Mardi 22 juillet 2008
Dernières images du site "Rencontres Sauvages" : 125
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"Bêtes à cornes" sous la pluie

Escargot effectuant un demi-tour.
Lac de Saint Point (Haut-Doubs)
Samedi 15 juin 08 (matin)

Dressé !

Jeune chamois sous la pluie battante, ruminant.
La Cluse et Mijoux (Haut-Doubs)
Dimanche 6 juillet 08

Mouillé !




Petit texte :

"
Un jour, enfin, je me trouvai devant la porte de l’ermitage et, le cœur battant, je frappai. A mon immense surprise, le maître qui vint m’ouvrir ne marqua aucun étonnement. « C’est bien que tu reviennes, je t’attendais », dit-il.
Peu de temps après, il m’annonça sans détour :
« Ce que je peux t’apprendre, c’est la grande tradition ancienne. Tu es jeune, tu vis dans un temps ouvert à toutes les influences, certaines viennent de très loin. Mais ce serait regrettable pour toi d’ignorer ces trésors vivants du passé qui ont fait la preuve de leur valeur. D’abord, donc, posséder ce que la tradition offre de meilleur. Comment ? Oh ! la voie que tu as déjà suivie : commencer par la calligraphie, continuer par le dessin qui permet de maîtriser la technique du trait, puis s’attaquer à l’art de l’encre pour aboutir enfin à une composition organique dans laquelle le plein incarne la substance des choses et le vide assure la circulation des souffles vitaux, reliant ainsi le fini à l’infini, comme la Création même. »
Plus tard, m’ayant initié à l’art du trait et de la composition organique, le maître me dit : «La peinture chinoise est fondée sur un apparent paradoxe : elle obéit humblement aux lois du réel, dans toutes les manifestations de la vie visible et invisible, et dans le même temps, elle vise d’emblée la Vision. Il n’y a en fait pas de contradiction. Car le véritable réel ne se limite pas à l’aspect chatoyant de l’extérieur, il est vision. Celle-ci ne relève aucunement du rêve ou d’un fantasme du peintre, elle résulte de la grande transformation universelle mue par le souffle-esprit, elle ne peut être captée par l’homme qu’avec le regard de l’esprit, ce que les Anciens appelaient le troisième œil ou l’œil de Sapience. Comment posséder cet œil ? Il n’y a pas d’autre voie que celle fixée par les maîtres Chan, c’est-à-dire les quatre étapes du voir : voir ; ne plus voir ; s’abîmer à l’intérieur du non-voir ; re-voir. Eh bien, lorsqu’on re-voit, on ne voit plus les choses en dehors de soi ; elles sont partie intégrante de soi, en sorte que le tableau qui résulte de ce re-voir n’est plus que la projection sans faille de cette intériorité fécondée et transfigurée. Il faut donc atteindre la Vision. Tu t’accroches encore trop aux choses. Tu te cramponnes à elles. Or, les choses vivantes ne sont jamais fixes, isolées. Elles sont prises dans l’universelle transformation organique. Le temps de peindre, elles continuent à vivre, tout comme toi-même tu continues à vivre. En peignant, entre dans ton temps et entre dans leur temps, jusqu’à ce que ton temps et leur temps se confondent. Sois patient et travaille avec toute la lenteur voulue. »"

François CHENG - Le Dit de Tianyi



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