Le Trochiscanthe nodiflore [TN] n°214 - Mardi 27 avril 2010

"Lettre hebdomadaire" du site "Rencontres Sauvages"
Si cette page ne s'affiche pas correctement, cliquez [ici]


Renaud - La pêche à la ligne

Pour écouter,
cliquez sur la flèche au centre de l'image...

 



ou cliquez [ici]



Bergeronnette grise mâle

Courvières (Haut-Doubs)
Lundi 5 et samedi 10 avril 2010


Poster sur cet oiseau.



Petit texte :

"Au soir, je m'allongeai au coin d'une maison, surveillant les arbres les plus chargés et les plus visités, ayant calculé le vent au mieux. Une trouble lumière lunaire filtre à travers les nuages. 20 h 30. Au haut du pré étroit qui fut la rue du village, un souffle puissant : « chah-hooh... » J'entends mâcher l'ours, une branche craque, il s'est dressé contre un arbre. Vais-je contourner ce buisson qui le cache encore ? Autant attendre, car la chance est grande qu'il arrive tout près. Dix minutes d'espoir, de tension... puis plus rien. Un caprice du vent lui a-t-il porté mon odeur ? Ou est-ce ce cheval dont j'entends la clochette et que des bûcherons bosniaques viennent nuitamment, clandestinement, faire paître ? Si j'avais cherché à approcher, j'aurais attribué à cette manoeuvre le gâchage d'une chance superbe. Deux nuit, je guette, assis sur ce qui fut le pas d'une porte. Si l'ours vient, il sera à 5 mètres, le risque d'un tourbillon est grand, mais le vent paraît très constant. Un renard qui croque les poires, une belette à mes pieds, deux chevreuils au galop, un chat sauvage – rare aubaine – tout noir dans l'éclat sourd du clair de lune. Aucune de ces bêtes ne m'a senti, mais l'ours ne vient pas. La lune se lève plus tard, le temps se gâte, le vent change. Je me juche sur les murs les moins croulants. Pas assez haut cependant pour que l'ours, qui aborde le village à bon vent, ne me perçoive pas. Une fois assez loin, une autre fois dans les buissons tout près, le puissant souffle, et un grognement mécontent. Et encore un grognement qui pourrait aussi être celui d'un sanglier. Il faut se soustraire à ce nez subtil, établir une petite plate-forme sur un vieux poirier. La première nuit, je crois entendre furtivement l'ours. La troisième, à 22 h 15, il est là, froissant le feuillage d'un « prunaulier ». Pendant trois heures, je l'entends mâcher, son souffle irrégulier m'indique sans cesse où il est, mais il ne sort pas du fouillis des framboisiers, eupatoires et autres grandes plantes qui ont poussé entre les ruines. 3 h, il trouve des pruneaux où il n'en semblait guère rester. D'un moment à l'autre, j'espère voir le voir venir au poires. Il ne se doute certes pas de ma présence, mais sa méfiance l'empêche de s'aventurer à découvert. Vais-je descendre et tenter de l'approcher ? C'est gâcher la chance de l'avoir tout près. Et dans le fourré, il faudrait être à ses côtés pour le voir. Sa respiration s'éloigne, il se secoue. Silence. Le coeur brouillé de déception, j'admire pourtant l'efficacité des précautions qui m'ont tenu tant de nuits en échec. Au jour, il paraîtra incroyable qu'il ait pu se cacher dans se maigre couver où il a foulé de larges sentiers. Deux nuits encore, où j'entends sans les voir des renards, des sangliers, le gémissement de la laie et le crissement des marcassins, les loirs, les bécasses, des hérons et autres échassiers de passage, et il me faut admettre mon échec définitif..."

Robert HAINARD – Le Guetteur de Lune



Voir la liste des anciens numéros du"Trochiscanthe nodiflore" (les archives) : cliquez [ici]

Site internet : Rencontres sauvages

Me contacter : pascal@pascal-marguet.com

Calendrier 2010 : Pour le télécharger directement au format pdf (1000 ko), cliquez [ici]

 

Pour vous désinscrire, vous pouvez m'envoyer un e-mail (en répondant à ce message) avec pour objet "désinscription",

ou en cliquant

[ici]

Pour partager cette page sur "FaceBook", cliquez sur le bouton ci-dessous :



Rejoignez-moi sur "FaceBook" en cliquant sur le lien suivant :

[http://www.facebook.com/marguet.pascal]