Petit texte :
"
DASSINE OULT YEMMA
était une musicienne et poétesse targuie considérée
comme “Grande Sultane du désert” et “Grande
Sultane d'Amour” car elle était messagère de paix
entre les touareg dissidents .Elle était contemporaine de Charles
de Foucauld qui parle d'elle comme d'une très belle femme.
Dans le poème qui suit, elle décrit notre écriture,
celle des arabes et particulièrement l’écriture
tamacheq des touareg, les tifinaghs...
« Tu écris ce que tu vois et ce que tu écoutes
avec de toutes petites lettres serrées, serrées, serrées
comme des fourmis, et qui vont de ton cœur à ta droite
d'honneur.
Les arabes, eux ont des lettres qui se couchent, se mettent à
genoux et se dressent toutes droites, pareilles à des lances
: c'est une écriture qui s'enroule et se déplie comme
le mirage, qui est savante comme le temps et fière comme le
combat. Et leur écriture part de leur droite d'honneur pour
arriver à leur gauche, parce que tout finit là : au
cœur.
Notre écriture à nous, au Hoggar, est une écriture
de nomades parce qu'elle est toute en bâtons qui sont les jambes
de tous les troupeaux : jambes d'hommes, jambes de méhara,
de zébus, de gazelles : tout ce qui parcourt le désert.
Et puis les croix disent que tu vas à droite ou à gauche,
et les points – tu vois, il y a beaucoup de points – ce
sont les étoiles pour nous conduire la nuit, parce que nous
les Sahariens, on ne connaît que la route qui a pour guides,
tour à tour, le soleil et puis les étoiles. Et nous
partons de notre cœur et nous tournons autour de lui en cercles
de plus en plus grands, pour enlacer les autres cœurs dans un
cercle de vie, comme l'horizon autour de ton troupeau et de toi-même.
»"
Ce
poème de Dassine est tiré de
“La Femme Bleue” de Maguy Vautier