Le Trochiscanthe nodiflore [TN] n°279 - Mardi 9 août 2011

"Lettre hebdomadaire" du site "Rencontres Sauvages"
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"Photo. Avant d'être un pacte avec la couleur, c'est un pacte avec la lumière. Or nos rapports avec la lumière varient chaque jour : il y a des périodes où l'on est comme une vitre sale qui ne laisse rien passer, d'autres où elle se pose naturellement et sans faire d'histoire sur ce que l'on photographie, où l'on nage et se place d'instinct dans le sens du courant lumineux (état printanier de grâce et de germination). La technique - il en faut - ne saurait suffire à tout et la photo, comme n'importe quel acte, est finalement un acte religieux. Aussi y a-t-il des états de totale indigence spirituelle, des états d'ingratitude - dans le sens d'âge ingrat et dans celui de reconnaissance - où le soleil même vous apparaît comme une assiette sale."

Nicolas BOUVIER - Le Vide et le Plein (Carnets du Japon)

C'est un "petit texte" que j'ai déjà mis en ligne dans le [TN] numéro 125, du mardi 29 juillet 2008,

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Brahms -
Motet op. 74, no. 1,
"Warum is das Licht gegeben den Mühseligen"

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Rougequeue noir

Courvières, Lac de Saint Point,
La Cluse et Mijoux et Mont d'Or (Haut-Doubs)
juin - juillet - août 2011

Près d'une loge, un mâle
Courvières (Haut-Doubs)
jeudi 2 juin 2011

et son petit (plus bas)

A port-Titi, au bord du Lac de Saint Point (Haut-Doubs),
un mâle se perche sur la proue des barques des pêcheurs.
dimanche 5 juin 2011

Perché sur un gant, perdu l'hiver passé (!)
Lac de Saint Point (Haut-Doubs)
dimanche 5 juin 2011

Jeune Rougequeue attendant d'être nourri (à l'ombre)
La Cluse et Mijoux (Haut-Doubs)
samedi 2 juillet 2011

Adulte (femelle), dans un buisson de Nerprun des Alpes
La Cluse et Mijoux (Haut-Doubs)
samedi 2 juillet 2011

Adulte (femelle) dans un Saule
Lac de Saint Point (Haut-Doubs)
Dimanche 31 juillet 2011

Lac de Saint Point (Haut-Doubs)
Dimanche 31 juillet 2011

Dans la brume
Lac de Saint Point (Haut-Doubs)
Dimanche 31 juillet 2011

Un peu plus loin (la brume s'est levée !),
un jeune attend pour être nourri.
Lac de Saint Point (Haut-Doubs)
Dimanche 31 juillet 2011

Le même, sous une toile
Lac de Saint Point (Haut-Doubs)
Dimanche 31 juillet 2011

Lac de Saint Point (Haut-Doubs)
Dimanche 31 juillet 2011

Arrivée de la femelle
Lac de Saint Point (Haut-Doubs)
Dimanche 31 juillet 2011

Lac de Saint Point (Haut-Doubs)
Dimanche 31 juillet 2011

Jeune, perché sur un Alisier de Mougeot
Mont d'Or (Haut-Doubs)
Dimanche 31 juillet 2011 (après-midi)

Mont d'Or (Haut-Doubs)
Dimanche 31 juillet 2011 (après-midi)

Un autre, sur un rocher de la falaise
Mont d'Or (Haut-Doubs)
Dimanche 31 juillet 2011 (après-midi)

Mont d'Or (Haut-Doubs)
Dimanche 31 juillet 2011 (après-midi)

Dans la falaise
Mont d'Or (Haut-Doubs)
mardi 2 août 2011

Sur un Epicéa
Mont d'Or (Haut-Doubs)
mardi 2 août 2011




Petit texte :

