Le Trochiscanthe nodiflore [TN] n°280 - Mardi 16 août 2011

"Lettre hebdomadaire" du site "Rencontres Sauvages"
explications sur le nom de cette lettre : [ici] ou [ici]
Si cette page ne s'affiche pas correctement, cliquez [ici]




Travaux d'été à la ferme de Courvières (Haut-Doubs) :
la cuisine (entièrement repeinte)...
j'ai aussi vitrifié les planchers de l'étage, rangé la grange
et commencé à rénover la porte du garage...

Pour ce qui est du reportage sur les chamois (TF1),
le premier de la série (sur le thème des Belvédères du Jura)
vient de passer ce midi,

je ne sais pas encore quand est programmé celui sur les chamois du Fort Mahler (et du
Château de Joux), mais cela ne saurait tarder...

Peut-être un jour de cette semaine ?

je vous tiendrai au courant...



Vivaldi -
cantate RV 684,
"Cessate, omai cessate"

Pour regarder et écouter,
cliquez sur la flèche au bas de l'image...

 



ou cliquez [ici]



Au bord du Lac Léman

Genève et Morges (Suisse)
juin - juillet 2011

Nymphéa (lotus) en contre-jour
Genève (Suisse)
dimanche 19 juin 2011

Rougegorge familier
Genève (Suisse)
dimanche 19 juin 2011

Suisse (Tamia de Sibérie)
Genève (Suisse)

dimanche 19 juin 2011

Pour lire un article à propos de cet écureuil,
cliquez [ici]

Genève (Suisse)
dimanche 19 juin 2011

Moineau domestique mâle, prenant un bain de soleil
Genève (Suisse)

dimanche 19 juin 2011

Le jet d'eau
Genève (Suisse)

dimanche 19 juin 2011

Famille de Cygne tuberculé
Genève (Suisse)

dimanche 19 juin 2011

Moineau domestique (femelle ou jeune)
Genève (Suisse)

dimanche 19 juin 2011

Genève (Suisse)
dimanche 19 juin 2011

Suisse
Genève (Suisse)

dimanche 19 juin 2011

Moineaux en vol
Genève (Suisse)

dimanche 19 juin 2011

Cane et ses canetons
Morges (Suisse)

vendredi 8 juillet 2011

Jeunes canards colverts
Morges (Suisse)

vendredi 8 juillet 2011

Impatiente de l'Himalaya (Impatiens glandulifera)
plante naturalisée (depuis 1920), devenue invasive...
Morges (Suisse)

vendredi 8 juillet 2011

Séquoia
Morges (Suisse)

vendredi 8 juillet 2011

Rose trémière
Morges (Suisse)

vendredi 8 juillet 2011

Morges (Suisse)
vendredi 8 juillet 2011

Echinacea purpurea ?
Morges (Suisse)

vendredi 8 juillet 2011

De plus près
Morges (Suisse)

vendredi 8 juillet 2011

Troupe de Moineau domestique sur un rocher
Morges (Suisse)

vendredi 8 juillet 2011

Cosmos
Morges (Suisse)

vendredi 8 juillet 2011

Rose trémière (jaune)
Morges (Suisse)

vendredi 8 juillet 2011

Couple de Foulque macroule
(dont l'individu à gauche a quelques plus de la tête blanches)
Morges (Suisse)

vendredi 8 juillet 2011

Morges (Suisse)
vendredi 8 juillet 2011

Troupe de Moineau domestique
Morges (Suisse)

vendredi 8 juillet 2011

Morges (Suisse)
vendredi 8 juillet 2011



Petit texte :

"Jusqu'à midi et demi, Adamsberg resta immobile contre son mur, à observer son fax inanimé. Puis, agacé, il sortit marcher et trouver quelque chose à manger. N'importe quoi, au hasard des rues qu'il découvrait peu à peu autour de la Brigade. Un sandwich, des tomates, du pain, des fruits, un gâteau. Selon l'humeur, selon les boutiques, en dépit du bon sens. Il traîna délibérément dans les rues, une tomate dans une main et un petit pain aux noix dans l'autre. Il fut tenté de passer la journée dehors et de ne revenir que le lendemain. Mais Vandoosler pouvait avoir déjeuné chez lui. Auquel cas il avait une chance d'obtenir une réponse et d'en finir avec cette architecture de fantasmes bancals. A 15 heures, il entra dans son bureau, jeta sa veste sur une chaise et se retourna vers son appareil. Une feuille l'attendait, tombée au sol.

