Le Trochiscanthe nodiflore [TN] n°221 - Mardi 15 juin 2010

"Lettre hebdomadaire" du site "Rencontres Sauvages"
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Boccherini -
Concerto pour violoncelle G 480

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Dans les roseaux...

Mésange bleue
Lac de Neuchâtel (Suisse)
Samedi 17 avril 2010

Lac de Neuchâtel (Suisse)
Samedi 17 avril 2010

<image recadrée>
Lac de Neuchâtel (Suisse)

Samedi 17 avril 2010

Lac de Neuchâtel (Suisse)
Samedi 17 avril 2010

<image recadrée>

Lac de Neuchâtel (Suisse)
Samedi 17 avril 2010

Foulque macroule cherchant sa nourriture
Lac de Neuchâtel (Suisse)

Samedi 17 avril 2010

Cygne tuberculé couvant
(c'est la plus longue incubation chez les oiseaux d'Europe !)
Lac de Saint Point (Haut-Doubs)
Dimanche 23 mai 2010

Héron cendré se posant au bord du Lac
Lac de Saint Point (Haut-Doubs)
Dimanche 23 mai 2010

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Lac de Saint Point (Haut-Doubs)
Dimanche 23 mai 2010

A la pêche !
Lac de Saint Point (Haut-Doubs)
Dimanche 23 mai 2010

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Lac de Saint Point (Haut-Doubs)
Dimanche 23 mai 2010

Lac de Saint Point (Haut-Doubs)
Dimanche 23 mai 2010

Patience !
Lac de Saint Point (Haut-Doubs)
Dimanche 23 mai 2010

Dans le fouillis des phragmites : une Rousserole chante.
Lac de Saint Point (Haut-Doubs)
Dimanche 23 mai 2010

Lac de Saint Point (Haut-Doubs)
Dimanche 23 mai 2010

Lac de Saint Point (Haut-Doubs)
Dimanche 23 mai 2010

Lac de Saint Point (Haut-Doubs)
Dimanche 23 mai 2010

Lac de Saint Point (Haut-Doubs)
Dimanche 23 mai 2010

Foulque macroule couvant sur son nid
Lac de Saint Point (Haut-Doubs)
Dimanche 23 mai 2010



Petit texte :

