Mardi 21 avril 2009
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Quartiers Berlioz et des "Castors"

Mai et juin 2005
Pontarlier (Haut-Doubs)

Chat.

Coquelicots.

Moineau domestique mâle.

Les 4 tours de jour (vues depuis la Chapelle de l'Espérance).
Depuis cette photographie, une tour a été abattue (cf plus bas).

Les 4 tours, de nuit.

Au pied d'une tour, lors de la fête du quartier.

Les balcons.

Les toits du quartier des "castors".
Ces habitations ont été construites dans une démarche collective
de construction (les "castors").

Vue sur le quartier "Berlioz" et des "Castors" à partir du 10ème étage d'une tour.

J'avais réalisé ce petit reportage pour la MJC des Capucins (qui intervient sur ces quartiers).
Dans ce cadre, j'ai pu réaliser des posters qui ont été exposés pour la rénovation de ces quartiers.

Pour voir les posters, cliquez [ici] (quartier des "Castors") ou sur

ou [ici] : quartiers des "Castors" et "Fin de Sel"

ou [ici] : Quartier des Tours I

ou [ici] : Quartier des Tours II

ou [ici] : Quartier des Tours III

ou [ici] : Quartier des Tours IV

et enfin [ici] : pour voir le poster de la destruction d'une tour




Petit texte :

"Alors que le cercueil de papa était vide, son dressing était plein. Et après plus d'un an, ça sentait encore comme quand il se rasait. J'ai touché tous ses T-shirts blancs. J'ai touché la belle montre qu'il ne portait jamais et les lacets de rechange pour ses baskets qui ne courraient jamais plus autour du réservoir. J'ai mis les mains dans les poches de tous ses vestons (j'ai trouvé une fiche de taxi, un emballage de mini-Krackle et la carte d'un diamantaire). J'ai mis les pieds dans ses pantoufles. Je me suis regardé dans son chausse-pied métallique. En moyenne, les gens mettent sept minutes à s'endormir, mais moi j'arrivais pas à dormir, même après des heures, et ça rendait mes semelles de plomb plus légères d'être près de ses affaires, de toucher des trucs qu'il avait touchés, et de redresser un peu les cintres, alors que je savais que ça n'avait pas d'importance.
Son smoking était posé sur la chaise où il s'asseyait pour lacer ses chaussures et j'ai pensé, Bizarre. Pourquoi n'était-il pas pendu avec ses costumes ? Papa était-il rentré d'une réception la veille de sa mort ? Mais alors pourquoi aurait-il enlevé son smoking sans le pendre ? Il avait peut-être besoin d'un nettoyage ? Mais je ne me souvenais pas d'une réception. Je me souvenais qu'il était venu me border, et qu'on avait écouté quelqu'un qui parlait grec à la radio, et qu'il m'avait raconté une histoire sur le sixième district de New-York. Si je n'avais rien remarqué d'autre, rien de bizarre, je n'aurais plus repensé au smoking. Seulement je me suis mis à remarquer plein de trucs.
Il y avait un joli vase bleu sur l'étagère du haut. Qu'est-ce qu'un joli vase bleu faisait tout là-haut ? Je ne pouvais pas l'atteindre, évidemment, alors j'ai approché la chaise avec le smoking encore dessus et puis je suis allé dans ma chambre chercher le Théatre complet de Shakespeare que grand-mère m'a offert quand elle a appris que j'allais jouer Yorick, je l'ai rapporté par paquets de quatre tragédies jusqu'à ce que la pile soit assez haute. J'ai grimpé là-dessus et ça a bien marché pendant une seconde. Mais j'ai à peine posé les doigts sur le vase que les tragédies ont commencé à vaciller, sans compter que le smoking distrayait incroyablement mon attention et tout s'est donc retrouvé par terre, y compris moi, y compris le vase cassé en mille morceau. J'ai crié : « J'ai rien fait ! » mais ils ne m'entendaient même pas, parce qu'ils écoutaient la musique trop fort et se fendaient trop la pêche. Je me suis enfermé en moi-même comme dans un sac de couchage et j'ai tiré la fermeture Eclair jusqu'en haut, pas parce que j'avais mal, pas parce que j'avais cassé quelque chose, mais parce qu'ils se fendaient la pêche. Alors que je savais qu'il ne fallait pas, je me suis fait un bleu.
Je me suis mis à tout nettoyer, et là j'ai remarqué autre chose de bizarre. Au milieu de tous ces morceaux de verre, il y avait une petite enveloppe à peu près de la taille d'une carte réseau sans fil. Hein quoi qu'est-ce ? Je l'ai ouverte et dedans il y avait une clé. Quoi qu'est-ce de quoi qu'est-ce ? C'était une clé bizarre, évidemment la clé de quelque chose d'extrêmement important, parce qu'elle était plus épaisse et plus courte qu'une clé normale. Je n'avais aucune explication : une grosse clé courte, dans une petite enveloppe, dans un vase bleu, sur l'étagère du haut de son dressing.
J'ai commencé par faire ce qui était logique, le plus secrètement possible, essayer la clé dans toutes les serrures de l'appartement. Je savais, sans avoir à l'essayer, que ce n'était pas celle de la porte d'entrée puisqu'elle était différente de la clé que je porte accrochée à mon cou par une cordelette pour entrer quand il n'y a personne à la maison. Sur la pointe des pieds, sans me faire remarquer, je suis allé essayer la clé dans la serrure de la salle de bains, dans celle des chambres à coucher et des tiroirs de la commode de maman. Je l'ai essayée sur le petit bureau de la cuisine où papa s'occupait des factures, et sur le placard à côté du placard à linge, où je me cachais des fois quand on jouait à cache-cache, et aussi dans la serrure de la boîte à bijoux de maman. Mais elle n'allait nulle part.
Dans mon lit ce soir-là j'ai inventé un écoulement spécial qui serait sous tous les oreillers de New-York et aboutirait au réservoir. Chaque fois que quelqu'un pleurerait en s'endormant, les larmes iraient toutes au même endroit, et le lendemain matin la météo pourrait annoncer si le niveau du Réservoir des Larmes avait monté ou baissé, on saurait si New-York porte ou non des semelles de plomb. Et chaque fois qu'il arriverait quelque chose de vraiment vraiment terrible – une bombe thermonucléaire, ou au moins une attaque par armes biologiques -, une sirène extrêmement forte se déclencherait, disant à tout le monde d'aller à Central Park mettre des sacs de sable autour du réservoir...
"

Extrêmement fort et incroyablement près - Jonathan SAFRAN FOER

 

Enfant de la Ville - GRAND CORPS MALADE

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