Mardi 31 mars 2009
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Exposition des 28 et 29 mars 2009
à la
salle annexe des Annonciades
(Pontarlier - Haut-Doubs)

Les 6 images exposées et le livret sur le thème de l'EAU.

Une des images du livret reproduite par l'Est Républicain (du 29 mars 2009)
pour illustrer l'article de presse sur cette exposition.
Le journaliste s'est un peu trompé sur mon prénom !!!

Pour voir le livret virtuel sur le thème de l'EAU,

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Timide Printemps !


Dimanche 15, samedi 21 et dimanche 22 mars 2009

Courvières, Vuillecin et au bord
du Lac de Saint Point (Haut-Doubs)

Verdier d'Europe (une femelle ?),
pris pendant un affût devant la "ferme" de Courvières.

Rougequeue noir mâle
(de retour de migration !).

Pinson des arbres mâle.

Mésange charbonnière.

Pinson des arbres mâle.

Une autre Mésange charbonnière.

Au bord du Lac de Saint Point, un Rougegorge familier.

Perché sur un chardon.

"Chacha", le chat d'un ami, à Vuillecin, profite des premiers rayons du soleil.

Un autre chat (une femelle qui habite dans la grange)
vient d'attraper un lézard vivipare (qui vient
tout juste de sortir d'hibernation !) dans mon jardin potager.

Pinson des arbres femelle sur la clôture de la "ferme" de Courvières.



Petit texte :

"Et le moment fut là, ineffable, où elle perçut de tout son être, au-delà de ce qui frappait ses sens, un accord merveilleux qu'elle n'eût jamais imaginé. Si elle eût pensé à elle-même, ce n'eût été que pour prendre conscience de la grâce qui lui était donnée : petite et seule, infime créature accueillie dans un monde sans limites, participant et s'abolissant tout ensemble, non plus reflet, ni regard, ni écho, mais ce monde même, dans son immensité.
Les arbres passaient à côté d'elle, autour d'elle, compagnons toujours renouvelés, toujours les mêmes, une foule où elle était prise, bienheureusement entraînée. Le sol, tout ombre et lumière, chatoyait, tour à tour mordoré de fougères et cuivré de feuilles en jonchée. Mais tout cela, qu'elle voyait dans l'instant et sans que rien lui échappât, n'avait d'autre réalité que la plénitude de sa joie. Et pareillement les bruits légers qui passaient avec les arbres, le battement d'une feuille contre sa branche, le petit cri, incroyablement aigu et fort, d'un troglodyte qui courait sur la mousse ne prenait de réalité que sur la trame d'un silence prodigieux, plus vivant que toute rumeur sensible. Et ce silence aussi était sa joie.

