Le Trochiscanthe nodiflore [TN] n°275 - Mardi 12 juillet 2011

"Lettre hebdomadaire" du site "Rencontres Sauvages"
explications sur le nom de cette lettre : [ici]
Si cette page ne s'affiche pas correctement, cliquez [ici]



JS Bach -
Wedding Cantata BWV 202
(Cantate de mariage)

Pour regarder et écouter,
cliquez sur la flèche au bas de l'image...

 



ou cliquez [ici]



Couples d'oiseaux...

La Rivière-Drugeon (Haut-Doubs)
mai - juin 2011

Jeune Pinson des arbres
samedi 28 mai 2011

Jeune Pinson des arbres nourri par un adulte (un mâle)
samedi 28 mai 2011

Nourrissage

Couple de Fuligule morillon au repos
samedi 28 mai 2011

Fuligule milouin et morillon dans la brume
samedi 28 mai 2011

Rougequeue noir mâle
samedi 28 mai 2011
<image recadrée>

Couple de Fuligule morillon
samedi 28 mai 2011

Merle noir femelle ("merlette") sous un pied de Pivoine
vendredi 3 juin 2011

Bergeronnette grise
dimanche 12 juin 2011

Toilette
dimanche 12 juin 2011

Moineau domestique femelle
dimanche 12 juin 2011

Moineau domestique mâle (envol)
dimanche 12 juin 2011
<image recadrée>

Moineau domestique mâle (posé)
dimanche 12 juin 2011

Lui aussi est bagué ! (comme la Sittelle torchepot [ici])

Couple de Fuligule morillon (à sa toilette)
dimanche 12 juin 2011

Moineau domestique mâle
dimanche 12 juin 2011

Fuligule morillon (mâle)
dimanche 12 juin 2011

Fuligule morillon (femelle)
dimanche 12 juin 2011

Couple de Fuligule morillon (tout près !)
dimanche 12 juin 2011

Moineau domestique mâle
samedi 25 juin 2011

Rougequeue noir femelle
samedi 25 juin 2011

Moineau domestique femelle (envol)
dimanche 26 juin 2011
<image recadrée>

Rougequeue noir mâle
dimanche 26 juin 2011



Petit texte :

