Le Trochiscanthe nodiflore [TN] n°318 - Mardi 22 mai 2012

"Lettre hebdomadaire" du site "Rencontres Sauvages"
explications sur le nom de cette lettre : [ici] ou [ici]
Si cette page ne s'affiche pas correctement, cliquez [ici]


JS Bach -
Oratorio de l'Ascension (BWV 11)

Pour regarder et écouter,
cliquez sur la flèche au bas de l'image...

 



ou cliquez [ici]



Couple de Sittelle torchepot
La Rivière-Drugeon (Haut-Doubs)

mars et avril 2012

Rencontre entre deux Sittelles !
samedi 31 mars 2012

Accouplement !
samedi 31 mars 2012

samedi 31 mars 2012

samedi 31 mars 2012

samedi 31 mars 2012

samedi 31 mars 2012

Visite du futur nid (un trou dans une branche d'un grand Frêne)
samedi 31 mars 2012

L'année dernière, à la même période,
j'avais réalisé quelques images au même endroit
(est-ce le même couple ? : l'individu bagué est toujours ici).

Pour voir les images du [TN] n° 271,

cliquez [ici]

samedi 31 mars 2012

Chant
samedi 31 mars 2012

samedi 31 mars 2012

samedi 31 mars 2012

Vue générale sur la branche, le nid et l'oiseau...
dimanche 1er avril 2012

dimanche 1er avril 2012

dimanche 1er avril 2012

dimanche 1er avril 2012

dimanche 1er avril 2012

ça gratte !
dimanche 1er avril 2012

dimanche 1er avril 2012

Toilette
dimanche 1er avril 2012

dimanche 1er avril 2012

Offrande I
dimanche 1er avril 2012

A l'envers !
dimanche 1er avril 2012

"Dans l'art de grimper, la Sittelle jouit de possibilités bien supérieures à celles des Pics et des Grimpereaux. Elle n'a pas besoin de s'appuyer sur les plumes de la queue, d'ailleurs courtes et molles : toute la force se ramasse dans ses pattes, dont le tarse est court, dans les doigts robustes et armés de griffes puissantes. Elle peut donc escalader les arbres en tous sens et, toujours en "courant", elle descend la tête en bas avec autant d'aisance..."
Paul GEROUDET - Les Passereaux d'Europe

dimanche 1er avril 2012

mardi 10 avril 2012

Toilette II
mardi 10 avril 2012

Offrande II
mardi 10 avril 2012

A la sortie du nid : ménage du printemps (?)
mardi 1er mai 2012

Y-a-t-il déjà des petits ?
mardi 1er mai 2012

Vue sur le Frêne : chercher le nid !
mardi 1er mai 2012

<images recadrées> : les images ont toutes été recadrées
(j'étais posté assez loin, de manière à ne pas déranger les oiseaux)



Petit texte :

"Les hommes étaient partis. Le silence était tombé sur tous les villages alentour. Les journées des femmes étaient longues et éreintantes : elles allaient et venaient, de la ferme aux animaux, de la cuisine aux chambres d'enfants. Leurs mains se couvraient de cals, leurs dos se voûtaient. Elles usaient leur santé.

Les champs furent abandonnés. Les meules de foin laissées sur place, comme des huttes de paille sous le soleil immobile. Elles se desséchèrent, puis les premières pluies tombèrent, et elles commencèrent à pourrir. Elles restèrent là, dans les champs, à perte de vue, inutiles et gorgées d'eau. Elles s'affaissèrent doucement et commencèrent à moisir.

Au sommet de la colline du Prieur, les hommes avaient laissé une charrue, embourbée dans un sillon inachevé. Le cheval avait été dételé, mais les femmes n'avaient pas rentré la machine et elle resta penchée légèrement, enfoncée dans cette terre comme un vaisseau dans les sables. Chaque nouvelle averse l'enfonçait un peu plus. Chaque goutte d'eau amollissait son bois d'avantage. Une araignée vint tisser sa toile, là, entre la terre et le soc. L'herbe poussa le long des roues et les corbeaux se posèrent sur le vieux bois rongé de mousse.
C'était ainsi sur des centaines de kilomètres. Partout les hommes étaient invisibles. Partout des herbes sauvages reprenaient leurs droits. Les murets de pierre qui délimitaient les propriétés s'affaisaient au gré des vents, sans violence, sans à-coups. La pluie effaçait les chemins de terre, inondait les champs. Seul le vent parcourait encore les collines, passant ses longs doigts dans les cheveux des prés.

La terre, dans ce grand silence inquiet, commença à se demander ce qu'étaient devenus les hommes.
Elle cherchait une trace, une présence, mais ne trouvait rien. Plus aucun pied ne la foulait. Elle sentait les animaux sortir plus souvent, s'attarder plus longtemps dans les champs, à découvert, et s'aventurer dans les endroits où ils n'allaient jamais auparavant. Elle ne pouvait plus douter qu'elle avait été désertée.