Monsieur,

Le 4 à rebours que vous m'adressez est une reproduction exacte du chiffre dont on frappait autrefois les portes ou les linteaux des fenêtres en temps de peste, dans certaines régions. On croit son origine antique mais il fut absorbé par la culture chrétienne qui y reconnaissait un signe de croix, tracé sans lever la main. C'est un chiffre marchand, un chiffre d'imprimeur aussi, mais il est surtout fameux pour sa valeur de talisman contre la peste. On se protégeait du fléau en le traçant sur la porte de sa demeure.
En espérant que ces informations pourront répondre à votre question, croyez, monsieur le Commissaire, à l'expression de mes salutations distinguées,

Marc Vandoosler

Adamsberg s'appuya à sa table, la tête penchée vers le sol, le fax pendant à la main. Le 4 à rebours, un talisman contre la peste. Une trentaine d'immeubles déjà marqués dans la ville, des messages à la pelle dans la boîte de ce crieur. Demain, l'Anglais de 1665 allait rencontrer le premier cadavre. Sourcils froncés, Adamsberg rejoignit le bureau de Danglard en écrasant les plâtras sur son passage.
Danglard, votre interventionniste est en train de jouer au con.
Adamsberg posa le fax sur sa table et Danglard le lut d'un air circonspect. Puis il le relut.
- Oui, dit-il. Je me souviens maintenant, de mon 4. Dans la ferronnerie du balcon du tribunal de commerce de Nancy. Un double quatre, dont un inversé.
- Qu'est-ce qu'on fait de votre artiste, Danglard ?
- Je l'ai déjà dit. On l'éloigne.
- Mais encore ?
- On le remplace. Par un illuminé qui craint la peste comme la peste et qui protège les maisons de ses concitoyens.
- Il ne la craint pas. Il la prédit, il la prépare. Pas à pas. Il met en place un dispositif. Il peut mettre à feu demain, ou cette nuit.
Danglard avait une très longue pratique du visage d'Adamsberg qui pouvait passer de l'état quasi terne, éteint comme un feu noyé, à l'état ardent. La lumière parvenait alors à se propager sous la peau brune par un procédé technique resté mystérieux. A ces moments intenses, Danglard savait que toutes les dénégations et les scepticismes, les démonstrations de logique les plus serrées s'évaporeraient comme vapeur sur les braises. Aussi préférait-il les économiser pour des périodes plus tièdes. Simultanément, Danglard touchait en ces instants à ces propres paradoxes : les convictions irrationnelles d'Adamsberg ébranlaient ses ancrages et ce renoncement temporaire au bon sens lui apportait une étrange détente. Il ne pouvait alors s'empêcher d'écouter, presque passivement, emporté par un nuage d'idées dont il n'était pas responsable. La manière de parler d'Adamsberg, qui usait sa patience en d'autres moments, aidait alors au voyage par son rythme lent, ses sonorités basses et douces, se formules répétitives et ses circonvolutions. Enfin, l'expérience lui avait démontré trop souvent que, parti d'une inspiration désordonnée, Adamsberg avait visé au plein coeur de la vérité.
Ce qui fait que Danglard enfila sa veste sans broncher quand Adamsberg l'entraîna dans les rues pour lui raconter le récit du vieux Ducouëdic.

