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Courvières (Haut-Doubs) mercredi 31 décembre 2014 JS Bach Pour regarder et écouter, ou cliquez [ici] Pour découvrir ce qui se
cache dans ce morceau de musique, Pour la regarder et l'écouter, ou cliquez [ici]
"C'était l'hiver sur la plaine et sur la forêt. La neige glacée couvrait partout le sol. Depuis trois semaines pourtant, elle ne tombait plus, mais le gel qui l'avait cristallisée en paillettes luisantes d'une finesse merveilleuse l'avait rendue plus subtile encore et plus traîtresse. Pas un abri n'échappait à son assaut ; son emprise fluante et légère s'étendait aux recoins les mieux défendus et, selon le caprice des bises de décembre qui se plaisent à mener aux carrefours des chemins et aux croisements des tranchées forestières leurs bals blancs, le tourbillonnement gracieux des papillons immaculés s'élevait et s'abaissait, recouvrant, au fur et à mesure de leur apparition, les traces mouvantes des passages frayés. Les nuits se succédaient, tantôt assombries par les troupeaux de nuées couleur d'encre à qui le couchant certains soirs semblait ouvrir des portes de sang et qui erraient désolées par le ciel, tantôt illuminées de fantastiques clairs de lune dont les rayons dessinaient au pied des arbres solitaires et dans les vergers dénudés des silhouettes menaçantes d'ombres immobiles et difformes. Et les bêtes des bois avaient faim. Les renards, dont les fourrures épaisses dissimulaient la maigreur, se réunissaient, de soir en soir plus nombreux, au centre d'une clairière rocheuse et les jeunes qui, naguère, durant l'assemblée des adultes, jouaient à se pincer les pattes et à se mordiller le cou, avaient perdu leur bel entrain. Immobiles, assis sur le derrière, la queue largement étalée, ils regardaient les vieux goupils et leurs compagnes dont les yeux inquiets et les museaux plus pointus encore que d'ordinaire disaient l'angoisse croissante. Les plus madrés compères s'étaient aventurés vers le soir aux lisières des bois, scrutant l'horizon et humant le vent et nul n'avait découvert, dans les rafales de froidure qui fouettaient les muqueuses surexcitées de leurs narines, la direction de la charogne nourricière exposée peut-être quelque part au loin et vers laquelle la tribu pérégrinerait à travers le silence de la nuit. La ventrée hebdomadaire payait à peine les audacieux qui se hasardaient, sous les regards des fenêtres des hommes, à aller arracher quelque quartier glacé à l'appât qu'on avait installé à leur intention. Les lièvres méfiants, les oreilles perpétuellement tendues, sursautaient dans leurs gîtes au moindre choc, au plus léger froissement. Messire Tasson, le blaireau au fond de son terrier, couché en rond, dormait son pesant sommeil hivernal ; les martres descendaient de leurs pins vers les arbres de la vallée, tandis que leurs cousines les fouines, installées dans les chaumes des toitures ou dans les gerbiers des granges paysannes, vivaient au jour le jour de menues rapines sanglantes souvent payées de leur vie..." Louis
Pergaud - Le retour du maître Printemps Courvières (Haut-Doubs) dimanche 22 mars 2015 FJ Haydn Oratorio de la "Création" : partie 2, scène 1 cinquième jour en anglais... Pour regarder et écouter, Pour regarder et écouter, ou cliquez [ici] Paysage Je veux, pour composer chastement mes
églogues*,
II est doux, à travers les brumes, de voir
naître De mes pensers brûlants une tiède atmosphère. Charles Baudelaire - Les Fleurs du Mal *églogues
: poèmes à caractère "bucolique" Courvières (Haut-Doubs) jeudi 4 juin 2015 WA Mozart Ouverture de la Flûte Enchantée Pour regarder et écouter, ou cliquez [ici] "Par les deux fenêtres qui sont en face de moi, les deux fenêtres qui sont à ma gauche, et les deux fenêtres qui sont à ma droite, je vois, j’entends d’une oreille et de l’autre tomber immensément la pluie. Je pense qu’il est un quart d’heure après midi : autour de moi, tout est lumière et eau. Je porte ma plume à l’encrier, et jouissant de la sécurité de mon emprisonnement, intérieur, aquatique, tel qu’un insecte dans le milieu d’une bulle d’air, j’écris ce poème. Ce n’est point de la bruine qui tombe, ce n’est point une pluie languissante et douteuse. La nue attrape de près la terre et descend sur elle serré et bourru, d’une attaque puissante et profonde. Qu’il fait frais, grenouilles, à oublier, dans l’épaisseur de l’herbe mouillée, la mare ! Il n’est pas à craindre que la pluie cesse ; cela est copieux, cela est satisfaisant. Altéré, mes frères, à qui cette très merveilleuse rasade ne suffirait pas. La terre a disparu, la maison baigne, les arbres submergés ruissellent, le fleuve lui-même qui termine mon horizon comme une mer paraît noyé. Le temps ne me dure pas, et, tendant l’ouïe, non pas au déclenchement d’aucune heure, je médite le ton innombrable et neutre du psaume. Cependant la pluie vers la fin du jour s’interrompt, et tandis que la nue accumulée prépare un plus sombre assaut, telle qu’Iris du sommet du ciel fondait tout droit au cœur des batailles, une noire araignée s’arrête, la tête en bas et suspendue par le derrière au milieu de la fenêtre que j’ai ouverte sur les feuillages et le Nord couleur de brou. Il ne fait plus clair, voici qu’il faut allumer. Je fais aux tempêtes la libation de cette goutte d’encre." Paul
Claudel - La Pluie Courvières (Haut-Doubs) dimanche 25 octobre 2015 A Vivaldi Les quatre saisons - l'Automne Pour regarder et écouter, ou cliquez [ici] "L’air
de
septembre est transparent, le vue porte loin, et
ce qui domine c’est un vif brun montagnard tranché
ça et là par un vol de perdrix, un bouquet de
peupliers dont chaque feuille se dessine, les
fumées d’un village. Aux endroits où l’eau le
permet, des arbres rabougris bordent la route ; on
roule alors sur un tapis de nèfles, de petites
poires jaunies qu’on écrase, qui sentent et dont
l’odeur véhémente suffit à transformer ces
solitudes en campagne. Solitude ? Pas absolument.
On y sent l’homme après la nature, mais une heure
ne passe pas sans qu’on croise un de ces hauts
camions verni comme un jouet en bleu pervenche, en
vert pistache, qui brille dans tout ce brun. Un
paysan sur son âne, une faucille chaude de soleil
sous le bras. Un porc-épic. Ou une troupe de
romanichels koutchi installés sous un saule avec
leurs ours, leurs perruches, deux singes vêtus de
gilets rouges cousus de grelots, tandis que les
femmes – de grandes garces vociférentes –
s’affairent autour d’un feu qui prend mal. On
s’arrête, on s’amuse d’eux autant qu’ils s’amusent
de vous, on repart..." Nicolas
Bouvier - L'Usage du Monde
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