"Il tira sa grosse montre. Il la secoua. « Environ sept heures. - Alors, dit Jourdan, le mieux c'est que je mette ma veste. - J'irai avec toi », dit Marthe. Le porteur de dépêche s'en alla vers la gauche. Jourdan lui avait dit que de là il trouverait un raccourci moins raide qu'à la montée et plus facile à trouver de nuit. Et c'était vrai, mais il y avait surtout que depuis qu'il avait lu le nom : Bobi, Jourdan avait envie d'être seul avec Marthe, seul avec la nuit, seul avec sa joie. La nuit était veloutée et flottante. Elle claquait doucement contre les joues comme une étoffe, puis elle s'en allait avec son soupir et on l'entendait se balancer dans les arbres. Les étoiles remplissaient le ciel. Ce n'étaient plus les étoiles d'hiver, séparées, brillantes. C'était comme du frai de poisson. Il n'y avait plus rien de formé dans le monde, même pas de choses adolescentes. Rien que du lait, des bourgeons laiteux, des graines laiteuses dans la terre, des semences de bêtes et du lait d'étoiles dans le ciel. Les arbres avaient l'odeur puissante de quand ils sont en amour. « Combien d'ici à la Croix-Chauve? dit Marthe. - Cinq kilomètres par la route. » A un moment, au fond de la nuit, ils entendirent le bruit de l'étang. C'était un murmure de roseaux et des claquements sur les pierres. Le bruit s'éloigna et se perdit. Ils n'eurent plus, autour d'eux, que des landes plates. Venait l'odeur lointaine des marécages. Les étoiles s'étaient brouillées à l'est et au sud. A d'autres endroits elles avaient disparu derrière des nuages. La pluie marcha dans la lande. Elle soulevait l'odeur de la terre, l'odeur de la pierre. l'odeur des écorces. C'était une pluie mince, suspendue dans le ciel comme un serpent qui danse sur sa queue. Elle touchait trois plantes ici, trois plantes là, là un arbre, là le coin d'un champ, là Marthe sans toucher Jourdan. Puis, le serpent s'écroulait des hauteurs du ciel, son corps lourd écrasait la terre, les arbres, les feuilles sèches du sous-bois, et on l'entendait là-bas devant se couler dans les humus bruissants de la forêt. Le vent parlait. C'était un vent laiteux comme tout le reste. Il était plein de formes, plein d'images, de lueurs, de lumières, de flammes qui n'éclairaient pas un centimètre de la terre mais qui illuminaient tout le dedans du corps. Il charriait des mots, comme les pierres dans les torrents. On les entendait sonner. Il disait : montagne, glace, résine de sapin, vallée de l'Ouvèze, avec l'eau, les roseaux, les bauges d'oiseaux prêts à l'amour ; les amandiers du fond du plateau sont fleuris; les argilières de Chayes se sont remises en mouvement et l'argile coule lentement vers la vallée ; j'ai passé sur de l'argile neuve ; il y aura de nouveaux renards, il y avait huit renards, ils vont doubler au moins, la renarde appelle, appelle, appelle depuis trois nuits, mais surtout cette nuit-ci, écoute; attends, je vais voir là-haut - il remontait dans la nuit - le haut du ciel est comme une voûte de cave, tu entends, je frappe de la tête là-haut, et je m'y tourne, et je m'y roule, et me voilà - il redescendait - mais une grande voûte large, avec de vastes pays dessous pleins d'échos et de remous, et d'arbres et de bêtes vivantes, et d'hommes en route sur des routes et qui m'écoutent en marchant, et ça les porte, et ça les berce, et ils ne, pensent plus à des pas qui s'ajoutent à des pas, mais grâce à moi voilà qu'ils voient la voûte du ciel qui contient tout et tout est vivant, tout s'agite doucement dans cette nuit comme. une innombrable portée de porcelets roses sous le ventre chaud de la truie. Puis le silence. On approchait de la forêt. Les feuilles n'étaient pas encore dépliées. La forêt ne parlait pas. Les bourgeons de la Lisière qui étaient de clairs bourgeons de fayards et d'aulnes à profusion faisaient devant la route une barrière phosphorescente. « La forêt est molle », dit Marthe. Les bourrasques silencieuses couraient sur la lande. Elles arrivaient avec un tambour de vent, un crépitement de pluie. Elles étaient passées. L'eau était tiède. Il en restait deux ou trois gouttes sur le visage. La Croix-Chauve était, au milieu du bois, la rencontre de la route et d'une tranchée forestière. On avait à l'entour arrondi une clairière en rasant les arbres. La nuit était éclairée par les étoiles laiteuses et par la lueur des bourgeons. La forêt était toute en charpente, en piliers et en poutrelles. Les nuages passaient avec la petite pluie qui sifflait comme une couleuvre en s'enroulant dans les branches. Un moment, ils apportaient l'ombre opaque. Mais, dans tout ce gui n'était pas sous le nuage on pouvait voir l'échafaudage des arbres, la transparence des branches qui allaient, comme des poutres, de piliers en piliers sans porter de toiture et entre le feuillage desquelles continuait à trembler le ciel brasillant. Puis le nuage s'en allait. On voyait tout près de soi monter le tronc luisant d'un fayard, puis le corps d'un bouleau lisse et portant comme un pilier de marbre une frise de mousse à l'endroit où les branches venaient s'appuyer sur lui. De loin en loin, suivant le flagellement de la pluie qui vernissait des buissons d'aulnes aux bourgeons éclatants puis s'en allait pour les laisser à leurs lueurs..."

Jean GIONO – Que ma joie demeure



Voir la liste des anciens numéros du"Trochiscanthe nodiflore" (les archives) : cliquez [ici]

Site internet : Rencontres sauvages

Me contacter : pascal@pascal-marguet.com

Calendrier 2011 : Pour le télécharger directement au format pdf (1200 ko), cliquez [ici]

 

Pour vous désinscrire, vous pouvez m'envoyer un e-mail (en répondant à ce message) avec pour objet "désinscription",

ou en cliquant

[ici]

Pour partager cette page sur "FaceBook", cliquez sur le bouton ci-dessous :



Rejoignez-moi sur "FaceBook" en cliquant sur le lien suivant :

[http://www.facebook.com/marguet.pascal]