Avant 6 heures, les deux hommes étaient parvenus place Edgar-Quinet, prêts pour la dernière criée du soir. Adamsberg avait d'abord arpenté le carrefour, prenant ses marques, respirant le lieu, localisant la maison de Ducouëdic, l'urne bleue arrimée au platane, la boutique de sport, où il avait vu Le Guern s'engouffrer avec sa caisse, et le café restaurant Le Viking, que Danglard avait repéré aussitôt et où il avait choisi d'entrer pour ne plus ressortir. Adamsberg vint frapper au carreau pour lui signaler l'arrivée de Le Guern. Ecouter la criée ne lui apporterait rien, il le savait. Mais Adamsberg voulait se figurer au plus juste le point d'où sortaient les annonces.
La voix du Breton le surprit, puissante, mélodieuse, portant comme sans effort d'un bout à l'autre de la place. Cette voix, songea-t-il, était sans doute pour beaucoup dans le rassemblement compact qui s'était formé autour de lui.
-
Un, commença Joss, à qui la présence d'Adamsberg n'avait pas échappé. Vends matériel d'apiculteur avec deux essaims. Deux : La chlorophylle se fabrique toute seule et les arbres ne s'en vantent pas. C'est juste un exemple pour les fiers-à-bras.
Adamsberg fut étonné. Il n'avait pas compris cette seconde annonce mais le public, sérieux, ne semblait pas déconcerté et attendait la suite. La force de l'habitude, certainement. Comme pour toute chose, l'entraînement était sûrement nécessaire à une bonne écoute.
-
Trois, continua Joss, imperturbable. Ame soeur bienvenue, si possible attirante et sinon tant pis. Quatre : Hélène, je t'attends toujours. Je ne lèverai plus la main sur toi, Bernard, désespéré. Cinq : L'enfant de salaud qui a démoli ma sonnette se prépare une mauvaise surprise. Six : 750 FZX 92, 39 000 km, pneus et freins neufs, entièrement révisé. Sept : Qu'est-ce qu'on est, mais qu'est-ce qu'on est au juste ? Huit : Propose petits travaux de couture soignés. Neuf : si un jour on doit s'installer sur la planète Mars, vous irez sans moi. Dix : vends cinq cagettes de haricots verts français. Onze : Cloner l'être humain ? Je trouve qu'on est assez de crétins sur la terre. Douze...
Adamsberg commençait à se laisser bercer par la litanie du Crieur, observant le petit groupe, ceux qui notaient quelque chose sur un bout de papier, ceux qui regardaient le Crieur sans bouger, la sacoche pendant au bout du bras, semblant se reposer de leur journée de bureau. Le Guern enchaîna sur la météo du lendemain après un rapide coup d'oeil au ciel et sur une météo marine, vent d'ouest s'intensifiant 3 à 5 en soirée, qui sembla contenter tout le monde. Puis l'enroulement des annonces reprit, pratique et métaphysique, et Adamsberg se réveilla en voyant Ducouëdic se redresser vers l'annonce 16.
-
Dix-sept, enchaîna le Crieur. Ce fléau est dont présent et existant quelque part, et cette existence est un effet de la création, puisqu'il ne se fait rien de nouveau, et qu'il n'est rien d'existant qui n'ait été créé.
Le Crieur jeta un rapide coup d'oeil dans sa direction, lui signifiant par là qu'on venait de passer la « 
spéciale », et enchaîna sur la 18 : il est risqué de faire grimper du lierre sur les murs mitoyens. Adamsberg écouta jusqu'au bout, y compris le récit inattendu du périple du Louise Jenny, vapeur français de 546 tonneaux, chargé de vin, de liqueurs, de fruits secs et de conserves, se retournant sur Basse aux Herbes et venant s'échouer sur Pen Bras, équipage perdu sur chien du bord. Cette dernière annonce fut suivie de murmures de satisfaction ou de dépit et d'un mouvement partiel en direction du Viking. Le Crieur sautait déjà à terre et soulevait son estrade d'un bras, l'édition du soir était terminée. Adamsberg, assez décontenancé, se retourna vers Danglard pour recueillir son avis mais Danglard, selon toute probabilité, était allé finir son verre interrompu. Adamsberg le trouva accoudé au bar du Viking, la mine sereine..."

Pars vite et reviens tard – Fred VARGAS



Voir la liste des anciens numéros du"Trochiscanthe nodiflore" (les archives) : cliquez [ici]

Site internet : Rencontres sauvages

Me contacter : pascal@pascal-marguet.com

Calendrier 2011 : Pour le télécharger directement au format pdf (1200 ko), cliquez [ici]

 

Pour vous désinscrire, vous pouvez m'envoyer un e-mail (en répondant à ce message) avec pour objet "désinscription",

ou en cliquant

[ici]

Pour partager cette page sur "FaceBook", cliquez sur le bouton ci-dessous :



Rejoignez-moi sur "FaceBook" en cliquant sur le lien suivant :

[http://www.facebook.com/marguet.pascal]