Et puis, soudain, le premier obus explosa. La charrue de la colline du Prieur trembla légèrement. Le grondement lointain fit tomber les gouttes de rosée accrochées à la toile d'araignée. Les premiers coups furent suivis d'autres. La terre par endroits éclatait en mottes noires. Cela dégageait une fumée sale qui courait longtemps le long des champs. La terre sûrement reconnut la guerre : les hommes qui tombent, les trous que l'on fait en son sein, tombeaux et explosions, elle avait déjà été tant de fois l'objet de combat. Elle avait déjà tant de fois senti des incendies courir sur elle, des projectiles s'enfoncer en elle. Elle avait déjà été tant de fois martelée par le bruit sourd de bataillons qui marchent au pas lent de la mort. Elle connaissait tout cela : le tambour et l'éclair. Elle savait qu'il n'y avait qu'à attendre. Attendre que les hommes s'épuisent, battent en retraite et capitulent. Cela n'avait jamais empêcher les corbeaux de croasser. Mais cette fois, c'était différent. Lorsque les premières fumées se furent dissipées, elle se rendit compte que jamais auparavant les coups qu'on lui avait portés n'avaient été aussi durs, que jamais ils ne lui avaient creusé dans la peau d'aussi profonds cratères. Cette fois, les hommes marchaient sur elle avec une pesanteur nouvelle. Ils étaient plus nombreux. Ils faisaient plus mal. Le temps passait et ils ne faiblissaient d'aucune fatigue. C'est alors que la peur vint et elle ne cessa de croître.

De la colline du Prieur à la plaine du Meunier, chaque bosquet, chaque motte de terre fut pris et repris, plusieurs fois par jour. Puis, lassés de ces assauts qui étaient toujours suivis de replis, les hommes arrêtèrent, s'installèrent et creusèrent. Les tirs d'obus, alors, se multiplièrent.
Elle espéra un temps qu'il ne s'agissait que de la nourrir. Comme tant de fois auparavant. Elle n'avait jamais dédaigné les corps qu'on enfouissait en elle. Elle les accueillait, les entourait de sa chaleur d'humus et ils se défaisaient doucement. Mais cette fois les corps abondaient et elle comprit qu'il ne s'agissait plus de cela, que si l'on continuait à enfoncer en elle des morts, c'était juste pour dégager de la place et laisser aux vivants l'espace de lutter.

Trop de corps à avaler. Par bouchées successives. Pas même le temps de déglutir. Les hommes bourraient le sol de cadavres encombrants et, comme il y avait de moins en moins de place et de moins en moins de temps, ils creusaient de grandes tombes à ciel ouvert et y jetaient de la chaux, pensant que cela aiderait la terre à les assimiler. Mais la chaux était pour elle une poudre blanche qui lui brûlait la langue et la faisait cracher. Elle était comme un animal glouton que l'on gave de force tout en lui battant les flancs. Ils l'ouvraient à mille endroits, la retournaient, la saignaient. Ils la forçaient à manger et frappaient sur son ventre bombé. Elle n'avait plus faim. Mais elle devait continuer. D'une main ils la nourrissaient, de l'autre ils la meurtrissaient.

Un soir, du haut de la colline du Prieur, elle se regarda. La charrue n'existait plus. La guerre avait tout avalé. C'était comme de tendre un miroir à un malade qui ne parvient pas à se reconnaître : tout ce qu'il cherche a disparu, ses cheveux sont tombés, il a la gale et le regard rouillé. C'est ainsi qu'elle se vit. Plus de forêt. Quelques arbres calcinés. Certaines collines avaient été mangées par les coups de dents successifs des mortiers. Des amas de terre, çà et là, avaient poussé. Le relief avait changé. Le sol, partout, était accidenté. Ils l'avaient suturé de fils barbelés. De partout s'échappaient des fumées, comme de la peau d'un grand brûlé. Elle ne se reconnut pas. Elle resta longuement à se contempler. Une douleur immense lui courut sous la peau. Elle cria de toute sa force, oubliant qu'elle n'avait pas de voix, et le vent, ce jour-là, eut l'acidité des appels désespérés."

Laurent Gaudé - Les Oliviers du Négus
(Je finirai à terre)




Voir la liste des anciens numéros du"Trochiscanthe nodiflore" (les archives) : cliquez [ici]

Site internet : Rencontres sauvages

Me contacter : pascal@pascal-marguet.com

Calendrier 2012 : Pour le télécharger directement au format pdf (1200 ko), cliquez [ici]

 

Pour vous désinscrire, vous pouvez m'envoyer un e-mail (en répondant à ce message) avec pour objet "désinscription",

ou en cliquant

[ici]

Pour partager cette page sur "FaceBook", cliquez sur le bouton ci-dessous :

Rejoignez-moi sur "FaceBook" en cliquant sur le lien suivant :

[http://www.facebook.com/marguet.pascal]