Le Trochiscanthe nodiflore [TN] n°258 - Mardi 15 mars 2011

"Lettre hebdomadaire" du site "Rencontres Sauvages"
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Vers le Nord...
Musique du film "le Peuple Migrateur" - Bruno Coulais

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Vers le Nord...
Halte d'une troupe de Cigognes blanches à
Courvières (Haut-Doubs)
dimanche 6 mars 2011

Un groupe de Cigognes blanches s'est arrêté pour la nuit dans un champ...

... juste derrière ma "ferme" (côté exposé à l'est, au soleil levant !).
La quatrième fenêtre en partant de la gauche est celle de ma chambre
(celle avec des volets "violets").

A 7h30, elles sont encore endormies.

Compagnon d'"Envie d'Air"* !

*c'est un "oyos" (sculpture d'oiseau) qui m'a été offert : il trône sur le rebord de la fenêtre de ma chambre et regarde à l'extérieur vers le champ (et donc vers les Cigognes...).

Courvières et son église
(la veille, toutes les Cigognes étaient posées sur l'église,
mais je n'ai pas pu les photographier...).

La troupe se réveille.

Quelques individus s'éloignent de quelques mètres.

Toutes (ou à peu près !) sont baguées.

Toilettes.

Envol.

Atterrissage.
<image recadrée>

<image recadrée>

La troupe s'anime.

Devant la ferme de mes voisins (Marie et Eugène).

Solitudes.



Petit texte :

"Une heure avant la fin de la nuit, un sanglier entra dans le bois de mélèzes par la lisière basse. Il monta à travers les arbres. Il était couvert de boue. Il marchait gravement avec ses dernières forces, comme à la fin d'une grande chasse. Il s'appuya contre le tronc d'un arbre. Il se reposa. Il était bouleversé par une terrible respiration de fatigue ; son souffle gémissait tout seul entre ses dents. Aucune bête de sa race n'était jamais montée jusqu'ici. Il ne connaissait ni ces arbres ni cette terre. Il se remit en marche. Il cherchait son chemin dans les endroits où le sol était le plus abrupt. Son désir était de monter le plus haut possible. Il y mettait ses dernières forces. Il mâchait la terre à pleines mâchoires pour s'accrocher à des racines et se tirer en haut. Son mufle saignait. De temps en temps il s'arrêtait et il mordait farouchement dans la nuit une odeur de terre mouillée et d'eau. Mais l'odeur le suivait toujours ; elle restait autour de lui. Il était couvert de boue, le ventre écorché, l'échine douloureuse, où ses gros poils collés par la boue se hérissaient chaque fois qu'il sentait cette odeur de terre mouillée et d'eau. Il semblait poursuivi par un mystère. Enfin, il tomba ; il se coucha ; il étendit ses pattes. Il tremblait. Il essaya de se tirer encore plus haut avec toutes ses forces mais il ne pouvait plus. Il ferma les yeux. Toujours l'odeur de l'eau. Il essayait de la chasser en soufflant. Puis il respira avec moins de peine. Il s'étira ; le pli sensible de ses cuisses toucha la mousse tiède. Il se frotta doucement avec son reste de force ; les feuilles sèches craquaient sous lui. Une sorte de bruit sourd et continu, pas très fort mais creusé de cent échos très profond, lui fit comprendre la hauteur. Il sentit l'odeur nouvelle de l'écorce des mélèzes. Sous ses paupières fermées ses yeux s'illuminaient de clignement d'or comme des guêpes dans le soleil. Il ouvrit les yeux. La nuit éclaircie ne portait plus que trois grosses étoiles pâles. Dans l'aube glauque on voyait se tordre, en bas dessous, les épaules noires des nuages qui bouchaient la vallée ; elles faisaient fumer du brouillard comme la poussière d'un travail caché. Il regarda autour de lui. Il était au bord d'une haute clairière. D'un côté, par-dessus la cime des arbres, il pouvait voir un immense horizon que les flottements de la nuit dégageaient. De l'autre côté, les arbres serrés montaient toujours et la forêt finissait contre une muraille de rochers dressés dans le ciel jusque dans les hauteurs où rien n'avait encore de forme. Peu à peu, l'odeur d'eau et de boue qu'il avait emportée avec lui se fondait sous les odeurs de plus en plus fortes des écorces de mélèzes, des feuillages de bure, des rochers, une odeur d'oiseau, une odeur de ciel, de sécurité, de sommeil. Enfin, il sentit l'odeur fauve de son propre corps, sa sueur. L'odeur de sa vie. Alors, il retroussa lentement ses babines sur ses dents jaunes et il s'endormit..."

Jean GIONO – Batailles dans la montagne



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