Petit texte :
"-
Ecosocialisme, écosociété, écocitoyen,
écommunications, écosanté, écoparlement…
Il ne s’agit pas d’un nouvel « écoculte »
!... Le préfixe « éco » symbolise ici la
relation étroite entre l’économie et l’écologie
; et met l’accent sur les relations entre les hommes et ce qu’ils
appellent leur « maison », l’écosphère.
- Lors du premier référendum « électronique
» organisé sur terminaux individuels, les écocitoyens
ont préféré à tout hymne national une
citation de Dennis Meadows (universitaire américain qui, en
1971, avait attiré l’attention sur la nécessité
des limites de la croissance).
«
Après
deux siècles de croissance, nous nous retrouvons avec des sciences
naturelles et sociales grevées de partis pris et de taches
aveugles. Il n’y a pas actuellement de théorie économique
d’une société fondée sur la technologie
où les taux d’intérêt se ramènent
à zéro, où le capital productif ne tende pas
à l’accumulation, et où le principal souci soit
celui de l’égalité, plutôt que de la croissance.
Il n’y a pas de sociologie de l’équilibre qui s’intéresse
aux problèmes sociaux d’une population stabilisée,
où les hommes et les femmes d’un certain âge soient
en majorité. Il n’y a pas de science politique de l’équilibre
capable de nous éclairer sur les moyens de pratiquer le choix
démocratique, dans une société où le gain
matériel à court terme cesserait d’être
le critère de la réussite politique. Il n’y a
pas de technologie de l’équilibre qui donne la priorité
absolue au recyclage de la matière sous toutes ses formes,
à l’utilisation de l’énergie solaire qui
n’est pas polluante, à ma minimisation des flux tant
de matière que d’énergie. Il n’y a pas de
psychologie de l’état de stabilité qui permette
à l’homme de trouver une nouvelle image de lui-même
et d’autres motivations, dans un système où la
production matérielle serait constante et équilibrée
en fonction des ressources limitées de la terre.
Tel serait donc le grand défi pour chacune de nos disciplines
traditionnelles : élaborer le projet d’une société
qui trouve ses ressorts matériels et son attrait dans l’état
d’équilibre. La tâche serait lourde de difficultés
techniques et conceptuelles : les solutions n’en seraient que
plus satisfaisantes pour l’esprit, et d’un immense avantage
pour la société »."
Extrait
du dernier chapitre intitulé « Scénarios
pour un Monde, du livre
« Le Macroscope », de Joël de Rosnay,
Editions du Seuil, 1975