"4.La gravité engendre les étoiles

Les étoiles sont périssables

L'idée que les étoiles ont une « vie », qu'elles naissent et meurent, est relativement nouvelle pour l'humanité. Elle n'a pas beaucoup plus d'un siècle. Pour l'homme antique et jusqu'au début du XIXe siècle, les étoiles sont éternelles. Elles ne changent pas : l'image même de la constance dans un monde en perpétuel changement.
Les Grecs divisaient l'univers en deux parties : la Terre et le ciel. Sur la Terre tout se transforme. Les plantes, les animaux sont de courte durée. Le bois pourrit, le métal rouille, les montagnes s'érodent. Dans le ciel, c'est l'inverse. C'est le domaine de l'éternel. Le mouvement des étoiles est toujours le même. Il est régi par des lois immuables. Le mot « 
astronomie » veut dire : règles (nomos) des astres. Ces règles sont décrites par les mathématiques, qui sont le langage de la perfection. La lune est la frontière entre ces deux mondes. On parle du domaine « cislunaire »(de ce côté-ci de la Lune) : la Terre toujours changeante. Et du domaine « translunaire » (au-delà de la Lune) : le ciel et ses pérennités intangibles.
La lune est à la frontière parce qu'elle semble participer aux deux mondes. Son mouvement l'identifie aux astres éternels. Mais ses phases en font un être changeant. Le passage de la Lune croissante à la Lune décroissante est bien à l'image de la naissance, de la vie et de la mort.
Ce découpage du monde en deux parties prévaut jusqu'à la Renaissance. Il est remis en question par Galilée. Par des expériences avec des plans inclinés, ce physicien découvre les lois du mouvement des corps. Et il a l'idée que ces lois pourraient bien être les mêmes sur la Terre et dans le ciel. D'ailleurs, Copernic vient de montrer que la Terre est une planète comme les autres, qu'elle tourne autour du Soleil. Pourquoi bénéficierait-elle de conditions exceptionnelles ?
La physique de Newton se place aussi dans ce cadre de pensée. La même force fait tomber les pommes, retient la Lune en orbite autour de la Terre et les planètes autour du Soleil. Il n'y a pas de différence fondamentale entre ce qui se passe sur la Terre et ce qui se passe dans le ciel. La matière (toute matière, pommes, planètes, étoiles) attire la matière. C'est la loi de la « 
gravitation universelle ».
Pourtant, à l'époque de Newton, les étoiles sont toujours « 
fixes ». La notion de vie stellaire émerge au XIXè siècle, en parallèle avec les progrès de la chimie et de la physique. Ce qui se passe en laboratoire, tout le monde en est maintenant convaincu, n'est pas différent de ce qui se passe dans les étoiles. Bientôt, cette conviction rencontre une confirmation éclatante. On découvre que les éléments chimiques possèdent une signature particulière. Quand on les volatilises, dans un four ou dans un arc électrique, ils émettent de la lumière. Cette lumière possède une coloration déterminée. Si on la décompose au moyen d'un prisme, on en obtient le spectre : un ensemble de raies colorées disposées dans l'ordre de l'arc-en-ciel. Le sodium, par exemple, émet une lumière jaune. Son spectre présente, côte à côte, deux raies de cette couleur. L'ensemble des raies émises par un élément est sa marque distinctive, ses « empreintes digitales ». Elles l'identifient à coup sûr.
Au début du siècle dernier, le physicien allemand Fraunhofer projette l'image du soleil sur un prisme. Dans la lumière solaire, il identifie plusieurs des éléments chimiques familiers sur la Terre : l'hydrogène, le calcium, le fer, etc. La chimie de Lavoisier est valable aussi pour le Soleil !

