Mardi 12 mai 2009
Dernières images du site "Rencontres Sauvages" : 167
Si cette page ne s'affiche pas correctement, cliquez [ici]


Nuages

Haut-Doubs et Hautes-Pyrénées

Poster que je viens de réaliser sur ce thème.

Face à l'observatoire du Pic du Midi de Bigorre.
Pic du Montaigu (Hautes-Pyrénées)
Août 2006

Coucher de soleil sur Astugue (Hautes-Pyrénées).
Mars 2009

Coucher du soleil sur une mer de nuages.
Pic du Montaigu (Hautes-Pyrénées)
Août 2006

Cumulus au dessus du Risoul.
Mont d'Or (Haut-Doubs)
Octobre 2006

Rêves d'Alpes.
Mont d'Or (Haut-Doubs)
Octobre 2006

Face au Alpes I.
Mont d'Or (Haut-Doubs)
Novembre 2008

Face au Alpes II.
Mont d'Or (Haut-Doubs)
Novembre 2006

Brumes.
Pic du Montaigu (Hautes-Pyrénées)
Août 2007

Echarpe.
Pic du Montaigu (Hautes-Pyrénées).
Août 2007

Coucher de soleil sur la vallée.
Pic du Montaigu (Hautes-Pyrénées)
Août 2006

Lever de soleil sur une mer de nuages.
Pic du Montaigu (Hautes-Pyrénées)
Août 2006

A l'assaut du Mont d'Or (Haut-Doubs)
Août 2006

Ciel du soir au dessus du Mont d'Or (Haut-Doubs)
Novembre 2004

Coucher de soleil au Col du Tourmalet (Hautes-Pyrénées)
Août 2008

Mer de nuages sous le Pic du Montaigu (Hautes-Pyrénées).
Août 2007



Petit texte :

