Le Trochiscanthe nodiflore [TN] n°199 - Mardi 5 janvier 2010

"Lettre hebdomadaire" du site "Rencontres Sauvages"
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Je viens de mettre en ligne un calendrier pour
l'année 2010.

Pour le télécharger directement au format pdf (1 000 ko),

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(puis imprimer-le sur du papier cartonné)

Les images ci-dessous en constituent les illustrations.

Bonne et heureuse année

à toutes et tous.

Merci de votre fidélité.



Hautes-Pyrénées

Janvier

Février


Mars

Avril

Mai

Juin

Juillet

Août

Septembre

Octobre

Novembre

Décembre



Petit texte :

"Samedi matin à cinq heures, avec encore la nuit pleine, on a entendu une longue tringle de fer qui sonnait contre de la pierre. C'était d'abord comme une cloche fine, puis on se disait « 
Non, ce n'est pas une cloche, mais qu'est-ce que c'est ? » Et on s'est réveillé. C'était le nettoiement du four sur la place. Il était tout en feu au milieu de la nuit. On avait retiré les braises et nettoyé pour enfourner. On pouvait voir, autour, trois ou quatre femmes et, allongées par terre, de longues mannes de pâte, emmaillotées comme des enfants de géants.
Après, il a fait soleil. Il y avait une odeur de pain en train de se faire. A dix heures, les enfants sont sortis de l'école. Ils se sont précipités dans les maisons. Pas un n'est resté sur la place pour jouer. Seul, le petit Nicolas est parti à travers les prés, car il habite à la scierie, près du ruisseau. Il s'en allait de mauvais gré. Il s'arrêtait de temps en temps et il regardait le village. A ce moment-là, il y avait le grand silence et l'odeur du pain.
Alors, sept femmes sortirent dans la rue. C'est par hasard qu'elles étaient sept. Il y en eut d'abord une là-bas au bout de la rue, près des champs, puis une autre près du bureau de tabac, puis une à l'épicerie, et ainsi de suite. Comme si tout le village s'ouvrait. Elles marchaient lentement. Des enfants les suivaient. Elles montèrent vers le four. C'était le samedi matin. On allait défourner la première grosse fournée du village. Luce du Jacques prit le griffard et ouvrit la porte. Il n'y a plus beaucoup d'oiseaux chez nous à cette époque de l'année, mais tous ceux qui restaient volèrent jusqu'aux deux petits érables près du four. Ils se mirent à crier. Les enfants criaient. Tout un concert de voix menues, puis des voix d'hommes demandant ce que c'est, puis des pas d'hommes sur le chemin du four. Des appels de femmes. Tant l'odeur de pain maintenant était forte. Les enfants faisaient le cercle d'un peu loin. Ils avaient laissé la place pour les grandes personnes. Les hommes entraient dans le cercle. Ils disaient : « 
Oh ! Là ! » Luce tirait les pains avec la longue pelle. Les sept corbeilles étaient rangées devant le four. Luce appelait : « Noémie ! Rose ! Virginie ! Elisa ! Pauline ! Amicia ! (Celle-là, c'est la femme d'un Italien d'ici qui fait le maçon.) Puis, elle disait : « Moi » et elle faisait tomber un pain dans sa corbeille. Les autres, chaque fois qu'on disait leurs noms, prenaient le pain. Les enfants parlaient à voix basse. Les hommes trouvaient que c'était beaucoup d'ordre. Il y avait douze pains pour chacune. Le pain craquait le chaud dans les corbeilles. Luce fouillait dans le four avec sa pelle. Les enfants ne parlaient plus. Ils respiraient juste, juste. Ils regardaient la bouche du four avec tant d'attention qu'ils faisaient de petits gestes sans s'en apercevoir...
"

Jean GIONO - Les vrais richesses


La Tordue - Le Pétrin

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