De quoi le Soleil se chauffe

En essayant d'améliorer le rendement des machines à vapeur, les physiciens de ce même XIXè siècle découvrent la « loi de conservation de l'énergie ». Il n'y a pas de source inépuisable. Un four finit par s'éteindre si on ne l'alimente pas. Si les étoiles obéissent au lois de la physique terrestre, elles ne sont pas éternelles. Tôt ou tard, elles finiront par s'éteindre.
Mais quel peut-être le carburant des étoiles ? De quelles substances tirent-elles l'énergie qui leur permet de briller aussi longtemps ? Supposons que le Soleil soit un gros bloc de charbon incandescent. Il dégage beaucoup de chaleur. Combien de temps cette énergie peut-elle alimenter le flux de lumière solaire ? Le calcul donne environ un million d'années. Est-ce suffisant ? « 
Non », disent les géologues à cause des vestiges d'animaux enfouis dans le sol depuis des centaines de millions d'années. L'existence de fougères ou de dinosaures à des périodes aussi reculées laisse entendre que le Soleil doit être plus vieux encore. L'hypothèse du bloc de charbon n'est pas acceptable. Il faut chercher autre chose.
L'autre source d'énergie connue à l'époque, c'est la gravité. Comment la gravité peut-elle être une source d'énergie ? Une chute d'eau peut actionner une turbine. En tombant, l'eau prend de la vitesse, qu'elle transmet au rotor. S'il n'y a pas de turbine, l'énergie acquise se transforme en chaleur. Au bas de la chute, l'eau est (un tout petit peu) plus chaude.
Le Soleil à sa naissance était vraisemblablement beaucoup plus gros qu'aujourd'hui. Au cours des âges, son rayon a décru. Comme l'eau de la chute, la matière solaire est « 
tombée » vers le centre du Soleil. Cette contraction a libéré de l'énergie. On peut ainsi assurer la luminosité solaire pendant quinze millions d'années. Mais on est encore loin des centaines de millions d'années exigées par Cuvier et ses collègues... D'où un conflit historique entre physiciens et paléontologues. La physique s'est mérité le titre de science « exacte » ; la géologie est, au mieux, une science « naturelle ». Les géologues se doivent, noblesse oblige, de réduire les âges excessifs qu'ils assignent à leurs fémurs et autres trilobites.
Peine perdue. Chaque année, des spécimens plus âgés font encore surface, et avec eux la certitude accrue du grand âge du Soleil. Faut-il invoquer l'existence d'une source d'énergie encore inconnue sur la Terre ?
La solution allait surgir d'une façon imprévue. Loin de ces conflits, dans la tranquillité de son laboratoire de l'Ecole normale, Henri Becquerel constate un phénomène curieux : des granules d'un minerai assez rare, la pecblende, impressionnent les émulsions photographiques au travers de la boîte de carton qui les contient. Ces grains, manifestement, émettent une sorte de rayonnement invisible mais pourtant très puissant : il traverse sans difficulté l'épaisseur du carton. En 1898, Becquerel vient de découvrir la « radioactivité », la manifestation d'une force nouvelle, totalement inconnue à cette date. Un expérimentation rigoureuse en révèle les propriétés. Il s'agit, en fait, de deux forces distinctes appelées force « 
nucléaire » et force « faible ». La force nucléaire est celle qui cimente les nucléons dans les noyaux. C'est elle encore, dans une version plus puissante, qui cimente les quarks, trois par trois, à l'intérieur des nucléons. La force faible est celle qui permet aux neutrons de se transformer en protons (ou vice versa, quand les conditions s'y prêtent).
Beaucoup plus puissante que la force électromagnétique, la force nucléaire donne naissance à l'énergie nucléaire. Un gramme de carburant nucléaire peut libérer autant de chaleur qu'une tonne de pétrole ou de dynamite. Du coup, le problème de l'énergie solaire est résolu. Le soleil carbure au nucléaire. Son carburant, c'est l'hydrogène. Il en possède suffisamment pour vivre à son rythme pendant dix milliards d'années. De quoi satisfaire les géologues les plus exigeants... Mais, à la fin de cette période, inéluctablement, il mourra. C'est le sort que la loi de conservation de l'énergie impose aux étoiles..."

Poussières d'étoiles – Hubert REEVES



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