"Et, tandis que nous la regardions, voici que la cime se dématérialisa lentement. Il y eut d'abord une gaze légère qui se tendit entre elle et nous. C'était presque imperceptible, un simple frissonnement de l'espace. Puis la brume lança l'une après l'autre des vagues d'assaut qui rongèrent ses bases. Elle se détacha enfin du sol, brusquement envolée à une hauteur incroyable, dériva quelques secondes encore dans l'air flou comme un tapis magique, vacilla et s'éteignit pour jamais. Au même instant, les nuages nous plongèrent dans l'ombre et le rideau fut tiré.
Ils s'étaient longtemps bousculés dans une mêlée confuse au pied des promontoires, butés, culbutés, virant de bord et revenant obstinément se cogner aux parois. Mais, à la fin, le vent s'empara d'eux.
Alors toute l'armada commença de défiler majestueusement par-dessus nos têtes. Ils arrivaient l'un après l'autre, en bon ordre, avec leurs vastes voiles gonflées de lumière et de vent, glissant dans le courant sud-sud-ouest. Et l'ombre de ces superbes frégates fuyait silencieusement sur les fonds ondulés du glacier. Leurs masses et leurs contours variaient à l'infini, les uns tranchant l'espace avec des proues nettes comme des couperets et d'autres abandonnant derrière eux un sillage de vapeurs phosphorescentes qui tanguaient et s'évanouissaient lentement dans l'azur. Et il y en avait des milliers et des milliers qui dérivaient ainsi aux quatre coins de l'horizon, débâcle d'une gigantesque banquise d'où émergeaient çà et là les écueils des sommets. Puis, sur une nouvelle variation de pression, le niveau se mit à baisser. Ils cessèrent de franchir les arêtes et, canalisés par elles, coulèrent toujours plus rapides et plus pressés, un peu en deçà. De rares lucarnes béaient encore sur les profondeurs marines des vallées, déroulant au hasard des forêts, des alpages, la veine brillante d'un ruisseau, le coup de dés d'un village, puis se refermèrent l'une après l'autre ; si loin que portait le regard, il y eut une mer brillante où nageait en sens inverse la flotte encore plus brillante des hautes neiges.
Vers le nord, cet océan se déversait avec la lenteur inexorable des laves par dessus le Col de Miage, inondait l'autre versant et venait heurter de plein fouet les falaises obscures du Mont Blanc. Là, c'était un tumulte de formes translucides et dansantes, d'écumes, de volutes et de remous, de lames légères butant contre les caps, explosant avec de longues fusées de vapeurs qui croulaient ensuite en ruisselant le long des rochers : une tempête d'équinoxe au ralenti. Le combat, désespéré du plus fluide contre le plus dur. Mais, cependant, après des milliards d'assauts, dans un temps vertigineux où dix siècles ne valaient pas une seconde, il y aurait un vainqueur et un vaincu, et le nuage triompherait paradoxalement des granits.
Tout le long du jour, ce fut ainsi ; ainsi tout le long de l'arête. Têtus et maladroits, nous pérégrinions sur cette passerelle hardiment lancée à travers les sables mouvants du vide, et derrière nous s'accumulaient, au fur et à mesure de notre avance, ses volutes et ses détours. Elle avait à la fois les ondulations reptiliennes d'un câble fouettant l'air et la puissante fixité des marbres. Et l'on sentait que ces arcs-boutants et ces voûtes, toute cette gloire et cette logique, n'étaient que l'aboutissement de contreforts qui plongeaient leurs racines jusqu'au sein de la terre. Chaque courbe, le fruit suprême d'un effort que l'on pouvait suivre jusque dans la vallée, et elle chantait pour tout le reste.
Mais, en dehors de nous autres et de l'arête, il n'y avait plus que les images fuyantes d'un rêve, un grand délire de l'espace, une fantasmagorie souriante où les neiges, les brumes et les ombres liaient et déliaient sans une seconde d'interruption les figures innombrables de leur danse. Nous passions de l'ombre au soleil et tantôt des trappes de vide s'entrouvraient brusquement à nos pieds, tantôt nous errions dans un cosmos laiteux d'où surgissaient, de la manière la plus inattendue, des lambeaux de ciel ou de parois.
La pâte des nuages se modelait comme une cire au gré des courants, poussant une série continuelle d'ébauches et de maquettes, de vagues tentatives vers un ordre et une harmonie jamais atteints. Une espèce de chaos élémentaire, où toutes les formes existaient encore en puissance et cherchaient désespérément à se réaliser. Ainsi le plus petit nuage tâchait de devenir dragon. Il lui plaisait d'être dragon. Et vite, il commençait de pousser une queue et des pattes admirablement crochues... (c'était merveille de voir comme tout cela « faisait » dragon...) Mais, quand il en venait à la tête, cette maudite queue se détachait sans crier gare. Alors il décidait d'être cheval... non, bateau, aéronef, Iles Britanniques, Louis XIV... n'importe quoi, quelque chose enfin ! Las ! A peine suggérées, les formes fuyaient le regard comme des nymphes et s'anéantissaient l'une l'autre. L'enchanteur invisible qui présidait à la fête sortait une locomotive d'un oeuf avec une aisance déconcertante, puis, fendant du haut en bas, d'un coup de baguette magique, le rideau des brumes, entrebâillait pour nous seuls d'éblouissantes perspectives pleines de décors à trompe-l'oeil et de mirages. D'insidieuses invitations au voyage retentissaient à nos oreilles parmi les molles steppes de l'espace, les Arcadies triomphales semées de colonnades, de palais et de dômes, tous construits par le Bramante. Puis ces mondes atteignaient une perfection inquiétante et commençaient à chanceler. Les glorieuses coupoles s'effondraient sur elles-mêmes avec langueur, accumulaient des décombres informes d'où naissaient à leur tour les portiques et les minarets d'une Bagdad fabuleuse... Sur quoi les brumes exécutaient, pour clore la parade, un fondu d'apothéose.
Un dernier nuage s'entrouvrit enfin sur quelque chose de fixe, de dur, de réel. Une longue digue cimentée de neige s'allongea tout d'un coup cent mètres plus bas, entre deux lacs de brumes houleuses, joignant d'un bord à l'autre les escarpements du fjord. Et vers le milieu de cette digue, un peu en contrebas sur le versant ouest, tour à tour émergée ou noyée d'écume, il y avait une boîte carrée, miroitante, espèce de piège à rats qu'Alain nous désigna de son piolet tendu :
« La cabane, dit-il. Col du Miage... »
"

SAMIVEL – L'Amateur d'Abimes


Django REINHARDT - Nuages

Pour écouter,
cliquez sur la flèche au centre de l'image...



ou cliquez [ici]




Voir la liste des anciens numéros de "Dernières Images" (les archives) : cliquez [ici]

Site internet : Rencontres sauvages

Me contacter : pascal@pascal-marguet.com

Calendrier 2009 : Pour le télécharger directement au format pdf (900 ko), cliquez [ici]

 

Pour vous désinscrire, vous pouvez m'envoyer un e-mail (en répondant à ce message) avec pour objet "désinscription",

ou en cliquant

[ici]