Le Trochiscanthe nodiflore [TN] n°309 - Mardi 13 mars 2012

"Lettre hebdomadaire" du site "Rencontres Sauvages"
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Pink Floyd -
Shine on you crazy diamond

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Renard au repos,
Cabris et Chamois femelles
La Cluse et Mijoux (Haut-Doubs)

samedi 25 février 2012

Sur un morceau de pelouse, un Renard se repose au soleil.
<image recadrée>

Il m'a repéré (mes pas font trop de bruit sur la neige !)
<image recadrée>

Chamois femelle

Les ventres s'arrondissent (?) : le printemps approche !

La vigie

Cabri suivant sa mère

Au soleil

Au sommet, dans l'azur

Inspection

Etirement

Autre cabri

Le prophète

"Dans l'écriture sainte, il existe la formule : vêtu de vent d'Elohim. Elle concerne un homme touché par une prophétie à transmettre. Personne d'autre que lui ne sait de quel vêtement il s'agit. Le roi des chamois était vêtu de vent. Dans la tempête, il se laissait envelopper par les rafales, c'était son manteau. Son pelage brillait, gonflé par l'explosion des éclairs, le roi fermait les yeux et se laissait étreindre par l'air déchaîné. Il était en sûreté là où toutes les autres créatures sentent une menace. Il était en alliance avec le vent, son coeur battait, léger, se chargeant de l'énergie lancée par le ciel sur la terre."

Erri de Luca - Le Poids du papillon

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Dans la falaise

Portrait d'un cabri sans sa mère (le début de l'indépendance ?)

Dans l'ombre (un peu plus bas) : une femelle et son cabri

Descente dans la falaise

Saut sur les rochers

Arrêt sur une vire

Déjà, l'attitude des adultes...

... et leur méfiance !



Petit texte :

"J'ai beaucoup parlé seul. Soudain une phrase sortait de ma bouche. Je la disais à la maison qui entendait ma voix. J'ai vécu si longtemps à l'intérieur d'elle qu'un échange s'est établi entre ses pierres et moi. Je pense que je fais partie d'une nature minérale commune. Son silence est le mien, il est intérieur. Le silence du dehors, de la campagne, total certains soirs de brouillard, ne ressemble pas au nôtre capable d'absorber les sons, quand même ma respiration et les battements de mon cÅ“ur se dissipent et que je ne les perçois plus. La maison me répond. Sa voix n'appartient pas aux hommes : elle jaillit de la pierre volcanique des murs, née au temps où l'écorce terrestre était en fusion et la matière mère de toutes choses. C'est une voix qui a bouillonné dans les fleuves de feu jaillissant en gerbes de la mare des cratères. Quand le vent balaie sa poussière, l'asperge de gouttes grises et bleues, la pierre murmure des comptines. Parfois c'est un timbre sonore où je distingue des syllabes incohérentes, d'autes fois je comprends des phrases entières. Mon oreille s'est exercée à écouter les pierres. Je les ai extraites de la terre, je les ai taillées avec mon ciseau, en forçant la fissure, comme si c'étaient des noix. Un éclatement, un souffle, et elles s'ouvraient à demi, l'air passait pour la première fois sur les pores de la pierre, à l'intérieur. Les pierres sont des huîtres pour ceux qui savent les toucher. Je les ai équarries, j'en ai fait des sentiers, des haies, des sièges, me servant des aspérités de l'une pour l'encastrer dans l'autre. Je les rapprochais suivant une géométrie qu'elles présentaient elles-mêmes, chacune prête à n'accepter qu'une seule autre forme, comme par destin. J'avais la mémoire des aspérités et je prenais dans le tas précisément celle qui allait s'ajuster avec un bruit de mains qui se joignent. Pierre noire opaque qui resplendissait entre les doigts, pleine, lourde, au relief dur et pourtant docile pour celui qui comprend.

Autrefois, je voyais des lettres éparses entre les branches d'un arbre, sur les vitres mouillées, tracées par le vol des mouches. J'étudiais les alphabets de la Méditerranée pour élargir le catalogue des signes et comprendre toute cette semence d'écriture. Dans les points étoilés de l'univers nos ancêtres ont vu des figures, des bêtes, des chariots, moi je découvrais des lignes d'alphabets. Le monde était écrit, le premier homme n'inventait pas les noms, il les lisait. Sur la matière demeurent les traces résiduelles de cette rédaction, des monogrammes qui ont résisté à un effacement général. La voix rauque de la maison parlait avec ces lettres, prononçait des syllabes simples. Les soirs de tempête, quand je redoutais la force du ciel sur les animaux et les arbres, les murs marmonnaient une complainte et m'apaisaient..."

Erri de Luca - Acide, Arc-en-ciel



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