Le Trochiscanthe nodiflore [TN] n°188 - Mardi 13 octobre 2009

"Lettre hebdomadaire" du site "Rencontres Sauvages"
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Toccata et Fugue en ré mineur - JS BACH

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Vols d'Etourneaux
Courvières (Haut-Doubs)
Dimanche 9 août et vendredi 18 septembre 2009

En face de la fenêtre de ma chambre, une petite troupe d'Etourneaux sansonnets s'est posée sur l'arbre mort...

Dans l'aubépine : ce sont des grappes d'oiseaux...

Un Rougequeue vient observer aussi le spectacle.

Essais sur l'envol de la petite troupe.

En flou-filé.

Atterrissage.

Portée d'Etourneaux.

De plus près : sur l'antenne de télévision.
Je n'ai pas la télévision mais l'antenne de la propriétaire précédente est restée en place !

Une autre troupe.

Sur les fils électriques...



Petit texte :

"Le soleil décline vers le mur du Jura. Un petit vol d'Etourneaux s'est abattu sur un peuplier et jase dans le feuillage : les premiers au rendez-vous. Mais il semble grossir à vue d'oeil : sans cesse de nouveaux arrivants se joignent à la troupe et les branches plient bientôt sous leur poids. Peu à peu, d'autres vols apparaissent, semblables d'abords à des fumées lointaines, puis sombres nuages, enfin essaims compacts d'oiseaux noirs. Leurs évolutions stupéfiantes sillonnent le ciel : c'était tout à l'heure un ballon, maintenant c'est un ruban ; une brusque conversion les rassemble en colonne, en croissant ; leur formation s'étire, puis se masse à nouveau, tourne, tombe et s'élève avec une surprenante rapidité. On ne se lasse pas de suivre leurs mouvements, de s'étonner de la précision et de la perfection des manoeuvres. Tous restent dans le rang - si l'on peut dire - chacun garde ses distances, aucun ne rompt l'ensemble ou ne se sépare, et pourtant il n'est pas de chef. L'individu s'est fondu dans la collectivité et une seule conscience anime toute la volée.
Tout à coup, ils se jettent sur un peuplier et brusquement, comme délivré de l'invisible contrainte, chaque oiseau se met à bavarder et à s'agiter. Les arbres ont changé de forme et de couleurs sous ces fruits vivants qui surchargent les branches de leurs grappes. Mille voix volubiles s'unissent dans un vacarme de cascade. Entre-temps, d'autres cohortes sont venues, de tous côtés, et toutes se livrent aux jeux aériens, se précipitent sur les arbres d'alentour, étapes habituelles avant le coucher.
Le soleil vient de disparaître. Ils sont maintenant des milliers, et la descente va commencer. Régiment après régiment, les Etourneaux évoluent encore, énorme draperie sombre qui se roule et se déroule, puis soudain se déchire au-dessus des roseaux où se déverse impétueusement la multitude. D'autres vols, à toute vitesse, débouchent derrière les cîmes des peupliers, tombent et éclatent littéralement sur la phragmitaie, dans un grondement d'ailes prolongé.En une dizaine de minutes, les roseaux se sont affaissés, chacun ployant sous le faix de plusieurs oiseaux. La foule couvre la verdure d'un voile noirâtre, et le tohu-bohu des babillards, interrompu pendant la descente, reprend de plus belle. On se bouscule, on se déplace ; un remue-ménage indescriptible fermente dans la gigantesque assemblée, si disciplinée tout à l'heure. Chacun prononce son discours, pot-pourri des sons les plus variés. Tandis que l'immense rumeur s'élève dans la fraîcheur du crépuscule, des troupes revenant de lointaines expéditions passent en coup de vent et rallient le dortoir.
Au petit matin, dans la grisaille, la foule s'éveille au sein des roseaux argentés de rosée : un colloque général salue l'aube et se poursuit jusqu'au moment où le soleil apparaît. Tout à coup un silence absolu... puis le tonnerre de l'envol. Un nuage sombre s'exhale du dortoir, composé de la totalité des oiseaux, étreints à nouveau par la discipline collective. Sans muser aux alentours, les Etourneaux se disloquent en bataillons et disparaissent aux quatres vents. Les premiers rayons solaires n'éclairent plus qu'une étendue bien délimitée de roseaux pliés et cassés, souillés de déjections blanches ou violettes..."

Les Passereaux d'Europe - Paul GEROUDET



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