Le Trochiscanthe nodiflore [TN] n°202 - Mardi 26 janvier 2010

"Lettre hebdomadaire" du site "Rencontres Sauvages"
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Silence - Fred Pellerin

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Pyrénées sauvages ...
Ferme "Berdoulets", Astugue et Germs sur l'Oussouet
(Hautes-Pyrénées)
dimanche 27 et jeudi 31 décembre 2009

Arbre mort au bord du chemin.

Forêts pionnières.

Chataîgnier vénérable.

Le même avec une ancienne charette...

Montée vers un sommet, vue sur la vallée.

Le dernier "foyard" (Hêtre).

L'estive du Pic du Montaigu, enneigée...

La hêtraie : l'ours hiberne !

Vue de dessous.

Le grand Chêne sous la pluie.

Gorgones végétales.

La Bessée (forêt de Bouleaux).

Rougegorge familier.
<image recadrée>

Ronces.

Bouleaux dans l'azur.

Dernier vol de Grues de l'année ?
<image recadrée>

Un autre Chêne...

Fin de l'année 2009 !



Petit texte :

"Je regardais en l'air, perdu par osmose dans le questionnement infini de l'éther. Le ciel était un magma d'étoiles et de nébuleuses et de novas, une pâte de lumière plus ou moins consistante, délayée par endroits dans l'épais jus noir que le grand poulpe du centre de l'univers sécrète sans arrêt pour nous confondre. Des milliards d'étoiles tremblotaient dans cette gelée noire, ce caviar stellaire, vibrait faiblement comme de minuscules embryons chargés d'électricité. On aurait dit le négatif photographique d'une formidable masse d'oeufs de grenouille, avec les futurs têtards grouillant imperceptiblement dans la gélatine originelle. Des milliards de chances, des milliards de mises au monde dans le grand jeu de hasard intergalactique. Pourquoi aura-t-il fallu que je tombe ici, à cheval sur la ligne de démarcation entre la montagne et la plaine, entre le nord et le sud, adossé à l'antique bouclier laurentien, à cet écu géologique auquel semble m'acculer toute la planète ? Pourquoi moi ici ?
Je guettais, je quêtais un signe, une miette de sens échappée à la signification astronomique, une goutte de voie lactée ambrosiaque qui saurait m'expliquer le pari de ma naissance. Et soudain, c'est comme si le firmament trop prégnant s'était crevé d'un seul coup. D'abord, un éclair furtif a attiré mon attention au-dessus de la ligne des arbres. J'ai cru avoir été victime d'une hallucination visuelle, du genre de celles que favorise le recours trop fréquent à certaine fumée odorante. Mais comme j'allais partir, le phénomène s'est répété : le voile noir s'est déchiré et une étoile filante a fulminé une seconde avant de s'évanouir. Pendant que je tentais fébrilement de formuler un voeu, un troisième météore s'est détaché de là-haut, laissant flotter une traînée phosphorescente pendant un très bref instant. Alors là, ça s'est mis à pleuvoir, à percer la nuit de toutes parts, à s'entrecroiser, à se télescoper, à se bousculer pour faire flamboyer le ciel devant mes yeux écarquillés. Certaines zébraient la nuit d'un horizon à l'autre, comme des sagettes trempées dans de la lumière. D'autres striaient un segment restreint de la voûte bleutée, puis s'effaçaient à la façon d'un songe. D'éphémères traces de couleur subsistaient dans le sillage de quelques-unes, le rouge et le vert se disputant l'espace aérien. Ça circulait tout en flammes glacées, comme des flagellés filipendules se débattant dans les affres d'une agonie fantastique. C'étaient des filons d'or, des flammèches de phosphore, ça coulait comme de la cire fondue brasillante tombée d'un innombrable condélabre abattu, c'étaient de complexes constellations en constante réorganisations, des gerbes de fusées éclairantes, des girandoles d'éclats de galaxies en guerre, de la poussière d'étoiles retombant lentement une éternité après un cataclysme lointain, ça faisait rage à la grandeur du cosmos et ça s'infiltrait dans ma tête ouverte, offerte.
Je ne pensais plus à un voeu. Instinctivement, le long des coutures de mon jeans, mes index poinçonnaient le vide en vain, à la recherche des boutons qui me permettraient de contrôler, d'orchestrer ce déchaînement apocalyptique, ce cyclone carnavalesque dont j'étais fortuitement l'oeil immobile. Deux étoiles incandescentes, l'une verte et l'autre rouge, au vol parallèle et puissant, tracèrent un pont aérien suspendu pendant une infinitésimale éternité dans le vide. Le ciel tout entier allumait des torches pour m'indiquer un passage quelque part. Frottées à la troposphère, des douzaines d'allumettes célestes me rendaient du feu et traçaient un ballet de toute beauté, d'une magnificence qu'aucun feu d'artifice ne pourra jamais atteindre. Mes neurones surexcités me restituèrent avec une fulgurance douloureuse, les formes généreuses et débordantes de tendre fluidité de la fille au menton de général en campagne, c'est formes qu'elle avait eu l'indicible bonté, avant de regagner la plaine, d'exposer un moment à mes prunelles dilatées. Je lui criais, par-delà le ciel : allez ! Serais-tu un ange, je te retrouverais quand même, dussè-je aller te chercher sur un nuage où tu t'offrirais nue à ma rage de te posséder ! Serais-tu un démon, je me taperais la géhenne et tout le trip orphéen pour te présenter le seul bijou que ne peut ciseler aucun orfèvre : la première goutte adamantine qui sourd de la profondeur des bourses déliées. Moi, Edouard Malarmé, roi du
pinball à qui sont destinés ces serpentins de feu et cette pluie de confettis en fusion je me vois déjà éparpiller mes synapses jusque dans le ciel, prendre les commandes d'un grand pinball céleste dont je ferai flamber de mes index frénétiques les circuits surchargés et qui m'emmènera loin, bien loin sur les ailes d'Icare et de Pégase et des cavaliers porteurs de ma petite apocalypse à moi..."

Louis HAMELIN - La Rage



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