Mardi 9 septembre 2008
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Regain

Astugues (Hautes-Pyrénées)
Dimanche 24 et mardi 26 août 08

Vue sur Astugues.

Abeille butinant.

Samuel, mon frère, fauchant son regain.

La terrasse devant la yourte.

La yourte, vue du dessus (entre les chataigniers).

Milan royal virant.

... puis inspectant le regain (à l'affût des insectes, dérangés par la fauche),

... et plongeant vers le regain (en train de sêcher).

Buse variable décollant (ce rapace, contrairement au Milan royal, se pose afin de chasser les insectes).

Argiope rayée femelle sur sa toile (elle vient d'emmailloter une proie !).

Une autre (de face).

La bergerie est vide. Où est passé le troupeau ?
Elle se remplie (au fond !) de grosses balles de foin (et bientôt de regain) pour l'hiver prochain.



Petit texte :

"Gaubert, c'est un petit homme tout en moustache. Du temps où il y avait ici de la vie, je veux dire quand le village était habité à plein, du temps des forêts, du temps des oliveraies, du temps de la terre, il était charron. Il faisait des charrettes, il cerclait des roues, il ferrait les mulets. Il avait alors une belle moustache en poils noirs ; il avait aussi des muscles précis et durs comme du bombou et trop forts pour son petit corps, et qui le lançaient à travers la forge, de-ci, de-là, de-ci, de-là, toujours en mouvement, à sauts de rat. C'est pour cela qu'on lui a mis le nom de "
guigne-queue" : ce petit oiseau que les buissons se jettent comme une balle sans arrêt pendant trois saisons de l'an.
C'est Gaubert qui faisait les meilleurs charrues. Il avait un sort. Il avait creusé un trou sous un cyprès et le trou s'était rempli d'eau, et cette eau était amère comme du fiel de mouton, probablement parce qu'elle suintait d'entre les racines du cyprès. Quand il voulait faire une charrue, il prenait une grande pièce de frêne et il la mettait à tremper dans le trou. Il la laissait là pas mal de temps, de jour et de nuit, et il venait quelquefois la regarder en fumant sa pipe. Il la tournait, il la palpait, il la remettait dans l'eau, il la laissait bien s'imbiber, il la lavait avec ses mains. Des fois, il la regardait sans rien faire. Le soleil nageait tout blond autour de la pièce de bois. Quand il revenait à la forge, Gaubert avait les genoux des pantalons tout verts d'herbe écrasée. Un beau jour, c'était fait ; il sortait sa poutre et il la rapportait sur l'épaule, toute dégouttante d'eau comme s'il était venu pêcher dans la mer ; puis, il s'asseyait devant sa forge. Il mettait la pièce de bois sur sa cuisse. Il la pesait de chaque côté à petites pesées ; il la tordait doucement et le bois prenait la forme de la cuisse. Eh bien, ça fait de cette façon, c'étaient les meilleures charrues du monde des laboureurs. Une fois finie, on venait la voir ; on la touchait ; on la discutait ; on disait :
- Gaubert, combien tu en veux ?
Et lui, il s'arrêtait de sauter de l'enclume au baquet pour dire :
- Elle est promise..."

Jean GIONO - Regain



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