Quand cette joie fut pleine et parfaite, elle sut qu'elle était arrivée. Là où elle était maintenant, ainsi perdue, solitaire, exaucée, là était le coeur de la forêt. Ce n'était qu'une rotonde feuillue entourée de chênes vénérables, non tant exceptionnels par l'ampleur de leur ramure que par leur assemblée même. Ils ne semblaient ainsi réunis que pour enclore plus jalousement cette vaste salle végétale, pour qu'y régnât exactement la lumière qui l'éclairait, fluide, glauque, égale et tranquille ; et avec cette lumière, fondu en elle, le miraculeux silence qu'avait pressenti son attente.
Elle s'était arrêtée d'elle-même. Elle ne savait ce qu'elle attendait, et pas même qu'elle attendait. Elle était là, baignant dans l'immobile lumière et dans la tièdeur du silence. Elle attendait dans une solitude absolue, un déliement de toute chose et de tout amour humain qui eussent dû la désespérer, mais qui exaltaient au contraire toutes les puissances de sa vie.
Et voici que de la lumière même, et du silence, mille certitudes venaient à elle, devenaient elle et la comblaient. Au-delà de ce que voyaient ses yeux - les colonnes des chênes assemblés, leur épaisse et grise écorce, les noeuds de leurs racines et la puissance de leur plongée, - elle voyait ce qui restait caché, de toute part mêlé à la forêt. Et elle le voyait à son gré, sans qu'elle eût à faire un pas puisqu'elle était au coeur de la forêt et que, l'ayant ainsi trouvé, elle était devenue ce coeur même. Pas une bête qui ne vint à elle, qui ne lui donnât son regard, qui ne léchât, pour peu qu'elle le voulût, sa main offerte. L'épaisseur lustrée des pelages, elle la touchait, la caressait. Qu'un faon bêlât dans un hallier lointain, elle l'entendait. Sous la bouillée de feuilles où sa mère l'avait caché, elle le voyait tendre le cou, bêler vers la longue biche à l'instant de son retour. Et la biche pliait les genoux, se couchait, soulevait un peu sa cuisse pour que le faon pût mieux s'y blottir et trouver la source du lait.
Les mères surtout venaient à elle, les laies, les hases, les oiselles accouvées sur leurs nids. Et tout ainsi lui était rendu. Sans qu'elle songeât à sa chambre de femme, à l'époux qu'elle chérissait, au berceau de son petit garçon, elle avait sur le visage un sourire où passait l'embellie de toutes les tendresses. La tièdeur des terriers, leur odeur de terre et de mousse, les troncs d'arbres où l'écureuil, grognant tout bas, plonge sa petite main griffue pour y enfouir les faînes de l'hiver, le nid abandonné où vibre encore une plume prisonnière, promesse du nid futur et des éclosions du printemps, tout passait dans la lumière. Elle entendait dans le silence courir la sève, le gland tomber de branche en branche, à petits chocs, étouffer son rebond sur la mousse. A un moment, devant ses yeux, un pic passa, déroulant d'un chêne à un autre les festons bruyants de son vol. Son camail écarlate, les bariolures éclatantes de ses ailes glissèrent confusément comme à travers un rêve. Il disparut derrière un arbre, et elle le vit alors comme si elle l'eût touché, cramponné de tous ses ongles, toutes les plumes de sa queue étalées, plaquées sur l'épaisseur du chêne, le col renversé en arrière et tâtant à la pointe du bec les fissures de la rude écorce.
La lumière baissait peu à peu, en une décrue si lente qu'elle ne s'en apercevait pas. Mais cela éveillait en elle, avec la même lenteur sereine, une gravité recueillie où elle redevenait Florie. Ainsi, insensiblement, émergeait-elle de la solitude merveilleuse où elle était restée plongée. Mais cela, loin de troubler sa joie, y ajoutait une douceur humaine qui bientôt l'inclinerait au retour. Ivre encore de ses découvertes, soulevée encore, comme une nageuse sur l'épaule de la vague, par la révélation d'un monde inépuisablement renouvelé, rajeuni, elle y retrouvait auprès d'elle les compagnons de sa longue quête, elle les unissait dans un partage où chacun d'eux recevait tout, et qui les réconciliait. Ce que son père avait si ardemment cherché, ce que Waudru dans sa simplesse avait depuis longtemps trouvé, et ce que La Brisée, par désespoir de ne l'avoir pu forcer, regrettait à en mourrir, elle leur en faisait offrande, le leur donnait et redonnait dans l'instant même où cela lui était donné.
La lumière avait encore décru. Les chênes, dans la pénombre, semblaient ainsi grandir et resserrer leur colonnade. Deux d'entre eux, juste en face d'elle, en rejoignant leurs maîtresses branches, ouvraient une porte à haute voûte sur de lointaines profondeurs d'ombre. Elle frissonna, rentra peureusement en elle-même, recouvra tout à coup, avec le sentiment de son corps périssable, celui de son infinité. Elle recommença d'attendre. Mais sa joie n'avait pas faibli..."

Maurice GENEVOIX – La Forêt Perdue.

 

Kiri te Kanawa
"Un bel di vedremo"
- Madame Butterfly (Puccini)

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