Le Trochiscanthe nodiflore [TN] n°271 - Mardi 14 juin 2011

"Lettre hebdomadaire" du site "Rencontres Sauvages"
explications sur le nom de cette lettre : [ici]
Si cette page ne s'affiche pas correctement, cliquez [ici]


WA Mozart - la Flute enchantée
Air de Papageno et de Papagena

Pour regarder et écouter,
cliquez sur la flèche au bas de l'image...

 



ou cliquez [ici]




Couple de Sittelle torchepot
La Rivière-Drugeon (Haut-Doubs)
avril - mai 2011

Dans un Frêne

L'oiseau, près de son nid : on l'appelle "torchepot", vu sa capacité à maçonner
l'ouverture du nid afin de le réduire à une bonne dimension.

Une petite chenille pour le (ou la) couveur(se)

Avant l'envol

Des matériaux, pour l'intérieur du nid ?

Temps maussade

Dans la lumière du matin

Petit déjeuner : jeunes pousses de Frêne !

Toilette

Avez-vous remarqué que l'oiseau est bagué ?!

Portrait serré !
<image recadrée>

Les oeufs ont éclos : l'adulte ressort du nid avec une crotte
(afin de garder le nid propre et de ne pas attirer l'attention
des prédateurs, les crottes sont ainsi évacuées)

Nourrissage

Vue d'en bas

Vue de plus loin

Descente le long du tronc du Frêne, la tête en bas !

<images recadrées> : les images ont toutes été recadrées
(j'étais posté assez loin, de manière à ne pas déranger les oiseaux)



Petit texte :

"L’amour des différences

«Si je diffère de toi, loin de te léser, je t'augmente», Saint Exupéry, Lettre à un otage.

Cette évidence, tous nos réflexes la nient. Notre besoin superficiel de confort intellectuel nous pousse à tout ramener à des types et à juger selon la conformité aux types; mais la richesse est dans la différence.

Beaucoup plus profond, plus fondamental, est le besoin d’être unique, pour «être» vraiment. Notre obsession est d'être reconnu comme une personne originale, irremplaçable; nous le sommes réellement, mais nous ne sentons jamais assez que notre entourage en est conscient. Quel plus beau cadeau peut nous faire l'«autre» que de renforcer notre unicité, notre originalité, en étant différent de nous? Il ne s'agit pas d'édulcorer les conflits, de gommer les oppositions; mais d'admettre que ces conflits, ces oppositions doivent et peuvent être bénéfiques à tous.

La condition est que l'objectif ne soit pas la destruction de l'autre, ou l'instauration d'une hiérarchie, mais la construction progressive de chacun. Le heurt, même violent, est bienfaisant; il permet à chacun de se révéler dans sa singularité; la compétition, au contraire, presque toujours sournoise, est destructrice, elle ne peut aboutir qu'à situer chacun à l'intérieur d'un ordre imposé, d'une hiérarchie nécessairement artificielle, arbitraire.

La leçon première de la génétique est que les individus, tous différents, ne peuvent être classés, évalués, ordonnés: la définition de «races», utile pour certaines recherches, ne peut être qu’arbitraire et imprécise ; l'interrogation sur le «moins bon» et le «meilleur» est sans réponse; la qualité spécifique de l'Homme, l'intelligence, dont il est si fier, échappe pour l'essentiel à nos techniques d'analyse; les tentatives passées d’ «amélioration» biologique de l'Homme ont été parfois simplement ridicules, le plus souvent criminelles à l'égard des individus, dévastatrices pour le groupe.

Par chance, la nature dispose d'une merveilleuse robustesse face aux méfaits de l'Homme : le flux génétique poursuit son oeuvre de différenciation et de maintien de la diversité, presque insensible aux agissements humains ; "l’univers des phénotypes", ou nous vivons, n'a fort heureusement que peu de possibilités d'action sur l’ «univers des génotypes», dont dépend notre avenir. Transformer notre patrimoine génétique est une tentation, mais cette action restera longtemps, espérons-le, hors de notre portée.

Cette réflexion peut être transposée de la génétique à la culture : les civilisations que nous avons sécrétées sont merveilleusement diverses et cette diversité constitue la richesse de chacun de nous. Grâce à une certaine difficulté de communication, cette hétérogénéité des cultures a pu longtemps subsister; mais, il est clair qu'elle risque de disparaître rapidement. Notre propre civilisation européenne a étonnamment progressé vers l'objectif qu'elle s'était donné: le bien-être matériel. Cette réussite lui donne un pouvoir de diffusion sans précédent, qui aboutit peu à peu à la destruction de toutes les autres; tel a été le sort, pour ne citer qu'un exemple parmi tant d'autres, des Esquimaux d’Ammassalik, sur la côte est du Groenland, dont R.Gessain a décrit la mort culturelle sous la pression de la «civilisation obligatoire».

Lorsque l'on constate la qualité des rapports humains, de l'harmonie sociale dans certains groupes que nous appelons «primitifs», on peut se demander si l'alignement sur notre culture ne sera pas une catastrophe ; le prix payé pour l'amélioration du niveau de vie est terriblement élevé, si cette harmonie est remplacée par nos contradictions internes, nos tensions, nos conflits. Est-il encore temps d'éviter le nivellement des cultures ? La richesse à préserver ne vaut-elle pas l'abandon de certains objectifs qui se mesurent en produit national brut ou même en espérance de vie ?

Poser une telle question est grave ; il est bien difficile, face à cette interrogation, de rester cohérent avec soi-même, selon que l'on s'interroge dans le calme douillet de sa bibliothèque ou que l'on partage durant quelques instants la vie d'un de ces groupes qui nous émerveillent, mais où les enfants meurent, faute de nourriture ou de soins.

Pourrons-nous préserver la diversité des cultures sans payer un prix exorbitant ?

Subi ou souhaité, un changement de l'organisation de notre planète ne peut être évité; la parole est donc aux «utopistes». Certains d'entre eux posent le problème en termes inattendus, ainsi Yona Friedman intitulant un de ses livres Comment vivre entre les autres sans être chef et sans être esclave ?
Même lorsque le monde qu’ils nous proposent nous paraît vraiment trop «
différent» du nôtre, nous pouvons être à peu près sûrs que la réalité le sera plus encore.

Cet effort d'imagination, il semble que la génération, si décriée, qui s'apprête à nous succéder l'ait déjà largement entrepris. La révolte contre la trilogie métro-boulot-dodo, contre le carcan du confort douceâtre, l'affadissement du quotidien organisé, la mort insinuante des acceptations, ce sont nos enfants qui nous l'enseignent.

Sauront-ils bâtir un monde où l'Homme sera moins à la merci de l'Homme ?”


Albert Jacquard – Eloge de la différence



Voir la liste des anciens numéros du"Trochiscanthe nodiflore" (les archives) : cliquez [ici]

Site internet : Rencontres sauvages

Me contacter : pascal@pascal-marguet.com

Calendrier 2011 : Pour le télécharger directement au format pdf (1200 ko), cliquez [ici]

 

Pour vous désinscrire, vous pouvez m'envoyer un e-mail (en répondant à ce message) avec pour objet "désinscription",

ou en cliquant

[ici]

Pour partager cette page sur "FaceBook", cliquez sur le bouton ci-dessous :



Rejoignez-moi sur "FaceBook" en cliquant sur le lien suivant :

[http://www.facebook.com/marguet.pascal]