"Ce qui m'a toujours paru important, dans mon travail de naturaliste, ce n'est pas tant de rendre compte des éléments les plus spectaculaires de notre décor que de cheminer à travers les réalités immédiates, de prêter l'oreille, de tenter d'ouvrir les yeux pour saisir ce qui palpite parfois à deux pas de notre porte. Plusieurs fois j'ai fait le tour de ma maison, essayant d'exprimer la vie formidable qui module et siffle à fleurs de terre, la musique souvent discrète de tous les êtres qui accompagnent notre si bref passage sur la terre.
Et puis, un jour, les grandes volées qui passent en criant au-dessus de mon toit m'ont donné le désir de faire, moi aussi, le vaste voyage d'Amérique. Il m'arrivait bien sûr de quitter les abords de la batture. J'avais déjà conduit mes lecteurs et mes auditeurs dans les îles du golfe Saint-Laurent, dans les marécages de Floride, dans les déserts de Californie, mais je n'avais pas encore fait le récit de cette excursion qui m'a, il n'y a pas si longtemps, conduit à l'autre extrémité du Canada.
Il y a une dizaine d'années, un bref séjour à Vancouver m'avait permis de constater qu'un nombre impressionnant d'oiseaux passent l'hiver dans ce lieu béni où le
Fraser s'ouvre et se ramifie en plusieurs bras avant de rencontrer le Pacifique. A quelques kilomètres de Vancouver, sur cette prodigieuse Active Pass qu'emprunte le traversier reliant la côte à la ville de Victoria, j'avais pu observer, pendant que les orques croisaient sans cesse notre proue, une trentaine d'Aigles à tête blanche, des centaines Grèbes de l'Ouest, des milliers de canards de toutes espèces. On estime à quatre millions le nombre d'oiseaux aquatiques qui suivent la voie migratoire du Pacifique en automne. Cent trente-sept espèces choisissent de passer l'hiver dans les environs de la ville.
Cette première visite m'avait vraiment mis en appétit. Avide de la musique des oiseaux, j'entretenais toujours le rêve d'aller entendre chanter ceux de Vancouver pendant la saison où les arbres en fleurs rosissent la ville entière. J'avais entendu parler d'oiseaux rares et fabuleux, de chanteurs énigmatiques menant une existence furtive sous les hautes futaies humides. L'un des plus curieux représentants de la faune avienne du monde habite justement au bord des nombreux torrents qui dévalent les montagnes de la Colombie-Britannique. Il s'agit d'un petit oiseau de la grosseur d'un Etourneau, le Cincle d'Amérique, dont le plumage grisâtre se confond avec les cailloux qui bordent les cours d'eau sauvages. Son nom anglais Dipper nous renseigne sur son habitude la plus remarquable, celle de trouver sa nourriture en plongeant. Mais le Cincle n'est pas un plongeur ordinaire. Il est en fait le seul passereau capable de marcher et même de courir sur le fond des rivières torrentueuses. Pour cet exercice inusité, la vie l'a muni d'ailes tronquées, d'un plumage parfaitement étanche et d'une troisième paupière qui lui permet, à des profondeurs atteignant trois fois la taille d'un homme, de voir sous l'eau.
Eté comme hiver, le Cincle patrouille dans le lit des torrents ; c'est un être qui aime la solitude des habitats sauvages. Bien peu de personnes ont pu apercevoir cet oiseau secret, moins encore ont entendu son chant délicieux, pareil au ramage énergique du troglodyte, que recouvre la plupart du temps le tumulte des eaux bouillonnantes...
[...]
... Nous étions occupés à ranger les appareils et nos vêtements d'excursionnistes dans le coffre de la voiture, quand j'aperçus un trotte-menu qui filait sur le tronc renversé d'un arbre, à deux pas de nous.
Ce n'est pas une souris, suggéra Dan, calmement comme à son habitude.
En y regardant d'un meilleur oeil, je me rendis compte qu'il s'agissait plutôt d'un oiseau minuscule, un des plus petits du Canada, le Troglodyte des forêts, qui s'affairait à transporter des bouts d'herbe au fond d'une cavité où il avait dû établir son nid. Quelques minutes plus tard, il chanta. Quelle merveille que cette irruption sonore, cette architecture en dentelles, cette ferveur de notes claires, débordement enflammé de tintements cristallins et de gazouillis zézayés, donnés avec tant de force que le chant semble ne jamais vouloir finir.
Cette rencontre de dernière heure me remplit d'un sentiment d'irrépressible jubilation. Cet oiseau minuscule, le seul des soixante-trois membres de sa famille à avoir quitté l'Amérique et à avoir, dans les très vieux temps, franchi le détroit de Béring pour aller essaimer en Sibérie, se répandant par la suite en Asie et en Europe, atteignant même l'Angleterre où il est traité avec affection ; ce petit être à peine visible sur le fond obscur des grands bois me paraissait exprimer à sa manière le sens de mon travail : cheminer, où qu'elle se trouve, dans la nature vivante, m'attarder devant les êtres menus et m'ouvrir à l'enchantement qu'ils peuvent offrir. Cet enchantement, nous en avons parfois besoin pour pacifier, ne serait-ce qu'un instant, les orages qui nous hantent, pour mettre un peu de baume sur cette secrète douleur qui est le lot de tous les mortels. Jamais je n'ai voulu restreindre le regard au fond du jardin. Je n'ai jamais donné à croire que le bonheur suprême se trouve dans un chant d'oiseau. J'ai toujours cru cependant que cette ivresse si particulière puisée dans la contemplation des présences vivantes nous place sur la voie, non seulement de la tolérance, mais d'un élargissement de la sensibilité, puis de la pensée.
Il me plaisait assez que ce fût justement le Troglodyte des forêts qui me le rappelât, lui qui, d'arbre en arbre, de forêt en forêt, d'un continent à un autre, a osé entreprendre le grand périple universel."

Pierre MORENCY - Lumière des oiseaux



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