltait de minute en minute. La proximité de l'orage dégageait de moi une énergie inattendue, non pas volonté dominante, mais puissance vitale ; et mon corps, mêlé à mon âme, fondu comme jamais, soutenait désespérément cette tension. Entre moi, les nuées, l'eau, la vase tiède et cette immense étendue des roseaux phosphorescents, circulaient des courants, s'échangeaient des forces latentes, et j'étais tellement enveloppé d'air brûlant, de vapeurs, de fluides, que je me perdais à moi-même. Etais-je encore un homme ou une parcelle de l'orage ? Une âme ou la tempête ? D'où jaillirait l'éclatement ? De moi, de la terre, du ciel ? La pression atteignait son paroxysme.
Tout à coup un calme se fit, hors de moi. J'avais la sensation du vide. La pression de mon sang, l'afflux violent de mon âme, ployèrent le peu de raison qui résistait encore.
Une flamme rougeâtre éclaira les étangs. Un coup de feu partit, un coup long chargé d'étincelles, et qui fusa avec une détonation sourde. Des plombs crépitèrent sur l'eau et fouettèrent les feuilles. Un affreux gémissement déchira la nuit, à cinquante mètres devant moi, puis un battement d'ailes, et tout se tu. L'air sentait la poudre.
Brusquement un éclair violet vola sur l'eau. Il avait jailli au ras des étangs. Sa flamme illumina, balayant les rives, toute l'étendue du canal. Et alors en face de moi le ciel craqua. D'un écartèlement de la terre surgit un arbre de feu : un tronc et des branches éblouissantes. Dans un rapide fracas de tonnerre il creva la terre, le ciel, et tout s'embrasa. La foudre flamboyait de tous les côtés. Des éclats déchiraient le ciel. La terre grondait à mes pieds. Sous ces secousses répétées, cette commotion tellurique s'élargissait en vastes ébranlements ; et, comme une base profonde, on entendit, monté d'on ne sait quels abîmes, un roulement sourd.
Je brûlais comme une torche. Ma gorge, à vif, se déchirait. Le dos contre la cabane, ébloui par les éclairs, je me cramponnais aux montants de la porte. Dans mon égarement, je me criais sans cesse : "
La pluie, la pluie". Mais il ne pleuvait pas ; il n'y avait pas le moindre vent. Sous l'illumination continue des éclairs on voyait les bords immobiles et les eaux lisses. Le tonnerre éclatait, mais l'air, par un prodige, ne bougeait pas.
Seul, au centre de cet enfer, les yeux ensanglantés, la chair dévorée par le feu, les poumons ravagés par l'odeur de l'embrasement, sous le fil de la flamme, je sentis ma tête se fendre et je tombai..."

Henri Bosco - Hyacinthe



Voir la liste des anciens numéros du"Trochiscanthe nodiflore" (les archives) : cliquez [ici]

Site internet : Rencontres sauvages

Me contacter : pascal@pascal-marguet.com

Calendrier 2012 : Pour le télécharger directement au format pdf (1200 ko), cliquez [ici]

 

Pour vous désinscrire, vous pouvez m'envoyer un e-mail (en répondant à ce message) avec pour objet "désinscription",

ou en cliquant

[ici]

Pour partager cette page sur "FaceBook", cliquez sur le bouton ci-dessous :



Rejoignez-moi sur "FaceBook" en cliquant sur le lien suivant :

[http://www.facebook.com/marguet.pascal]